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Il est temps d’avoir une conversation franche

Courrier des lecteurs|01 juin 2024

Il est temps d’avoir une conversation franche

Le premier Sommet national sur le handicap aura lieu le 7 octobre prochain à l’Université Laval, à Québec. (Photo: 123RF)

Un texte de Paul Lupien, président de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec et membre des comités d’administration du Réseau québécois des personnes sourdes et malentendantes et de l’Institut national pour l’équité, l’égalité et l’inclusion des personnes en situation de handicap

COURRIER DES LECTEURS. C’est aujourd’hui que débute la Semaine québécoise des personnes handicapées. C’est une occasion unique pour des organisations telles que la Confédération des personnes handicapées du Québec (COPHAN) et ses quelque 50 organismes membres, de prendre la parole concernant les défis auxquels font face les personnes en situation de handicap (PSH), mais aussi de souligner les gestes qui rendent nos communautés plus inclusives à leur égard. 

De fait, la COPHAN, ses membres et ses partenaires remettront leurs Prix Papillon le 14 juin prochain lors d’une soirée gala. Ces prix visent à souligner les bons coups d’organisations ou d’individus qui œuvrent pour rendre notre société plus inclusive pour les PSH. 

Cet événement tient sa deuxième édition cette année avec le soutien d’organisations importantes comme le Local 1999 du syndicat de Teamsters, la Ville de Québec, AMI-Télé, Cogeco Média, les COOPS de l’information, l’OPHQ et le gouvernement du Québec, notamment.

Les Prix Papillon viennent mettre en évidence les petites et les grandes victoires d’un milieu associatif vivant, efficace et pugnace dont je suis très fier.

Par exemple, on se souviendra que Québec a mis fin aux clauses inéquitables de la loi de la RRQ lors du dernier budget Girard, sur demande d’organismes comme celui que je préside. Il y a aussi le Réseau de transport de la Capitale qui a finalement décidé de conserver le formulaire accessible en ligne pour les personnes sourdes, sur insistance du milieu associatif. 

Un de nos membres, le Comité d’action des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH), continue une tournée pour assurer que les commerces de la ville de Québec soient accessibles. Et n’oublions pas les interventions publiques des leaders du milieu associatif, comme Finautonome, qui rappellent jour après jour sur la place publique qu’une proportion non négligeable des personnes handicapées vivent dans une pauvreté abjecte malgré la PCPH dont je parlais plus haut.

En fait, les gens en situation de handicap en âge de travailler au Canada sont deux fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les personnes qui ne le sont pas. Pour en venir à bout, le Québec devra se donner des objectifs beaucoup plus ambitieux pour rehausser l’inclusion des personnes handicapées sur le marché du travail.

 

Plus de personnes handicapées, moins de financement des OBNL 

Un sondage de Statistique Canada paru en 2023 indique que le nombre de personnes handicapées a augmenté au cours des dernières années. Les types de handicaps aussi. Le vieillissement de la population, les troubles musculosquelettiques, les problèmes de santé liés à la crise environnementale, notamment, sont autant de sources de handicaps ou de limitations fonctionnelles importantes. Le nombre de dossiers que le milieu associatif traite chaque année est en progression marquée. 

Parallèlement, les différents paliers de gouvernement réduisent le financement des organismes qui donnent des services directs aux personnes handicapées, ou celles qui, comme la Confédération, les défendent sur la scène politique.

Ce sont les raisons pour lesquelles la COPHAN a décidé de crever l’abcès une fois pour toutes. 

Avec nos membres, partenaires et allié·es, nous avons décidé de mettre sur pied le premier Sommet national sur le handicap auquel participeront des sommités provenant de diverses sphères d’activité. Ce grand rassemblement aura lieu le 7 octobre prochain à l’Université Laval, à Québec.

Il est temps de tenir une conversation franche, mais difficile, sur les personnes en situation de handicap. Nous ne pouvons plus nous permettre de détourner le regard de la vulnérabilité et des difficultés auxquelles elles font face. La classe politique, les capitaines d’industrie, les personnes qui œuvrent dans le système de santé, les leaders d’opinion et l’ensemble de la population doivent aussi se mobiliser pour changer les choses avec nous. 

Le slogan «IN/VISIBLE» qui a été choisi pour le Sommet est éloquent. Il caractérise bien ce que nos clientèles vivent chaque jour. 

Bref, il est temps que des vérités inconfortables soient dites afin de poser les gestes réparateurs qui rendront nos communautés véritablement accueillantes pour les personnes en situation de handicap.