Fenplast doit dénicher de la main-d’oeuvre pour répondre à la croissance de la demande. Son président, Jean Marchand et sa directrice des ressources humaines, Marie-Ève Senécal. (Photo: courtoisie)
132% variation 2019 à 2022 du nombre d’employés au Québec
122e au classement des 300 plus grandes entreprises du Québec
SPÉCIAL GRANDES ENTREPRISES. Lorsque Fenplast a décidé de mettre la main sur l’usine de Fenêtres contemporaines, à Drummondville, en novembre 2020, elle l’a fait pour une seule et unique raison: embaucher la douzaine d’employés en poste afin de répondre à une demande sans précédent dans l’industrie de la construction.
« On a cessé la ligne de production déjà en place et on s’est installé pour ne faire que des portes coulissantes dans cette usine-là », raconte le président de Fenplast, Jean Marchand.
Le fabricant québécois de portes et fenêtres dont le siège social est situé à Candiac, sur la Rive-Sud de Montréal, a dû faire preuve de doigté pour changer la vocation de l’usine sans faire fuir les travailleurs. La stratégie a fonctionné. « Quand nous sommes arrivés, tous les employés sont restés », affirme la directrice des ressources humaines, Marie-Ève Senécal.
De la défense à l’attaque
Cette acquisition stratégique est l’une des explications de la croissance récente de Fenplast, qui a plus que doublé son nombre d’employés entre 2019 et 2022. L’entreprise a d’abord agi de manière « défensive » entre 2016 et 2021, en mettant la main sur certains de ses propres clients, c’est-à-dire 15 détaillants spécialisés qui distribuent ses produits.
Elle a ainsi réagi aux avances d’un de ses concurrents, le Groupe Atis, qui courtisait plusieurs gestionnaires de boutique en fin de carrière. « On a dit à nos clients : “Si vous voulez vendre, venez nous voir, on va être là” », raconte Jean Marchand.
De la défense, Fenplast est passée à l’attaque : près d’un an après l’acquisition de Fenêtres contemporaines, elle a acquis les trois usines du Groupe Atis, qui venait de faire faillite. Elle a du même coup pu compter sur environ 300 nouveaux employés.
Tout cela pour faire face à la demande « phénoménale » observée pendant la pandémie, explique son président. En 2019, il fallait compter entre 15 et 25 jours ouvrables pour recevoir une commande. Ce délai est maintenant de 70 à 90 jours ouvrables.
Aujourd’hui, l’entreprise se décline en trois grandes marques: Fenplast, qui dessert les particuliers, Altek, qui est destinée aux entrepreneurs en construction neuve, et Fenêtres Lajeunesse, qui répond notamment aux besoins des centres de matériaux de construction.
« Chacune des marques a un marché bien précis et une équipe de gestion qui sait quel client servir et comment le servir », précise Jean Marchand.
Aller là où les employés se trouvent
L’entreprise se retrouve aujourd’hui face à un «beau problème», souligne Marie-Ève Senécal: dénicher de la main-d’œuvre pour répondre à la croissance de la demande, au moment où tous les employeurs industriels s’arrachent les mêmes travailleurs.
Si les acquisitions récentes ont permis de faire des gains, les besoins sont encore criants. « Habituellement, on embauchait environ 30 employés de production par année. Au cours des deux ou trois dernières années, on est passé à 100 embauches par année », calcule-t-elle. Mais ce n’est pas suffisant. « Des employés, on en prendrait 100 de plus demain matin », lance le président.
Fenplast a tenté d’attirer des candidats avec des campagnes de publicité. Elle accueille désormais des travailleurs de tous les horizons, parfois du secteur de la santé ou de la restauration — y compris gens qui n’ont « jamais touché à une perceuse de leur vie », fait remarquer la directrice des ressources humaines —, et les forme en usine.
Ces efforts n’empêchent cependant pas certains employés de quitter leur emploi après un certain temps ou de partir à la retraite. « On réfléchit encore à des acquisitions seulement pour la main-d’œuvre, admet Jean Marchand. L’étape suivante, c’est d’aller fabriquer nos produits à l’international. Si on ne peut pas attirer la main-d’œuvre, il faudra se rendre où la main-d’œuvre se trouve. »
Qui sait ? Après Candiac, Saint-Joseph-de-Beauce et Saint-Apollinaire, Fenplast se verra peut-être dans l’obligation d’établir une usine… au Mexique.