«Il y a deux ans, alors que nous nous rendions à une collecte de fonds au centre-ville de Montréal, nous avons vu l'affiche "à louer" par pur hasard. Nous y avons vu instantanément une belle occasion de prendre de l'expansion», selon Habib Haddad, pharmacien et entrepreneur. (Photo: courtoisie)
SPÉCIAL PME. En affaires, vaut mieux être en mode prévision que réaction. Réagir aux occasions peut toutefois se révéler payant, comme le montre le parcours de certaines PME.
Un outil conçu sur le terrain
Si vous n’êtes pas un athlète professionnel ou un amateur de haut niveau, l’entreprise Apexk, de Saint-Bruno-de-Montarville, ne vous est probablement pas familier. Depuis sa création, en 2011, cette PME propose une technologie révolutionnaire brevetée d’entraînement cérébral qui s’adresse principalement aux athlètes accomplis. La première du genre au monde.
Conçu par le docteur en neurosciences et ex-joueur de soccer élite David Tinjust, cet appareil permet aux athlètes d’améliorer leur temps de réaction, notamment au hockey, au football, au basketball ou encore dans une arène. «Toutefois, en effectuant des tests sur divers plateaux d’entraînement, M. Tinjust a remarqué que l’outil de stimulation aidait non seulement les athlètes à être plus réactifs dans l’action, mais aussi qu’il pouvait aider les athlètes ayant subi une commotion cérébrale à mieux retrouver leurs repères. De là est né le projet pilote de vouloir commercialiser l’outil à un plus vaste public, notamment auprès des cliniques de réadaptation d’ici et d’ailleurs», explique Paul Juhos, chef de la direction chez Apexk. Celui-ci a justement joint M. Tinjust il y a un an pour diriger le nouvel envol que prend l’entreprise.
La technique mise au point par Apexk ne traite pas tous les cas de commotion cérébrale, avertit M. Juhos. Il peut néanmoins contribuer à la réadaptation des personnes qui souffrent d’un syndrome postcommotionnel chronique. «Il faut savoir que plus de 50 % des commotions cérébrales surviennent ailleurs que sur les plateaux sportifs et qu’une personne sur cinq pourrait souffrir de symptômes persistants», précise-t-il. Apexk devrait entamer la commercialisation officielle d’ici le début de l’année 2020.
Saisir l’occasion
Habib Haddad et Gabriel Torani ne sont pas que de simples pharmaciens montréalais indépendants. Ils se démarquent par les occasions qu’ils ont su saisir depuis qu’ils se sont lancés en affaires, en 2011. La dernière en lice : leur déménagement, en avril dernier, sur le boulevard Décarie, tout à côté du controversé projet Royalmount, ce futur mégacomplexe commercial et résidentiel dont les premiers développements ne sont pas prévus avant deux ans.
«Gabriel et moi cherchions un nouveau local beaucoup plus grand que ce que nous avions sur la rue des Nations, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Il y a deux ans, alors que nous nous rendions à une collecte de fonds au centre-ville, nous avons vu l’affiche « à louer » par pur hasard. Nous y avons vu instantanément une belle occasion de prendre de l’expansion», raconte M. Haddad.
Il faut dire que les deux pharmaciens bénéficient désormais d’un espace de 7 000 pieds carrés, soit sept fois plus grand que leur ancienne adresse. «Notre nouveau local sur Décarie nous a permis d’aménager un laboratoire stérile de près de 2 000 pieds carrés qui nous permet de préparer des médicaments pour des maladies auto-immunes, des maladies rares, et pour traiter plusieurs cancers, énumère M. Haddad. Ces médicaments plus difficiles d’accès demandent un suivi et des explications particulières. Il s’agit d’une expertise, une belle occasion que nous avons su développer au cours des huit dernières années.»
Leur nouvel emplacement dispose d’ailleurs d’un quai de chargement qui facilite les livraisons à destination des centres hospitaliers et des patients d’un peu partout au Québec qui doivent se procurer de tels remèdes.
Des regrets de s’être expatrié dans un secteur qui est pour l’instant bien peu développé ? Aucun, assure le pharmacien. «C’est un fait, en regardant autour de nous actuellement, on se croirait sur Mars, concède-t-il. Mais grâce à ce déménagement, notre entreprise de plus de 40 employés devrait enregistrer une croissance de revenus de près de 20 %.»