Le président américain sortant Donald Trump et le candidat démocrate à la présidence Joe Biden (photo: Getty Images, montage: Les Affaires)
Peu importe qui de Donald Trump ou de Joe Biden remportera la course à la Maison-Blanche, l’industrie du bois d’oeuvre ne doit pas s’attendre à un changement de cap majeur dans la politique des États-Unis, qui continueront sans doute d’imposer à l’avenir des tarifs sur les importations canadiennes comme ils le font depuis 40 ans.
Michel Vincent, directeur économie et marché au Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), rappelle que nous vivons le cinquième conflit du bois d’œuvre, et que ce dernier a débuté le 25 novembre 2016, alors que le président Barack Obama dirigeait encore le pays jusqu’à l’assermentation de Donald Trump, le 20 janvier 2017.
«Comme nous avons une majorité de terres publiques au Québec, les Américains affirment que notre industrie est subventionnée. Or, c’est faux», dit-il, en soulignant que le régime québécois comprend des mécanismes de marché pour fixer les prix.
Le 24 août, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a d’ailleurs rendu une décision favorable à Ottawa dans le litige qui l’oppose à Washington. Elle a conclu que l’imposition de tarifs sur les importations canadiennes par le département américain du Commerce «ne repose sur aucune base motivée et adéquate».
Malgré cette décision favorable de l’OMC (à ce jour, toutes les décisions de l’organisme ont été favorables au Canada, selon le CIFQ), une éventuelle administration Biden ne devrait pas faire de cadeaux aux exportateurs canadiens, du moins si l’on se fie à l’histoire de ce conflit commercial, qui débute toujours par une plainte de l’industrie américaine.
En 1982 et 1986, l’administration républicaine de Ronald Reagan (1981-1989) a successivement déclenché les deux premières procédures (Lumber 1 et Lumber 2, comme on dit dans l’industrie) contre le Canada.
Lumber 3 a débuté en 1991 sous l’administration républicaine de George Bush père (1989-1993), tandis que son fils, le républicain George W. Bush (2001-2009), a lancé la première salve pour Lumber 4, en 2002.
Lumber 5 (le présent conflit) a quant à lui débuté officiellement le 25 novembre 2016, quand une coalition de producteurs américains de bois d’œuvre a porté plainte contre l’industrie canadienne, l’accusant encore d’être subventionnée.
Depuis 40 ans, les conflits ont pris fin grâce à des ententes négociées, mais toujours limitées dans le temps entre Ottawa et Washington, qui encadrent ou limitent les exportations canadiennes.
En attendant la prochaine plainte de l’industrie américaine une fois l’entente venue à échéance, ce qui rend donc probable le déclenchement d’un sixième conflit du bois d’œuvre (Lumber 6) dans les prochaines années, voire décennies.