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Les É.-U. ont perdu une bataille importante en Asie-Pacifique

François Normand|Publié le 09 Décembre 2021

Les É.-U. ont perdu une bataille importante en Asie-Pacifique

D'un point de vue commercial, Washington laisse le champ libre à la Chine en Asie-Pacifique depuis les administrations Trump et Biden. (illustration: 123RF)

ANALYSE. Les Américains dorment-ils au gaz en Asie-Pacifique en matière de commerce? Le 1er janvier, le plus important accord de libre-échange au monde y entrera en vigueur sous le leadership de la Chine communiste, car Washington s’entête à laisser le champ libre à Pékin dans la région depuis les administrations Trump et Biden.

Ainsi, au début de 2022, le Regional Comprehensive Economic Partnerhip (RCEP) encadrera le commerce de 15 pays de l’Asie-Pacifique, soit l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Brunéi, la Malaisie, Singapour, le Vietnam, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Birmanie, les Philippines, la Thaïlande, la Corée du Sud ainsi que la Chine.

Amorcées au début des années 2010, les négociations pour conclure cet accord ont d’abord inclus l’Inde. Ce pays de 1,4 milliard d’habitants (la cinquième économie mondiale) s’est finalement retiré des pourparlers à la fin de 2019, pavant la voie à la conclusion de l’accord, le 15 novembre 2020.

Ce vaste marché qui gravitera autour de l’économie chinoise regroupera près du tiers du PIB de la planète, 53% des exportations mondiales et 2,3 milliards de personnes, souligne le magazine américain Barron’s, une publication sœur du Wall Street Journal.

 

Le Regional Comprehensive Economic Partnerhip (RCEP) regroupe près du tiers du PIB de la planète et 2,3 milliards de personnes. (illustralion: Tiger 7253 / CC)

Le RCEP surpasse en importance l’autre grande zone de libre-échange en Asie-Pacifique, l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP, connu auparavant sous le nom de Partenariat transpacifique), entré en vigueur en décembre 2018.

Le Canada y participe, mais les États-Unis s’en sont retirés en 2017, quand l’administration Trump a pris le pouvoir à Washington. Et, pour l’instant, l’administration Biden n’a pas manifesté la volonté que les États-Unis réintègrent le PTPGP.

Signé en 2015, le Partenariat transpacifique était la pièce maîtresse un pivot américain dans le Pacifique. Ce projet de l’administration Obama –dont Joe Biden était le vice-président– visait à contenir la Chine et à assurer l’hégémonie américaine en Asie-Pacifique.

Le PTPGP regroupe actuellement 11 pays. Outre le Canada, il comprend l’Australie, le Japon, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, Singapour, le Vietnam, Brunéi, le Chili, la Malaisie et le Pérou.

Cette zone de libre-échange forme un bloc commercial de 500 millions de personnes, qui représente 13,5% du PIB mondial (le pourcentage des exportations mondiales des 10 pays ne semble pas disponible), selon le gouvernement canadien.

 

L’impact du RCEP sur le Canada

Le RCEP n’est pas seulement un accord de libre-échange; c’est aussi un accord transformationnel sur le plan géopolitique.

En étant la principale économie du bloc et le plus grand ou deuxième partenaire commercial de chaque membre du RCEP, la Chine aura une influence majeure dans l’établissement des futures normes et réglementations en Asie-Pacifique.

Aussi, dans les années à venir, les entreprises (incluant les Canadiennes) actives dans ces 15 pays sont susceptibles d’êtres de plus en plus soumises à des règles chinoises, et ce, aussi bien pour la vente de biens que de services.

Ces normes risques d’être différentes de celles auxquelles les entreprises canadiennes sont généralement habituées dans pays démocratiques dotés d’un État de droit.