La technologie s’ancre solidement au District Central
SDC DISTRICT CENTRAL|Mis à jour le 12 juin 2024Quartier en pleine métamorphose, le District Central peut s’appuyer sur un solide réseau de quelque 1 800 entreprises rassemblées autour de 3 pôles d’affaires : design, manufacture urbaine et technologie. L’une d’elle, AON3D, a investi le marché de l’impression 3D en concevant des machines capables de fabriquer des thermoplastiques très performants.
Jadis tourné vers le textile, le District Central est en train d’écrire une nouvelle page de sa riche histoire. Ce quartier d’Ahuntsic-Cartierville en plein renouveau a axé son développement autour de 3 pôles d’affaires : la manufacture urbaine, le design et la technologie. C’est ce dernier créneau qu’a investi AON3D en 2015, sous l’impulsion de Kevin Han, Andrew Walker et Randeep Singh, trois ingénieurs passés par l’Université McGill avant de se lancer dans le monde des affaires. Leur spécialité ? Les matériaux de pointe, plus précisément les thermoplastiques. Ils ont pour nom PEEK, ULTEM, Nylon ou encore Polycarbonate, et font le bonheur de l’aéronautique, l’industrie automobile ou encore le monde médical, très friands de ces composants ultras performants reconnus notamment pour leur résistance aux températures élevées. Un secteur pris à bras-le-corps par la compagnie montréalaise, bien décidée à imprimer sa marque dans le middle market en s’appuyant sur son expertise en matériaux d’ingénierie de pointe. Cet atout de taille a déjà séduit de nombreux clients à travers la planète (Canada, États-Unis, Chine, Australie, Europe), dont des marques prestigieuses comme la NASA ou Blue Origin, la société créée par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon. Le Conseil national de recherches du Canada (CRNC) et l’armée américaine, notamment la marine, figurent aussi parmi ses acheteurs.
Le B2B privilégié
AON3D conçoit et fabrique des imprimantes 3D industrielles haute température capables de reproduire des plastiques très performants, avec un plateau chauffant pouvant aller jusqu’à 200°C. Outre sa capacité à imprimer ces matières très recherchées, ces machines de la taille d’un mini frigidaire se démarquent par leur important volume d’impression (454x454x640 mm). Elles sont essentiellement destinées à des professionnels, le grand public ne faisant pas partie du plan marketing de cette PME de 34 salariés, dont la dernière création – la AON-M2 – se vend aux alentours de 50 000$US, dixit Matthew Smith, chef des opérations, lui aussi issu des rangs de McGill. Difficilement abordable pour un particulier.
Plus tard, l’entreprise n’écarte pas la possibilité de faire appel à des sous-traitants pour la fabrication de certaines pièces. L’assemblage des machines continuera pour sa part à se faire à Montréal, avec l’impérieux contrôle qualité qui en découle, mené avec une extrême rigueur. Une étape cruciale dont dépend l’avenir et la réputation de Kevin Han et son équipe dans un milieu [celui de l’impression des thermoplastiques] où la concurrence pourrait devenir plus coriace à l’avenir.
AON3D sur sa lancée
Depuis son arrivée dans le District Central, AON3D a connu une ascension fulgurante, profitant des loyers avantageux et des superficies intéressantes offertes par ce quartier revigoré. Et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « On aimerait doubler notre espace d’ici le 1er janvier 2020, et augmenter progressivement nos effectifs et nos volumes de production », indique Matthew Smith. Des pourparlers ont été entamés avec des revendeurs à l’étranger, notamment en Asie et en Europe, pour occuper davantage la scène internationale. Une nouvelle imprimante 3D est par ailleurs en cours de développement, pour une sortie attendue l’an prochain.
AON3D envisage de doper ses imprimantes 3D avec de l’intelligence artificielle, autre secteur en pleine explosion appelé à révolutionner notre futur, même si, à l’instar de la fabrication additive, il est encore trop tôt pour savoir dans quelles proportions. L’univers de l’impression 3D ouvre quoi qu’il en soit d’infinités possibilités en même temps qu’il soulève de nombreuses questions, à commencer par la responsabilité civile, sa réglementation ou encore le respect de la propriété intellectuelle.
Chose certaine, ce marché aussi prometteur que lucratif semble avoir de beaux jours devant lui dans le quartier du District Central, bien décidé à l’accompagner dans son développement. Ce n’est en tout cas ni la place ni la motivation qui manque pour agrandir la famille technologique sur son territoire !