L'an dernier, QuébecInnove a reçu quelque 400 projets d'entreprises, ce qui a mené à plus de 1000 référencement vers des experts. (Photo: 123RF)
TRANSFORMATION NUMÉRIQUE. La création prochaine par Québec d’un nouvel organisme de valorisation de la recherche publique place la recherche et développement (R et D) au centre de la nécessaire transformation numérique des entreprises. Qu’elle soit issue du secteur public ou privé, la R et D est à la base des technologies de pointe dont nous dépendrons dans l’avenir.
Avis aux entrepreneurs qui veulent prendre le virage numérique, mais qui manquent d’outils pour y parvenir : vous n’êtes pas laissés à vous-mêmes. Derrière les murs des universités, des cégeps et des centres de recherche du Québec se trouve une expertise de pointe qui pourrait vous aider à atteindre vos objectifs. Il suffit de savoir à quelle porte cogner.
En juillet dernier, le gouvernement du Québec a annoncé la création d’un nouvel organisme de valorisation de la recherche publique, dont l’objectif sera notamment d’accroître le transfert technologique allant des chercheurs vers les entreprises, ainsi que de commercialiser les innovations issues des laboratoires de la province.
Cet organisme, qui devrait être opérationnel au printemps prochain, remplacera les actuelles sociétés de valorisation universitaires que sont Aligo Innovation, Sovar et Univalor. «Ce nouveau modèle deviendra l’un des outils qui favoriseront le rapprochement entre le milieu de l’enseignement et de la recherche ainsi que celui des affaires», a souligné le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, au moment d’annoncer sa création.
Ces services seront accessibles à tous les acteurs de la recherche publique – universités, centres de recherche, centres hospitaliers et centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) -, et non plus seulement aux universités.
Trouver des «preneurs de technologie»
«Le gouvernement a décidé de créer une grande société consolidée, plus puissante, plus solide, mieux financée, avec plus de ressources et de profondeur, afin d’être en mesure de mieux trouver des preneurs de technologie et de mieux accompagner les chercheurs», explique Luc Sirois, conseiller stratégique du gouvernement dans l’implantation du nouveau modèle de valorisation de la recherche publique.
«La valorisation, c’est de trouver des entreprises qui pourront commercialiser les résultats, les découvertes ou les inventions de la recherche publique, ou encore de créer des entreprises qui pourront le faire», ajoute celui qui est également directeur général de Prompt, l’un des neuf regroupements sectoriels de recherche industrielle du Québec.
Une percée en intelligence artificielle ou en technologie de l’information peut par exemple permettre d’automatiser la production d’une usine d’ici, tandis qu’une «innovation sociale» peut guider l’implantation d’une nouvelle technologie, énumère Luc Sirois. «Car si on invente une nouvelle façon de surveiller des personnes âgées à la maison pour leur permettre de vieillir en santé, il ne faut pas seulement inventer le bidule. Il faut s’assurer de prendre en compte les besoins de la société.»
Écosystème méconnu
Le nouvel organisme de valorisation de la recherche publique se greffera à un écosystème complexe et souvent méconnu d’organismes qui tentent de lier chercheurs et entreprises du Québec, au bénéfice des uns et des autres.
En première ligne se trouve QuébecInnove, un organisme à but non lucratif mis sur pied par le gouvernement du Québec afin d’aiguiller les entreprises qui ont des projets d’innovation vers quelque 14 000 chercheurs et experts provenant de tous les types d’établissements.
«Le défi des entreprises qui veulent innover, c’est de trouver le bon joueur pour les aider», soutient sa PDG, Isabelle Foisy. Son équipe s’affaire donc à orienter les petites, moyennes et grandes entreprises vers le ou les chercheurs avec qui une collaboration pourrait être mutuellement bénéfique.
L’an dernier, QuébecInnove a reçu quelque 400 projets d’entreprises, ce qui a mené à plus de 1000 référencements vers des chercheurs ou des experts. La demande est 50 % plus élevée cette année, particulièrement en raison de la COVID-19. «On a été très occupés depuis le mois de mars parce que les entreprises avaient des besoins urgents. Je pense que la collaboration a été exacerbée», constate Isabelle Foisy. Elle précise que le tiers des demandes récentes touche le secteur des technologies de l’information.
Saisir les occasions de collaboration
«On sent l’effervescence des entreprises qui veulent utiliser la situation actuelle pour se repositionner. Il y a de nouvelles occasions de marché, et elles veulent les saisir», acquiesce Marie Gagné, PDG de Synchronex, l’organisme qui regroupe les 59 CCTT du Québec.
L’idée des CCTT est née il y a 37 ans du besoin de fournir une expertise technique et scientifique locale à l’usine de Bombardier à La Pocatière. Depuis, chaque centre a développé sa spécialité et collabore avec des entreprises pour développer des projets d’innovation en microélectronique, en production automatisée, en cybersécurité ou en biotechnologie, entre autres.
«La crise a provoqué des collaborations entre des joueurs qui n’auraient peut-être pas pensé travailler ensemble», remarque Isabelle Foisy, en faisant référence aux entreprises de mode qui ont fabriqué des masques de protection ou aux distilleries qui se sont lancées dans la production de désinfectant pour les mains. Une fois la crise passée, «il ne faudra pas oublier de continuer à collaborer», souligne-t-elle.