«Les gens qui gèrent le programme vont regarder les bénéfices, les coûts et les risques d’un projet, mais ils vont aussi se dire “Si je fournis la subvention, est-ce que je pense que ça va répondre à un vrai besoin ?” », dit Julien Lassonde, associé chez PwC Canada et leader R-D et incitatifs pour le Québec. (Photo: courtoisie)
Étape 1 de la transformation numérique: diagnostiquer.
Avant de commencer sa transformation numérique, et avant même de faire un plan, il serait peut-être avantageux de faire un diagnostic de son degré de maturité numérique : pourquoi le faire, comment se lancer, qui offre du soutien ?
Faire un audit est utile parce qu’il permet de mieux prendre conscience de sa situation et de savoir où l’on en est quant à sa maturité, explique Julien Lassonde, associé chez PwC Canada et leader R-D et incitatifs pour le Québec. Même si l’on sait déjà pertinemment que nous avons besoin de nous mettre à jour, et même si nous savons ce que devons faire pour y arriver, il pourrait quand même être avantageux de faire un audit, ne serait-ce que pour être admissible aux programmes d’aide.
«Plusieurs programmes d’investissement qui soutiennent la transformation vont nécessiter une forme d’audit, d’analyse préliminaire du besoin», dit-il. Bien que cela puisse, dans certains cas, se faire à l’interne, et même être non obligatoire, il est quand même avantageux d’entreprendre une démarche plus formelle avec des experts externes. «Les gens qui gèrent le programme vont regarder les bénéfices, les coûts et les risques d’un projet, mais ils vont aussi se dire « Si je fournis la subvention, est-ce que je pense que ça va répondre à un vrai besoin ? »«
Faire un audit, et un audit plus sérieux de surcroît, augmente donc notre degré de crédibilité, et met toutes les chances de notre côté.
Le plus connu : Audit industrie 4.0
Quelques programmes différents peuvent aider les entreprises à faire leur audit. Un des mieux connus est le programme Audit industrie 4.0. Selon les renseignements fournis à Les Affaires par le ministère de l’Économie et de l’Innovation, le programme comporte deux volets depuis janvier 2020. Si le nom du programme laisse entendre que celui-ci n’est accessible qu’aux entreprises des secteurs manufacturiers, ce sont en réalité les entreprises de tous les secteurs d’activité qui y sont admissibles, y compris les coopératives et les entreprises d’économie sociale.
Le premier volet vise la réalisation d’un diagnostic et d’un plan numérique, et peut faire l’objet d’une aide financière sous la forme d’une contribution non remboursable représentant jusqu’à 80 % des dépenses admissibles du projet, pour un maximum de 20 000 $. Il vise à valider ses orientations stratégiques et opérationnelles, à définir et à décrire ses processus d’affaires pour les arrimer avec ces orientations, ainsi qu’à analyser et à évaluer son indice de maturité numérique globale. Un rapport contenant un plan numérique est ensuite produit en fonction de ces informations.
Le second volet concerne le plan de la mise en oeuvre ainsi que la sélection des solutions et la planification de la gestion de changement liée aux projets numériques priorisés. Il permet de déterminer les projets prioritaires selon ses capacités et de planifier la gestion du changement du point de vue autant opérationnel qu’humain. Ce volet peut aussi faire l’objet d’une aide financière. Celle-ci prend la forme d’une contribution non remboursable représentant jusqu’à 50 % des dépenses admissibles du projet, jusqu’à un maximum de 10 000 $.
Pour les entreprises qui ne sont pas encore prêtes à entamer un tel processus, il existe aussi l’Autodiagnostic ADN 4.0. Il s’agit d’un questionnaire en ligne, accessible par clicSÉQUR, qui permet aux entreprises d’obtenir un premier indice de leur maturité numérique.
Se tourner vers les consultants
Qui d’autre peut nous aider à faire un audit ? Plusieurs entreprises offrent des services de diagnostic. Il faut simplement s’assurer de faire un choix qui tient compte de nos besoins autant que de nos moyens financiers, explique Alexandre Moïse, professeur à l’école de gestion de l’Université de Sherbrooke et responsable de la concentration en gestion des technologies d’affaires du programme de BAA.
«Il existe une panoplie de consultants, dit-il. Quand je travaillais chez Alithya et PwC, par exemple, nous faisions des diagnostics pour des clients dans des secteurs aussi variés que les services financiers, la santé et l’administration municipale.» Il est toutefois important de réaliser que chaque consultant favorise une démarche particulière, que certaines auront une démarche plus complète, et d’autres, plus restreinte. «Les Big Four (Deloitte, EY, KPMG et PwC), par ailleurs, de même que les grandes entreprises spécialisées en technologies, auront une plus grande crédibilité, mais coûteront plus cher, dit Alexandre Moïse. Si vos moyens sont plus limités, une petite firme peut parfois faire un tout aussi bon travail.»
Au final, quel que soit le choix de la stratégie d’audit, le plus important est peut-être de ne pas sauter cette étape. Car si nous ne soulevons pas le bon problème, nous aurons bien de la difficulté à élaborer une solution adéquate, conclut le professeur. «On risquerait alors de se retrouver avec une Porsche pour faire l’épicerie.»