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Réussir sa transformation numérique: «Un état d’esprit»

Claudine Hébert|Publié le 03 septembre 2021

Réussir sa transformation numérique: «Un état d’esprit»

(Photo: Jonathan Farber pour Unsplash)

ÉVÉNEMENT LES AFFAIRES. «Souhaiter prendre un virage automatisé et numérique au sein de son entreprise, c’est comme vouloir perdre du poids. Ça a l’air simple en théorie, mais en pratique, c’est loin d’être facile.»

Ce commentaire de Simon Chapleau, vice-président de la transformation numérique au sein du Groupe Filgo-Sonic, reflète, ces temps-ci, l’état d’âme de nombreux gestionnaires qui veulent accélérer leurs stratégies numériques. D’abord pour assurer leur croissance, mais surtout pour contrer la pénurie de main-d’œuvre qui se fait de plus en plus insistante.

La transformation numérique sera justement le sujet vedette du prochain rendez-vous Connexion, présenté par les Événements Les Affaires du 28 au 30 septembre prochain. Plus d’une cinquantaine de conférenciers aborderont cette thématique de l’heure pendant les trois jours de l’événement qui se tiendra en mode virtuel.

 

 

Obstacle numéro un: gérer le changement

Avant de se joindre à l’équipe du distributeur d’énergies situé en Beauce, Simon Chapleau a dirigé une vaste transformation numérique chez Solmax, le fabricant mondial de membranes géosynthétiques, à Varennes. «Entamée il y a quatre ans, cette transformation avait pour objectif de consolider nos acquisitions aux États-Unis, en Allemagne ainsi que sur le continent asiatique. Nous souhaitions également utiliser cette technologie pour aider à la croissance de l’entreprise qui compte aujourd’hui 3500 employés», explique-t-il.

Le plus grand obstacle, avertit-il, a été de composer avec la gestion du changement. «Modifier de vieilles pratiques établies au sein de l’ensemble de nos usines alors que la production n’a jamais cessé de se poursuivre a constitué un défi colossal. Mais nous avions un avantage: nos employés étaient conscients des insatisfactions ressenties par la clientèle. Et de pouvoir mettre nos clients comme principal élément de motivation de nos actions nous a permis de réussir», explique cet expert qui compte plus de quinze ans en transformation numérique.

 

Persuader les employés

Un avis que partage Russel Tremblay qui a relevé, au cours des quatre dernières années, divers mandats à l’Institut technologique de la maintenance industrielle (ITMI), au Cégep de Sept-Îles. Un passage qui lui a permis de prendre part à des dizaines d’implantations de transformation numérique dans les entreprises du Québec, notamment une usine spécialisée dans la fabrication de pièces sur mesure.

«Du matin au soir, la trentaine d’employés franchissaient au moins une dizaine de fois plus de 50 mètres aller-retour dans l’usine pour consulter le dirigeant sur les procédures de fabrication. Nous avons suggéré à l’entrepreneur d’installer des tablettes de style iPad à tous les postes de travail névralgiques. Sur le coup, plusieurs employés ont rejeté cette solution, prétextant que ces gadgets se briseraient rapidement dans leur environnement de travail. Après argumentations et démonstrations, des tablettes contenant plus de 90 % des informations régulièrement demandées ont finalement été installées», raconte Russel Tremblay. 

En fait, ajoute cet expert, cette nouvelle technologie faisait craindre aux employés d’éventuelles pertes d’emploi. «Il faut donc bien prendre le temps de leur expliquer que ces stratégies servent au contraire à valoriser leurs tâches.»

 

En avez-vous réellement besoin?  

Par ailleurs, Russel Tremblay estime que la principale erreur de nombreux dirigeants, quelle que soit la taille de leur entreprise, est de croire qu’ils ont absolument besoin de cette technologie. «Le 4.0, c’est avant tout une stratégie numérique qui aide à valoriser le flux d’informations contribuant à améliorer les opérations. Il faut que cette transformation en vaille le coût», soulève Russel Tremblay, aujourd’hui directeur du développement économique à la ville de Sept-Îles.

À ce propos, de récents sondages sur la transformation numérique soutiennent qu’au moins la moitié des entreprises ayant introduit cette technologie au sein de ses unités échouent. «Et plus de 30% de celles qui disent réussir avouent qu’il s’agit, en fait, d’un demi-succès faute de pouvoir valoriser le flux d’information généré», signale l’ex-dirigeant du ITMI.

 

Cible par cible

Afin de mettre toutes les chances de leur côté, Patrick Saint-Hilaire et Jean-Sébastien Pascal, recommandent aux entreprises d’implanter la transformation numérique à petits pas. Ces deux experts en la matière, qui s’apprêtent à lancer une firme de consultation cet automne, suggèrent fortement aux organisations d’instaurer cette technologie cible par cible et non sous forme d’un chantier majeur.

Ces deux experts tiennent également à souligner que la clé du succès repose avant tout sur la façon de voir la transformation numérique. «Cette technologie ne constitue pas un projet ayant un début et une fin, avisent-ils. C’est avant tout un état d’esprit, une vision d’entreprise qu’il faudra entretenir au quotidien, et ce, avec tous les défis que cela comporte.»