La recherche et développement en mode collaboratif permet aux entreprises de gagner du temps en bénéficiant d'une expertise de pointe pour répondre à un besoin précis. (Photo: 123RF)
TRANSFORMATION NUMÉRIQUE. La recherche collaborative a le potentiel d’accélérer la transformation numérique des entreprises et d’augmenter leur profitabilité. Encore faut-il savoir qu’elle existe.
En analysant la performance des centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) entre 2011 et 2017, Québec a par exemple conclu que les entreprises ayant fait appel à l’expertise des CCTT ont généré près de 880 millions de dollars (M $) en ventes supplémentaires.
Une étude de KPMG commandée par la Fédération des cégeps et le réseau des CCTT a par ailleurs estimé que les entreprises clientes de ces mêmes centres ont vu leur profitabilité augmenter de 472 M $ au cours de la période allant de 2007 à 2011.
C’est que, selon les experts du milieu de la recherche et les entrepreneurs interrogés par Les Affaires, la recherche et développement en mode collaboratif permet aux entreprises de gagner du temps en bénéficiant d’une expertise de pointe pour répondre à un besoin précis et de sortir des sentiers battus. «Des entreprises arrivent à faire mieux, plus rapidement et à moindres coûts grâce à l’aide de la recherche publique», résume Luc Sirois, directeur général de Prompt, l’un des neuf regroupements sectoriels de recherche industrielle du Québec.
Plusieurs avantages
«Dans un domaine en particulier, les entreprises n’ont pas toujours les spécialistes à l’interne, donc elles viennent utiliser nos ressources de manière sporadique, quand un projet se présente», explique le directeur général du Centre d’innovation en microélectronique du Québec, Michel Chabot.
Son organisme a par exemple collaboré pendant près de 30 ans avec Micro Thermo, une entreprise spécialisée dans les technologies de contrôle des systèmes de réfrigération. Pour Serge Cloutier, ancien vice-président à la recherche et au développement de l’entreprise, les avantages de cette collaboration ont été doubles. «Ça nous a permis de faire une veille technologique que nous ne pouvions pas assumer à l’interne. On a aussi pu mener des projets exploratoires en réduisant les risques financiers, note-t-il. Ça a été utile parce qu’en recherche et développement, il y a toujours de l’incertitude.»
«On fait des essais-erreurs, mais des essais-erreurs intelligents», souligne pour sa part le directeur du centre de recherche appliquée en optique-photonique Optech, Denis Lafrance. Son CCTT a notamment collaboré avec Technologies GRB sur un projet de boutons d’ascenseurs qui s’autostérilisent à l’aide de rayons ultraviolets. «L’entreprise avait commencé à faire des essais et cherchait quelqu’un pour tester ses concepts. Il fallait mettre la technologie à l’épreuve dans la vie réelle.»
Éducation à faire
Les avantages potentiels de la recherche et développement en mode collaboratif sont cependant aussi grands que méconnus. «Innover, dépenser de l’argent pour faire de la recherche et du développement, ce n’est pas un réflexe répandu, et savoir qu’on peut le faire avec le secteur public, encore moins», déplore Luc Sirois.
Un sondage réalisé à l’automne 2019 pour le compte de l’organisme QuébecInnove révèle que plus de la moitié des 800 PME de 25 à 250 employés interrogées n’ont rien dépensé en recherche et développement l’année précédente. Parmi celles qui ont lancé un projet d’innovation, plus de 50 % ont choisi de le réaliser exclusivement à l’interne.
Plus frappant encore, la moitié des entreprises sondées ne savent pas qu’il existe des organismes de recherche collaborative pour les accompagner dans leur processus d’innovation. «Les entreprises ne sont pas assez au courant de notre offre de service», tranche Denis Lafrance. «Il y a encore de l’éducation à faire, et je pense que c’est la raison d’être de notre organisme», admet la PDG de QuébecInnove, Isabelle Foisy.