Dans certaines usines, il manque toujours entre 20 et 40% de travailleurs! (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Alors que nous approchons de la fin d’une session parlementaire, qui marquera aussi la dernière session du gouvernement de la CAQ, on constate que plusieurs des grandes décisions de ce gouvernement ont été teintées par la crise qui aura sévi sur plus de la moitié de son mandat.
Autrement dit, la pandémie aura jeté du lest sur la vision et les grands plans envisagés au départ par le gouvernement Legault. D’ailleurs, les entreprises elles-mêmes ont dû réajuster leurs plans stratégiques devenus désuets dès le début de la pandémie!
Depuis mars 2020, les gouvernements ont été obligés de prendre des mesures pour répondre aux besoins immédiats et urgents.
Ils ont été nombreux, que ce soit évidemment pour les soins de santé, les mesures de soutien aux entreprises qui devaient fermer leurs portes, et celles pour aider tous ces travailleurs, tous ces ménages qui se sont retrouvés sans revenu.
Il est important de souligner que l’industrie alimentaire s’est manifestée très rapidement en début de pandémie pour que les gouvernements prennent conscience de la position stratégique cruciale qu’occupe ce secteur dans le maintien de la cohésion sociale: il fallait coûte que coûte préserver la chaîne d’approvisionnement pour alimenter la population du Québec et du Canada.
La pandémie a mis en lumière des enjeux qui n’étaient pas au premier plan avant mars 2020.
Elle a surtout accentué des problématiques telles que la débilitante crise de la main-d’œuvre qui menace notre approvisionnement alimentaire.
Plusieurs d’entreprises de transformation alimentaire sont établies en région. Les difficultés de recrutement y sont accentuées pour diverses raisons (distance, services à la famille, etc.), entraînant du coup des impacts sur la productivité de ces entreprises.
Pénurie de 20% à 40% de travailleurs
Dans certaines usines, il manque toujours entre 20 et 40 % de travailleurs!
Face à l’évidence, les décideurs politiques ont donc pris conscience que le secteur alimentaire devait être soutenu non plus à court et moyen terme, mais bien en planifiant le développement de la filière bioalimentaire au-delà des échéances électorales.
Bref, en donnant aux entrepreneurs les moyens d’évoluer, de faire croître cette productivité et d’entamer un processus de transformation numérique en adoptant un virage 4.0 tout en maximisant les retombées nettes pour le Québec.
Au lieu d’aborder les enjeux uniquement sous l’angle de pénurie de main-d’oeuvre, le bassin de nouveaux travailleurs étant limité, les initiatives gouvernementales récentes, sous l’impulsion de l’industrie, ont ciblé des formations plus spécifiques, plus pointues des employés en place pour augmenter la productivité des entreprises.
Place donc aux outils tels que la robotisation et l’automatisation des processus de fabrication.
Autre annonce concrète d’importance: l’industrie alimentaire avait depuis longtemps alerté les pouvoirs publics sur les impacts du vieillissement de la population sur la disponibilité des employés et réclamait depuis plusieurs années des programmes incitatifs pour régulariser la main-d’œuvre année après année.
Les immenses difficultés de recrutement étranger en temps de pandémie auront stimulé la création d’un front commun pancanadien.
Elles auront aussi permis d’obtenir l’augmentation du pourcentage des travailleurs étrangers temporaires pouvant être embauchés par une entreprise, la limite permise passant maintenant à 20 % de la main-d’œuvre totale présente dans une usine par exemple.
Les résultats espérés ont été au rendez-vous avec les multiples annonces tant du côté du gouvernement fédéral que du gouvernement du Québec.
Par exemple, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec, Jean Boulet, a annoncé début avril la mise en œuvre du Programme de mobilité internationale plus (PMI+), ainsi que l’entrée en vigueur et l’élargissement du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) dès le 24 mai 2022.
Très bonnes nouvelles pour les employeurs du Québec.
Quelques jours plus tard, le gouvernement fédéral annonçait un projet-pilote autorisant l’augmentation temporaire de la limite du nombre de TÉT à 30 % pour les transformateurs alimentaires, ce qui aidera à stabiliser la chaîne d’approvisionnement.
Plus près de nous, les travailleurs d’expérience ¬un bassin de plus de 70 000 travailleurs! – doivent être intéressés à poursuivre leur carrière, et nous devons en plus attirer une relève allumée, jeune et intéressée par des métiers non traditionnels dans une industrie dont l’importance n’a plus à être démontrée.
Ce sont des résultats concrets, dont certains, à courte échéance.
En revanche, le travail n’est pas terminé, loin de là.
Délais majeurs pour les travailleurs étrangers
Les délais de traitement des dossiers des travailleurs étrangers temporaires, entre autres, sont au premier rang des préoccupations actuelles à l’aube de la prochaine saison des récoltes.
Les gouvernements vivent aussi des pénuries de main-d’œuvre!
Le constat est que le secteur alimentaire doit travailler à améliorer sa productivité pour palier à moyen terme au problème de la main-d’œuvre.
Sur ce front, le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec a mis sur pied l’Offensive de transformation numérique (OTN) qui veut encourager tous les secteurs industriels du Québec à revoir leur modèle d’affaires.
Alors que l’imagination des entrepreneurs en alimentaire est sans limite en ce qui a trait au développement de produits, à leur empreinte écologique et au développement durable, la productivité peut être stimulée par l’adoption de processus décisionnels appuyés par l’intelligence artificielle et l’intelligence d’affaires.
La pandémie n’aura pas été que négative!
De nouvelles opportunités et de nouvelles méthodes ont émergé de cette crise.