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Le numérique en renfort en agriculture

Claude Fortin|Édition d'avril 2022

Le numérique en renfort en agriculture

À la Ferme Leutwyler, à Sainte-Brigide-d’Iberville, ce sont désormais des des robots ultramodernes qui assureront la traite des vaches. (Photo: 123RF)

AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE. Les travaux d’agrandissement de la Ferme Leutwyler, à Sainte-Brigide-d’Iberville, en Montérégie, progressent rondement. D’ici quelques semaines, le toit et les murs de l’extension de l’étable seront terminés et la dalle de béton sera coulée. Surtout, si tout se passe comme prévu, en juin, ce seront désormais des robots ultramodernes qui assureront la traite des vaches. 

«La vache va se diriger par elle-même jusqu’au robot de traite», explique Fritz Leutwyler, propriétaire de cette ferme qui compte 80 vaches en lactation — un cheptel qui passera à 120 lorsque les travaux seront terminés. «Un laser va repérer le trayon et le robot va se connecter par lui-même au pis», ajoute celui qui verra l’une des tâches les plus lourdes de sa production s’alléger de manière significative. «Toute cette robotisation va nous permettre d’avoir une meilleure qualité de vie.»

Les services que rendront les robots ne s’arrêtent pas là. Non seulement l’appareil repère le pis de la vache et se connecte à ses trayons, mais il la reconnaît, analyse le lait qu’il en extrait pour ensuite alimenter son historique de production en données, comme la quantité et la qualité journalière de lait, en plus de détecter la présence d’éventuelles infections dont pourrait souffrir l’animal. 

Tout cela permettra à Fritz Leutwyler d’optimiser le rendement de chacune de ses vaches et d’accroître la rentabilité de sa ferme, où travaillent également sa conjointe, ses deux filles et son garçon, tous trois adolescents. «C’est pour eux qu’on investit plus de 1 million de dollars en ce moment, laisse échapper le producteur laitier avec un mélange de fierté et d’émotion. C’est notre relève et on veut que nos enfants puissent vivre de l’agriculture.» 

Un peu plus à l’est, à Saint-Hyacinthe, William Overbeek se tient debout devant un des champs de maïs de l’entreprise familiale, les Fermes Overbeek. Au-dessus de lui, un drone — dont le plan de vol a été entièrement programmé — photographie le champ de long en large, en parfaite autonomie, à l’aide des six caméras multispectrales installées sous son châssis. 

Chaque cliché issu de cette surveillance phytosanitaire est acheminé par Wi-Fi sur la tablette électronique que consulte le jeune producteur en temps réel. Les images affichent des teintes de rouge et de vert, plus ou moins foncées. «L’infrarouge nous en dit beaucoup sur la santé des plantes, explique William Overbeek, qui est aussi doctorant à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal. Ça permet de voir où se trouvent les plantes en moins bonne santé, puis d’intervenir pour savoir si c’est un problème de compaction du sol, une maladie ou un insecte.» Une détection qui permet d’appliquer le bon traitement à l’endroit précis où il est nécessaire, plutôt que dans l’ensemble du champ.

 

Haute technologie et agriculture de précision

L’agriculture ressemble de plus en plus à ça: des robots et des outils intelligents d’aide à la décision existent pour à peu près toutes les situations, aussi bien en production animale que végétale. «C’est devenu excessivement complexe de travailler en agriculture», observe Marc-André Sirard, professeur au Département des sciences animales de l’Université Laval et président du Groupe en intelligence artificielle et bioalimentaire du Québec. «Des gens qui ont fait quatre ans d’études en agronomie, c’est souvent insuffisant pour gérer une entreprise agricole», constate-t-il. 

Même si certains secteurs, comme le lait, les œufs et la volaille profitent de la protection du système de gestion de l’offre, la concurrence internationale, les gains de productivité et les difficultés de recrutement de la main-d’œuvre conditionnent tout de même le fonctionnement de l’ensemble de l’industrie agroalimentaire. Et incitent à sa numérisation. «On voit vraiment arriver un boom de développement technologique», affirme François Châteauneuf, directeur de l’unité d’affaires des ressources durables, de l’agriculture et des infrastructures au centre de recherche INO, à Québec. Celui-ci contribue notamment au développement de l’agriculture de précision, dont l’objectif consiste à s’assurer que chaque action posée est la plus efficace possible afin d’améliorer la profitabilité de la ferme, illustre le directeur. 

La rareté de la main-d’œuvre constitue un problème majeur qui force à trouver des solutions, ajoute son collègue Mario Simard, directeur de l’unité d’affaires manufacturiers avancés à INO. Le centre de recherche est d’ailleurs derrière le développement du robot-cueilleur de brocolis baptisé SAMI 4.0, avec le fabricant Lapalme Agtech, de Varennes. «Nous nous sommes occupés de la portion vision et algorithmes de reconnaissance, destinée à diriger le robot durant la cueillette du brocoli», précise Mario Simard. 

À son avis, l’optique peut rendre d’importants services à l’agriculture et à toute la chaîne de production agroalimentaire. «L’optique permet d’aller chercher une signature très spéciale de ce qu’on recherche, explique-t-il. Ça peut être la teneur en eau, une substance que la plante émet… Quand on est capable d’aller chercher cette information-là, on peut savoir si le fruit ou le légume est prêt et s’il doit être cueilli.»

 

Les travaux d’agrandissement de la ferme Leutwyler, à Sainte-Brigide-d’Iberville, en Montérégie, progressent rondement. D’ici quelques semaines, le toit et les murs de l’extension de l’étable seront terminés et la dalle de béton sera coulée. Surtout, si tout se passe comme prévu, en juin, ce seront désormais des robots ultramodernes qui assureront la traite des vaches. 
«La vache va se diriger par elle-même jusqu’au robot de traite», explique Fritz Leutwyler, propriétaire de cette ferme qui compte 80 vaches en lactation — un cheptel qui passera à 120 lorsque les travaux seront terminés. «Un laser va repérer le trayon et le robot va se connecter par lui-même au pis», ajoute celui qui verra l’une des tâches les plus lourdes de sa production s’alléger de manière significative. «Toute cette robotisation va nous permettre d’avoir une meilleure qualité de vie.»
Les services que rendront les robots ne s’arrêtent pas là. Non seulement l’appareil repère le pis de la vache et se connecte à ses trayons, mais il la reconnaît, analyse le lait qu’il en extrait pour ensuite alimenter son historique de production en données, comme la quantité et la qualité journalière de lait, en plus de détecter la présence d’éventuelles infections dont pourrait souffrir l’animal. 
Tout cela permettra à Fritz Leutwyler d’optimiser le rendement de chacune de ses vaches et d’accroître la rentabilité de sa ferme, où travaillent également sa conjointe, ses deux filles et son garçon, tous trois adolescents. «C’est pour eux qu’on investit plus de 1 million de dollars en ce moment, laisse échapper le producteur laitier avec un mélange de fierté et d’émotion. C’est notre relève et on veut que nos enfants puissent vivre de l’agriculture.» 
Un peu plus à l’est, à Saint-Hyacinthe, William Overbeek se tient debout devant un des champs de maïs de l’entreprise familiale, les Fermes Overbeek. Au-dessus de lui, un drone — dont le plan de vol a été entièrement programmé — photographie le champ de long en large, en parfaite autonomie, à l’aide des six caméras multispectrales installées sous son châssis. 
Chaque cliché issu de cette surveillance phytosanitaire est acheminé par Wi-Fi sur la tablette électronique que consulte le jeune producteur en temps réel. Les images affichent des teintes de rouge et de vert, plus ou moins foncées. «L’infrarouge nous en dit beaucoup sur la santé des plantes, explique William Overbeek, qui est aussi doctorant à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal. Ça permet de voir où se trouvent les plantes en moins bonne santé, puis d’intervenir pour savoir si c’est un problème de compaction du sol, une maladie ou un insecte.» Une détection qui permet d’appliquer le bon traitement à l’endroit précis où il est nécessaire, plutôt que dans l’ensemble du champ.
Haute technologie et agriculture de précision
L’agriculture ressemble de plus en plus à ça: des robots et des outils intelligents d’aide à la décision existent pour à peu près toutes les situations, aussi bien en production animale que végétale. «C’est devenu excessivement complexe de travailler en agriculture», observe Marc-André Sirard, professeur au Département des sciences animales de l’Université Laval et président du Groupe en intelligence artificielle et bioalimentaire du Québec. «Des gens qui ont fait quatre ans d’études en agronomie, c’est souvent insuffisant pour gérer une entreprise agricole», constate-t-il. 
Même si certains secteurs, comme le lait, les œufs et la volaille profitent de la protection du système de gestion de l’offre, la concurrence internationale, les gains de productivité et les difficultés de recrutement de la main-d’œuvre conditionnent tout de même le fonctionnement de l’ensemble de l’industrie agroalimentaire. Et incitent à sa numérisation. «On voit vraiment arriver un boom de développement technologique», affirme François Châteauneuf, directeur de l’unité d’affaires des ressources durables, de l’agriculture et des infrastructures au centre de recherche INO, à Québec. Celui-ci contribue notamment au développement de l’agriculture de précision, dont l’objectif consiste à s’assurer que chaque action posée est la plus efficace possible afin d’améliorer la profitabilité de la ferme, illustre le directeur. 
La rareté de la main-d’œuvre constitue un problème majeur qui force à trouver des solutions, ajoute son collègue Mario Simard, directeur de l’unité d’affaires manufacturiers avancés à INO. Le centre de recherche est d’ailleurs derrière le développement du robot-cueilleur de brocolis baptisé SAMI 4.0, avec le fabricant Lapalme Agtech, de Varennes. «Nous nous sommes occupés de la portion vision et algorithmes de reconnaissance, destinée à diriger le robot durant la cueillette du brocoli», précise Mario Simard. 
À son avis, l’optique peut rendre d’importants services à l’agriculture et à toute la chaîne de production agroalimentaire. «L’optique permet d’aller chercher une signature très spéciale de ce qu’on recherche, explique-t-il. Ça peut être la teneur en eau, une substance que la plante émet… Quand on est capable d’aller chercher cette information-là, on peut savoir si le fruit ou le légume est prêt et s’il doit être cueilli.»