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Aides financières: mettez-y le temps!

Sophie Chartier|Édition de la mi‑juin 2024

Aides financières: mettez-y le temps!

Nathalie Cartier, conseillère en développement et à l’accompagnement des entreprises de Terroir et saveurs (Photo: Terroir et Saveurs)

AGROTOURISME. Selon le Bilan 2023 de Terroir et Saveurs du Québec, 40 % des entrepreneurs en agrotourisme disent éprouver de la difficulté à trouver l’aide financière adaptée à leur réalité. Pour Nathalie Cartier, conseillère en développement et à l’accompagnement des entreprises de Terroir et saveurs, cette donnée s’explique par l’horaire très chargé des producteurs.

Nathalie Cartier se dit « mi-figue, mi-raisin » lorsqu’elle entend que les subventions sont inaccessibles en agrotourisme. « Les demandes d’aide financière, ce n’est pas simple, concède-t-elle. Les gens disent que c’est complexe, et ça l’est. C’est un langage particulier et il y a tout un travail de compréhension nécessaire. D’autant que ça ne fait pas partie de leur quotidien de faire ça, c’est un peu étranger à leur réalité. »

Cela signifie que pour dompter une demande d’aide financière, il faut y mettre le temps. Or, les producteurs et artisans sont débordés. « Être un entrepreneur en agrotourisme, c’est déjà essayer de faire rentrer 30 heures dans 24, dit Nathalie Cartier. Ce sont des gens hyper occupés. Donc faire les recherches nécessaires pour tout comprendre, ce n’est pas évident, il faut arriver à libérer son horaire. » Celle qui accompagne et forme les entrepreneurs dans les dédales administratifs ministériels a donc de la compassion pour ceux qui ont du mal à s’y retrouver. Toutefois, elle veut les pousser à voir la réalité en face : « Il n’y a pas de site web intitulé “Comment obtenir de l’argent pour votre projet”, ça n’existe pas », dit Nathalie Cartier.

Aidez-nous à vous aider

La meilleure façon de réussir sa démarche de demande d’aide financière, c’est d’être guidé par quelqu’un qui s’y connaît, dit-elle. Des personnes-ressources au ministère du Tourisme du Québec (MTO), aux Associations touristiques régionales (ATR) et à l’Association touristique sectorielle (ATS) — Terroir et saveurs du Québec, qui est en réalité l’Association de l’agrotourisme et du tourisme gourmand du Québec (AATGQ) — sont là pour aiguiller les producteurs-entrepreneurs dans leur démarche. « Beaucoup de gens sont présents pour aider si on prend la peine de les contacter. Autrement, on risque d’investir beaucoup de temps, d’argent et d’énergie dans quelque chose qui pourrait ne pas aboutir ».

Un projet qui requiert un soutien de deux millions de dollars ne s’adresse pas aux mêmes destinataires qu’un projet qui en demande quelques dizaines de milliers. Les demandes plus modestes sont plutôt soumises aux ATR, alors que les subventions de plus de 1,5 million concernent le MTO. L’Entente de partenariat régional et de transformation numérique en tourisme 2022-2025 (EPRTNT), un programme en cours du MTO indique d’ailleurs aux demandeurs de communiquer « d’abord avec l’ATR de votre région ».

Du savoir-faire en plan d’affaires

L’élément central d’une demande, c’est le plan d’affaires, dit Nathalie Cartier. C’est d’ailleurs pour la rédaction de cet outil qu’elle est la plus sollicitée. « Il faut vraiment bien définir ton projet, dit-elle. En quoi consiste-t-il ? Quels sont ses coûts, son utilité ? Le plan doit être orienté tourisme : quelles sont les retombées potentielles pour la région, l’achalandage, la taille moyenne du panier d’achats, etc. »

Rien ne doit être laissé au hasard. « C’est bien d’avoir le plus beau projet du monde, mais si on n’arrive pas à bien le communiquer, ça ne débloquera pas. Donc dans l’accompagnement qu’on fait avec les entreprises, on passe par la communication, la promotion, jusqu’à la mise en valeur du projet. Il faut tout pouvoir démontrer sur papier ».

En étant membre de l’AATGQ, les entreprises ont accès à des formations ciblées sur cet exercice. Les entreprises désireuses d’obtenir une aide personnalisée d’une Nathalie Cartier peuvent se tourner vers des organismes comme le réseau Agriconseils, entre autres, pour financer une telle démarche.

L’experte a d’ailleurs un message à passer aux instances qui distribuent les enveloppes : de ne pas oublier les plus petits producteurs. « Il y a beaucoup d’argent qui va dans les gros projets, car on sait qu’il va y avoir des retombées, dit-elle. Mais ça serait bien qu’on n’oublie pas les plus petits projets, qu’ils aient accès à plus de sous et qu’ils soient plus nombreux à être soutenus. Parce que si on veut que les touristes passent du temps dans une destination, il faut plusieurs offres. Et ce sont de beaux projets qui rendent nos régions attractives. Les producteurs en agrotourisme, ce sont des gens extrêmement imaginatifs et débrouillards, et c’est tout le Québec qui en bénéficie ».

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