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EXPERTE INVITÉE. Août, c’est le temps des moissons et des récoltes, des cueillettes de fruits et de légumes et de l’épluchette de blé d’Inde… Tout ceci m’a donné envie de vous parler d’agriculture durable!
L’agriculture représente une source essentielle pour notre alimentation et une part importante de notre économie. Cependant, elle contribue à l’émission de gaz à effet de serre. Utilisation des terres, méthodes de culture, consommation d’eau et d’énergie pèsent dans son bilan carbone.
À l’heure où la lutte contre le changement climatique est une priorité mondiale, le secteur agricole évolue pour réduire son impact environnemental. Et le Québec n’est pas en reste! Avec le soutien des pouvoirs publics et sous l’impulsion d’entreprises innovantes, de nombreuses initiatives ont été prises.
L’empreinte carbone de l’agriculture
L’agriculture représente un cinquième des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
Les principales sources d’émissions incluent :
- La méthanisation : Les bovins produisent du méthane lors de la digestion, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur le long terme.
- L’utilisation d’engrais chimiques : Ceux-ci libèrent du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre plus puissant que le méthane.
- La déforestation et la conversion des terres : Pour augmenter les terres arables, des forêts sont défrichées, libérant du CO2 stocké dans les arbres et les sols.
L’agriculture est mise en cause pour ses impacts sur la qualité de l’eau et de l’air, la biodiversité, la destruction des espaces naturels et l’érosion des sols. Mais elle subit aussi les effets du changement climatique. Des saisons plus chaudes et sèches, des évènements climatiques extrêmes, provoquent une baisse de la productivité des cultures et une variation des rendements.
Appliquer les objectifs de développement durable à l’agriculture
Les Nations Unies ont fixé 17 objectifs de développement durable (ODD), dont plusieurs concernent l’agriculture. L’ODD 2 vise à «éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable». Cela implique de développer des pratiques agricoles qui nourrissent une population croissante tout en préservant les ressources naturelles et en réduisant l’empreinte carbone.
L’ODD 13, «Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions» appelle à des actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, incluant l’amélioration des pratiques agricoles pour minimiser leur impact.
Une agriculture durable va répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Réduire l’empreinte carbone de l’agriculture
Plusieurs stratégies sont possibles :
- Adopter des pratiques agricoles durables : cela inclut l’agriculture de conservation, qui minimise le labourage pour maintenir le carbone dans les sols, et l’agroforesterie, combinant arbres et cultures pour augmenter la capture du carbone.
- Améliorer l’efficacité des engrais : l’utilisation d’engrais à libération contrôlée réduit les émissions de protoxyde d’azote et une fertilisation de précision ajuste les apports en fonction des besoins des cultures.
- Promouvoir l’élevage durable : en améliorant la gestion des prairies et en utilisant des additifs alimentaires qui réduisent la production de méthane chez les ruminants, on peut diminuer l’empreinte carbone du bétail.
- Valoriser les résidus agricoles : les résidus de cultures peuvent être utilisés pour produire du biogaz ou du compost, réduisant ainsi les émissions tout en créant des sources d’énergie renouvelable ou des amendements pour les sols.
Des actions concrètes
En février 2024, les gouvernements du Canada et du Québec annonçaient une enveloppe de 34 millions de dollars pour appuyer les entreprises agricoles dans leurs pratiques durables.
De nombreuses entreprises se distinguent par leurs efforts :
Les Serres Toundra ont réduit leur empreinte carbone en utilisant la chaleur résiduelle des turbines électriques de Produits forestiers Résolu pour chauffer leurs serres. Elles récupèrent aussi l’eau de pluie et de fonte des neiges pour l’irrigation, évitant ainsi de puiser dans la nappe phréatique.
La Ferme des Voltigeurs privilégie une alimentation végétale locale pour ses poulets et utilise des techniques innovantes telles que le refroidissement à l’air. Cela réduit la consommation d’eau tout en garantissant la qualité de la viande.
Sollio Agriculture utilise des engrais enrobés, conçus pour libérer progressivement les nutriments en fonction des besoins des plantes. Ils permettent de réduire la quantité d’engrais utilisés de 20 à 30% selon l’International Fertilizer Association.
Enfin, les producteurs en serre du Québec, avec l’aide du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), recherchent des débouchés pour les résidus végétaux. Actuellement enfouis, ils pourraient servir à la production de biogaz. Une usine de biométhanisation, fruit d’un partenariat entre Waste Management et Énergir, doit d’ailleurs être mise en place en 2026 à Sainte-Sophie et permettra de valoriser 50 000 tonnes de matières.
L’agriculture évolue pour répondre aux exigences environnementales croissantes. Il est réjouissant de constater que nombre d’entreprises ont pris des initiatives innovantes, combinant rentabilité économique et responsabilité environnementale. La voie à suivre pour une agriculture durable et résiliente!