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Miellerie King: pour qu’elles continuent à butiner

Sophie Chartier|Édition de la mi‑juin 2024

Miellerie King: pour qu’elles continuent à butiner

La Miellerie King a commencé depuis la fin mai à agrémenter ses différentes activités de distribution de semences choisies exprès par une semencière professionnelle. (Photo: courtoisie)

AGROTOURISME. Tout un écosystème dépend de la bonne santé des pollinisateurs. Or, ces insectes, en particulier les abeilles, sont très affectés ces dernières années par les changements climatiques, les pesticides et les maladies. Avec le mouvement Fleurir le Québec, la Miellerie King, à Kingsey Falls, invite le public à soutenir nos amies ailées tout l’été.

Tout comme les années qui l’ont précédée, 2024 s’annonce meurtrière pour les colonies d’abeilles, avertit René Bougie, directeur général de la Miellerie King, une entreprise familiale en agrotourisme fondée en 2016 qui produit, outre du miel et ses dérivés, des vins de miel et des spiritueux comme l’hydromel. Il n’est pas le seul à sonner l’alarme. « On estime avoir environ 35 à 40 % de mortalité des ruches du Québec cette année », disait Maggie Lamothe-Boudreau, vice-présidente d’Apiculteurs et apicultrices du Québec, en entrevue à TVA le 20 mai dernier, à l’occasion de la Journée mondiale des abeilles. En 2022, le taux de décès des populations des ruches était alarmant : 50 % dans la province, ajoutait-elle.

« En parlant avec des producteurs, on s’est dit qu’il faudrait essayer de mener des actions pour sensibiliser les gens à l’importance des abeilles et à bien les protéger pendant toute la belle saison », dit René Bougie. « Il y a déjà des initiatives qui existent et qui sont intéressantes, comme Mai sans tondeuse ou le Défi pissenlits [qui encourage à ne pas arracher ces derniers], mais elles sont assez circonscrites dans le temps, donc on voulait quelque chose qui dure un peu plus. On voulait créer un mouvement, et quelque part, donner un grand coup avec ça ! »

Également président de l’Association des producteurs d’hydromels et d’alcool de miel du Québec (APHAMQ), ce « gentleman farmer » autoproclamé est d’avis que les abeilles, c’est l’affaire de tout le monde. Fleurir le Québec s’articule donc autour de gestes simples, mais efficaces, que tous les Québécois peuvent poser pour contribuer à la survie des pollinisateurs. D’abord, on encourage les gens à planter en faveur des pollinisateurs : la Miellerie King a commencé depuis la fin mai à agrémenter ses différentes activités de distribution de semences choisies exprès par une semencière professionnelle. La distillerie et entreprise apicole organise également pendant la belle saison des ateliers de fabrication de « bombes de semences », un moyen facile et abordable pour verdir les lieux publics en manque de végétaux.

L’initiative veut aussi promouvoir l’importance de laisser pousser les plantes en abandonnant le plus possible la tondeuse et les pesticides. Les personnes intéressées sont encouragées à partager la bonne nouvelle en affichant le logo Fleurir le Québec sur les réseaux sociaux et dans le vrai monde — une version téléchargeable du visuel est disponible gratuitement sur le site de la Miellerie.


Doux comme le miel

Le dernier volet et non le moindre de l’initiative est d’encourager le plus possible les producteurs de vins de miel et d’hydromels en dégustant leurs produits et en visitant leurs installations, dit René Bougie. « On a décidé d’en profiter pour organiser plusieurs dégustations, des ateliers, des portes ouvertes chez les producteurs de vins et de spiritueux de miel pour inviter les gens à venir nous rencontrer ».

L’apiculteur incite les curieux à ne pas hésiter à se joindre à l’une des nombreuses visites guidées que propose notamment son entreprise (« un départ à chaque heure ! ») jusqu’à la fin septembre, afin d’en savoir plus sur le plus vieil alcool du monde. « Quand les gens pensent à l’hydromel, ils pensent à une boisson médiévale, bue par les Vikings, dit celui qui pilote l’entreprise auprès de sa mère, Maryse, son père, Gérard, et son frère, Frédéric. En réalité, aujourd’hui, c’est beaucoup plus que ça. Si on compare avec la bière, par exemple, on sait qu’il n’existe pas que la Molson. L’hydromel, c’est un monde de possibilités, il en existe des secs, des sucrés, des liquoreux… »

La Miellerie King ne fabrique pas que de l’hydromel, d’ailleurs. L’entreprise de Kingsey Falls a récemment remporté le prix de la meilleure crème alcoolisée au Canada à la World Liquor Award, ainsi que le prix du meilleur brandy à la Canadian Artisan Distiller Competition. « Tous ces breuvages ont leur signature, dit René Bougie. Une abeille butine dans un rayon de trois à cinq kilomètres autour de sa ruche. C’est vraiment la flore donnée d’une saison donnée qu’on va récupérer, donc ce sont des produits qui sont carrément imprégnés du territoire d’où ils sont issus. C’est ça la beauté de travailler avec les abeilles. »