Aborder la question de la hausse de l’âge de la retraite
Pierre-Luc Trudel|Édition de la mi‑octobre 2019Pour l’Institut canadien des actuaires, les gouvernements doivent envisager de hausser l’âge d’admissibilité aux prestations de retraite. (Photo: 123RF)
ASSURANCES COLLECTIVES ET RÉGIMES DE RETRAITES. La hausse rapide de l’espérance de vie et les faibles taux d’intérêt exercent une forte pression sur les systèmes de retraite du monde entier. Dans de nombreux pays, y compris le Canada, l’augmentation de l’«âge normal de la retraite» s’impose de plus en plus comme une solution incontournable pour assurer la survie des programmes en place.
Dans l’ensemble, le Canada tire bien son épingle du jeu en se hissant au 10e rang de l’Indice mondial Mercer Melbourne 2018, qui évalue la solidité des systèmes de retraite de 34 pays. De nombreux intervenants du secteur estiment néanmoins que d’importants changements devront être apportés afin d’assurer aux futurs retraités canadiens un niveau de revenu viable.
En avril, l’Institut canadien des actuaires (ICA) a publié un rapport contenant différentes recommandations concernant les différents volets du système de retraite canadien. Le principal message lancé par l’organisme était le suivant : les gouvernements devraient envisager de mettre à jour l’âge de la retraite en raison de l’espérance de vie qui s’allonge, de l’érosion des régimes à prestations déterminées qui offrent une protection contre le risque de longévité et de la proportion croissante de Canadiens qui choisissent de travailler au-delà de 65 ans.
«Puisque l’ajustement de l’âge de la retraite favorisera la croissance de l’économie canadienne, nous estimons que les travailleurs doivent être orientés dans cette voie», écrit l’ICA dans son rapport.
Pension de la Sécurité de la vieillesse
En ce qui concerne la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) fédérale, l’ICA propose à Ottawa de faire passer de 65 à 67 ans l’âge d’admissibilité aux prestations. Ce report du premier versement permettrait de bonifier la prestation de 14,4 %.
Rappelons qu’en 2012, le gouvernement de Stephen Harper avait décrété une hausse graduelle de l’âge de la retraite, qui aurait atteint 67 ans en 2029. Cette décision a été annulée lors de l’arrivée de Justin Trudeau au pouvoir en 2015.
En parallèle, l’âge maximal auquel les Canadiens peuvent recevoir le premier versement de la PSV, dont le montant est alors bonifié, aurait également avantage à augmenter à 75 ans, alors qu’il est actuellement à 70 ans. La prestation mensuelle maximale passerait alors de 601 $ à 688 $.
«En haussant la prestation de retraite cible tout en reportant sa disponibilité, les Canadiens pourraient compter sur une prestation de retraite payable à vie plus élevée que dans le cadre du programme actuel», explique l’ICA.
Notons que l’organisme ne milite pas en faveur d’un changement à l’âge minimal pour toucher le Supplément de revenu garanti (SRG) destiné aux aînés à faible revenu. Celui-ci demeurerait à 65 ans.
Régime de rentes du Québec et Régime de pensions du Canada
Tout comme pour la PSV, l’ICA recommande aux gouvernements de faire passer de 65 à 67 ans l’âge cible du premier versement des prestations standards du Régime de rentes du Québec (RRQ) et du Régime de pensions du Canada (RPC). Cela permettrait de bonifier de 16,8 % la rente touchée par les retraités.
L’âge minimal pour la retraite anticipée, qui implique une pénalité, passerait de son côté de 60 à 62 ans. Malgré ces changements, les travailleurs pourraient tout de même prendre leur retraite à 65 ans sans que leur rente soit réduite. Ces mesures sont donc avant tout incitatives.
L’ICA propose également de hausser l’âge maximal pour demander le premier versement de la rente du RRQ et du RPC à 75 ans, au lieu des 70 ans actuels. De la même manière que pour la PSV, le report du premier versement aurait pour effet de bonifier le montant des prestations. «En reportant l’âge de leur retraite, les Canadiens pourraient hausser sensiblement leur taux de remplacement du revenu», note l’organisme.
Régime enregistré d’épargne-retraite
Finalement, l’ICA souhaite aussi certaines modifications aux règles fiscales entourant le Régime enregistré d’épargne-retraite (REER). L’organisme recommande de faire passer de 71 à 75 ans l’âge maximal pour transférer les fonds contenus dans un REER vers un outil de décaissement, comme le Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR). Ce changement offrirait davantage de souplesse aux épargnants dans la gestion de leur revenu de retraite, estime l’ICA.