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Le gouvernement de Donald Trump a dévoilé mercredi son projet de réforme pour autoriser l’importation de médicaments du Canada et d’autres pays afin de faire baisser les prix des médicaments, une promesse du président et un grand sujet de la campagne présidentielle.
« Aucun président de l’histoire n’avait auparavant demandé à la FDA (agence américaine du médicament) d’ouvrir la porte à l’importation sûre de médicaments en provenance du Canada », a déclaré le secrétaire à la Santé Alex Azar dans une conférence téléphonique avec la presse, qualifiant la réforme d’« historique ».
Contrairement à d’autres pays, aucune autorité centrale ne fixe le prix des médicaments aux États-Unis, où seule la concurrence peut pousser les compagnies pharmaceutiques à réduire leurs prix. Or, pour de nombreux traitements, quelques laboratoires se partagent le marché et les prix ont connu des envolées qui défraient la chronique.
Un exemple spectaculaire est l’insuline, dont les inventeurs en 1922 avaient vendu le brevet pour 1 dollar symbolique à l’université de Toronto, refusant de profiter d’un médicament vital pour les personnes diabétiques. « L’insuline ne m’appartient pas, elle appartient au monde », déclarait le co-découvreur Frederick Banting.
Un siècle plus tard, trois entreprises se partagent le marché américain de l’insuline, et le prix de gros des quatre insulines les plus utilisées a plus que triplé entre 2007 et 2017.
L’insuline peut coûter à un patient non assuré plus de 400 dollars par mois. Même ceux disposant d’une assurance peuvent devoir débourser des centaines de dollars.
Plusieurs candidats à la primaire démocrate pour l’élection présidentielle de novembre 2020, dont Bernie Sanders, dénoncent depuis des années ces hausses de prix et ont proposé diverses législations pour les réduire. Le sénateur du Vermont a emmené des personnes diabétiques dans une pharmacie canadienne cet été pour y acheter de l’insuline, à une fraction du prix américain.
Absurde complexité
Le gouvernement Trump avait annoncé le 31 juillet son intention de résoudre le problème en le contournant: en allant chercher en dehors des frontières américaines des médicaments identiques mais vendus moins chers.
L’annonce de mercredi est la concrétisation de cette promesse dans des textes réglementaires qui ne s’appliqueront qu’après une période de consultation et de finalisation de plusieurs mois.
Le premier volet de la réforme vise à autoriser les États américains à créer des programmes d’importation de médicaments sur ordonnance déjà autorisés au Canada. Plusieurs États sont candidats, dont certains voisins du Canada comme le Vermont et le New Hampshire.
Mais cette voie est affaiblie par un détail crucial: en raison d’une loi de 2003, ces programmes ne pourront pas inclure de médicaments biologiques (fabriqués à partir d’une cellule ou d’un organisme vivant, souvent injectables, ou qui nécessitent une réfrigération), et se limiteraient donc principalement à des comprimés qu’on achète en pharmacie, en général moins chers.
L’insuline canadienne ne pourra donc pas, à ce stade, être importée aux États-Unis. Alex Azar suggère que le Congrès puisse un jour élargir l’autorisation à tous les médicaments.
Le second volet vise à permettre aux laboratoires pharmaceutiques américains d’importer leurs propres médicaments commercialisés dans d’autres pays, y compris l’insuline.
Cette seconde voie illustre l’absurdité du système de santé américain. En raison de sociétés intermédiaires — entre fabricants, pharmacies et compagnies d’assurance médicale —, les laboratoires sont souvent incapables de baisser les prix finaux de leurs médicaments pour les patients.
Le gouvernement Trump veut donc autoriser les fabricants pharmaceutiques qui le voudraient à importer la version étrangère (mais identique!) de leurs propres médicaments, qui serait vendue sous un code distinct et à un prix plus bas.
« Si vous êtes un laboratoire pharmaceutique et si vous avez un produit mondial, que vous vendez en Europe, au Canada ou au Japon et que vous voudriez faire venir aux États-Unis pour faire concurrence à votre propre produit, à un prix standard moins cher, alors nous vous donnerons un nouveau code national de médicament pour vous permettre de le faire », a expliqué Alex Azar.