Pour éviter de susciter du mécontentement chez leurs employés, les entreprises semblent donc avoir choisi de maintenir leurs cotisations, quitte à trouver d’autres stratégies pour équilibrer leur budget. (Photo: Amy Hirschi pour Unsplash)
ASSURANCES COLLECTIVES ET RÉGIMES DE RETRAITE. Confrontées à une crise économique d’une ampleur sans précédent, les entreprises ont dû prendre une foule de mesures pour alléger leurs dépenses au cours des derniers mois. La suspension de la cotisation versée dans le régime de retraite à cotisation déterminée (CD) de leurs employés n’en a cependant pas fait partie, du moins jusqu’à maintenant.
Ainsi, seulement 7 % des promoteurs canadiens de régimes d’accumulation de capital ont suspendu ou envisagent de suspendre leur cotisation de contrepartie en raison de la crise actuelle, selon un sondage de Normandin Beaudry publié au mois de mai. Ils sont encore moins nombreux à envisager de la réduire (2 %) ou de la retarder (2 %).
Dans tous les cas, ces rares changements demeureront temporaires: à peine 4 % de la centaine d’employeurs sondés prévoient modifier de façon permanente leur régime d’épargne ou de retraite à la suite de la crise de la COVID-19.
Un sondage similaire mené en juin aux États-Unis par la Defined Contribution Institutional Investment Association est arrivé à la même conclusion. En effet, 86 % des répondants ont indiqué ne pas avoir considéré une suspension de la cotisation de contrepartie qu’ils versent dans leur régime CD, alors qu’à peine 8 % ont adopté une telle mesure. Par ailleurs, 92 % des répondants soutiennent ne pas envisager une réduction de leur cotisation ; seulement 3 % l’on fait.
« Nous étions un peu inquiets au début de la crise que beaucoup d’employeurs décident d’arrêter complètement leur cotisation au régime, mais finalement ça a été très anecdotique comme comportement », relate Jean-Michel Lavoie, vice-président régional aux régimes collectifs de retraite pour le Québec à la Financière Sun Life.
Selon lui, les sommes en jeu ne sont dans la plupart des cas probablement pas assez significatives pour justifier une suspension des cotisations, malgré un contexte budgétaire difficile. « La part des cotisations au régime CD dans l’ensemble de la masse salariale est relativement faible, précise-t-il. Les employeurs ont dû venir à la conclusion que les couper comporterait bien peu d’avantages financiers par rapport aux dommages que cela créerait en matière de satisfaction, d’engagement et de rétention des employés. »
Geler les salaires pour maintenir les cotisations?
Pour éviter de susciter du mécontentement chez leurs employés, les entreprises semblent donc avoir choisi de maintenir leurs cotisations, quitte à trouver d’autres stratégies pour équilibrer leur budget. « Elles ont possiblement réalisé des économies ailleurs, par exemple en gelant les salaires, plutôt qu’en suspendant la cotisation au régime CD », explique Jean-Grégoire Morand, associé chez Normandin Beaudry.
L’enquête sur les augmentations salariales de la firme, publiée en septembre, révèle en effet que 20 % des employeurs canadiens prévoient un gel salarial en 2020. L’an passé, c’était le cas d’à peine 3 % des organisations. La moyenne des augmentations salariales s’établit quant à elle à 1,9 %, soit bien en deçà des augmentations dont ont bénéficié les travailleurs au cours des dernières années.
« Si les employeurs n’ont pas réduit leur taux de cotisation, c’est peut-être aussi parce qu’ils ne voulaient pas inciter leurs employés à moins épargner », suggère Jean-Grégoire Morand.
À noter que les employés n’ont pas été plus prompts que les employeurs à arrêter de cotiser à leur régime CD en raison de la crise. Selon les données de la Financière Sun Life, à peine 6 % des participants ont modifié, à la hausse ou à la baisse, leur taux de cotisation depuis la chute des marchés en mars.