(Photo: 123RF)
ASSURANCES COLLECTIVES ET RÉGIMES DE RETRAITE. Pandémie ou pas, les employeurs jouent un rôle clé dans la santé psychologique de leurs employés. Voici six pistes à explorer pour ceux qui ne savent pas trop par où commencer.
Miser sur la simplicité
Même si de grandes entreprises ont introduit des programmes de santé mentale très élaborés, des mesures plus simples peuvent être rapidement mises en place par les organisations qui ont moins de moyens. La première étape consiste à rappeler au personnel l’existence des outils déjà offerts, comme les protections du régime d’assurance collective qui permettent de consulter un psychologue, le programme d’aide aux employés ou encore les différentes ressources offertes sur la plateforme de santé et de mieux-être de l’employeur ou de l’assureur. «L’idée, c’est de suivre la théorie des petits pas en mettant en place des initiatives une à la fois, explique Daniel Dufour, chef de produits à la prévention et à la gestion des invalidités chez Desjardins Assurances. On ne doit pas chercher à mettre tout de suite en place de gros programmes très coûteux.»
Penser global
La santé mentale d’un individu est intimement liée à sa santé physique et à sa santé financière. Pour être réellement efficaces, les programmes parrainés par les employeurs doivent adopter une approche de santé globale, insiste Daniel Dufour. «De nombreuses études montrent que la principale source de stress des gens, ce sont les problèmes financiers. Beaucoup de Canadiens vivent d’une paie à l’autre. Imaginez avec toutes les pertes d’emploi qu’il y a eu, ce sera encore pire dans les prochains mois.» Pour mieux soutenir leurs employés à cet égard, beaucoup d’entreprises commencent à offrir des ateliers sur la littératie financière et à communiquer davantage sur la façon dont les régimes de retraite ou d’épargne en milieu de travail peuvent les aider à atteindre leurs objectifs financiers.
Outiller les gestionnaires
Parce qu’ils sont directement en contact avec les employés, les gestionnaires de premier niveau constituent la pierre angulaire de toute stratégie de santé mentale dans les entreprises. «Les gestionnaires vont devoir développer leur intelligence émotionnelle. En étant en mesure d’identifier les signes avant-coureurs d’anxiété ou de détresse psychologique chez leurs employés, ils pourront intervenir à la source», explique Jean-Pierre Brun, professeur associé au Département de management de l’Université Laval et cofondateur de la firme de consultation Empreinte humaine. Il ajoute que les gestionnaires devront aussi être formés à superviser adéquatement des équipes qui travailleront dorénavant en partie au bureau et en partie de leur domicile.
Montrer de l’empathie
Plus que jamais, les entreprises doivent montrer à leurs employés qu’elles sont là pour les soutenir. «Les gestionnaires peuvent par exemple encourager les gens à prendre des vacances et leur rappeler de prendre des pauses», soutient Jonathan Galarneau, chef du Service de gestion de l’invalidité, marché du Québec à Croix Bleue Medavie. Dans un contexte de télétravail, ajoute-t-il, les employeurs devraient en outre se montrer plus flexibles sur les horaires. Plusieurs études montrent aussi que la reconnaissance a un effet protecteur majeur en matière de santé mentale. «Il faut prendre le temps de remercier et de féliciter ses employés et ses collègues», note Jonathan Galarneau.
Penser virtuel
Déjà en forte croissance avant l’arrivée de la COVID-19, l’offre d’outils numériques visant à soutenir la santé des employés a explosé au cours des derniers mois. «L’idée est d’offrir un ensemble de solutions pour que tous les employés puissent y trouver leur compte», mentionne Lisa Angeloni, vice-présidente aux ventes et au succès client pour le Québec chez Morneau Shepell. «Certains veulent consulter un psychologue ou un travailleur social de façon virtuelle, alors que d’autres préfèrent lire des articles ou écouter des baladodiffusions sur la gestion du stress», dit-elle. Les soins de santé virtuels permettent également une meilleure rapidité d’intervention, renchérit Jonathan Galarneau. «Les employés qui consultent un psychiatre dans les deux ou trois premières semaines d’un arrêt de travail grâce aux soins virtuels sont beaucoup plus susceptibles de retourner au travail avant de tomber en congé d’invalidité de longue durée.»
Télétravailler avec parcimonie
Même s’il comporte des avantages indéniables, surtout en temps de pandémie, le télétravail n’est pas sans danger pour la santé mentale de certains employés, qui se sentent très isolés. «Le télétravail est plus difficile pour les personnes qui vivent seules et qui apprécient l’aspect social du lieu de travail. Certains travailleurs ont aussi du mal à trouver un bon équilibre travail-famille lorsqu’ils sont en télétravail à temps plein», précise Lisa Angeloni. Une fois la pandémie passée, l’idéal pour la majorité sera probablement un modèle de travail hybride, soit en partie au bureau et en partie en télétravail, ajoute JeanPierre Brun. «Peu de gens veulent être à 100 % en télétravail. Ils préféreraient plutôt aller au bureau deux ou trois jours par semaine. C’est probablement la meilleure option pour protéger leur santé psychologique.»