Arrêtons de voir les appels à l’aide comme étant une faiblesse et soulignons plutôt la force et courage qu’il faut pour le faire! (Photo: Christopher Lemercier pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Le simple fait d’écrire ces mots est une sorte de thérapie. Un simple coup d’œil autour de vous suffit afin de s’apercevoir que ce n’est pas donné à tout le monde de se regarder dans le miroir et de s’avouer la simple vérité: je suis épuisé.
Nous évoluons dans une société qui préfère le paraître à l’être, qui ne se contente que du résultat final et qui mise sur la rapidité à tout prix tout en étant ultra-connectée en permanence. Je ne surprends ici personne.
Pourtant, le sentiment d’être épuisé est une triste réalité partagée par la plupart d’entre nous. De la fatigue passagère à l’épuisement professionnel, il y a tout un océan de nuances qui inonde en ce moment notre quotidien.
Après plus de 19 mois de pandémie, l’oxygène que nous avions «stockée» commence à se faire rare et nous faisons maintenant face à une réalité plus qu’inquiétante, un épuisement collectif.
Je lisais récemment une étude qui démontrait que plus de la moitié des travailleurs de la santé avait été frappée par l’épuisement professionnel depuis le début de la pandémie. Malheureusement, sans grande surprise, l’état de notre réseau de la santé n’a donné aucune chance aux intervenants de premières lignes qui se sont vus assiégés du jour au lendemain.
Le mirage du télétravail
Pour les autres, après une transition vers le télétravail que je qualifierais de mirage pour la plupart, le retour à la réalité a également frappé très fort. Jamais, dans l’histoire récente, n’avions-nous tous été obligés de modifier drastiquement notre quotidien afin de nous adapter à une nouvelle réalité tout en devant combiner avec une avalanche de nouveaux défis.
Bien entendu, je ne parle pas ici de ceux et celles pour qui, pour leurs propres raisons, sont devenus de fervents adeptes du télétravail, mais plutôt de la majorité silencieuse qui souffre sans dire un mot.
En effet, les défenseurs les plus ardents du télétravail me font parfois penser aux défenseurs les plus ardents des régimes minceur miracles ! Certes, la recette leur convient, mais qu’en est-il des autres?
J’ai récemment donné une conférence avec mon bon ami le psychologue Dr Nicolas Chevrier afin de discuter des effets de la pandémie sur le monde des affaires. Le constat était clair. Les psychologues sont débordés!
Dans le réseau public, il faut attendre souvent plus de cinq mois afin d’obtenir un premier rendez-vous sans compter les plus de 20 000 personnes qui patientent au large sur une liste d’attente. Certains professionnels s’inquiètent de l’alarmante hausse des cas d’épuisement professionnel craignant une véritable bombe à retardement.
La réponse, c’est nous
Maintenant que faire? Pourtant, depuis plusieurs mois, les conseils d’experts sont légion. Fixer vos limites, établir un horaire réaliste qui vous convient, déconnecter, garder le lien avec vos collègues, planifier et structurer vos réunions virtuelles… Mais pourquoi donc n’arrivons-nous pas à les suivre?
La réponse est simple, la réponse c’est nous. En effet, tous les jours, devant le miroir, des milliers d’entre nous se mentent à eux-mêmes. Ils ou elles refusent de lever la main pour demander de l’aider, de reconnaître les symptômes inquiétants, d’écouter leur corps qui essaie de s’exprimer.
Des milliers d’entre nous croient que de devoir prendre du recul ou du repos est un signe de faiblesse. Des milliers d’entre nous croient que l’épuisement professionnel c’est une excuse pour être en congé maladie, des milliers d’entre nous roulent à vive allure vers un précipice tout en croyant suivre la bonne direction.
Moi le premier, je suis un humain qui ose trop souvent pousser la machine un peu plus fort, un peu plus loin… Cependant, en discutant avec les experts du milieu et en prenant conscience de la présente grave crise de santé psychologique qui sévit, je nous encourage tous à lever la main quand nous le sentons nécessaire et à demander de l’aide. Arrêtons de voir cet appel à l’aide comme étant une faiblesse et soulignons plutôt la force et courage qu’il faut pour le faire!
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