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Prendre le virage vers les biosimilaires ou pas?

Jean-François Venne|Édition de la mi‑octobre 2021

Prendre le virage vers les biosimilaires ou pas?

Éric Trudel, vice-président exécutif et leader en assurance collective pour Beneva (Photo: courtoisie)

ASSURANCES COLLECTIVES ET RÉGIMES DE RETRAITE. Les gouvernements provinciaux canadiens adoptent les uns après les autres des politiques de remplacement des médicaments biologiques par leurs versions biosimilaires, lorsque c’est possible. Les assureurs privés suivront-ils la même voie?

Beneva rembourse déjà plusieurs biosimilaires. « Leur prix plus faible nous aide à absorber l’impact financier des nouveaux médicaments d’origine, dont certains coûtent très cher », note Éric Trudel, son vice-président exécutif et leader en assurance collective. 

Cet assureur favorise l’adoption d’un biosimilaire, si possible, lorsqu’un patient reçoit un premier diagnostic. Il n’a pas encore décidé s’il imiterait le gouvernement du Québec en demandant à ceux qui prennent déjà un médicament biologique de le remplacer par un biosimilaire. Environ 12 000 des près de deux millions d’assurés canadiens de Beneva prennent des médicaments biologiques d’origine. 

« Cet été, nous avons consulté nos clients et des intermédiaires de marché sur le sujet, révèle Éric Trudel. La tendance indique que la majorité des preneurs de régimes veulent suivre le virage du régime public d’assurance médicaments vers les biosimilaires. »

Il ajoute qu’adopter la même politique que le régime public, notamment en ce qui concerne les exceptions pour les femmes enceintes, les mineurs et certains patients qui présentent des cas particuliers, pourrait se révéler plus simple à comprendre pour les assurés. 

 

Le libre-choix

« C’est sûr que nous avons analysé les enjeux propres à l’arrivée des biosimilaires ces dernières années, notamment les politiques publiques expérimentées dans d’autres pays et leur lente adoption au Canada et au Québec », admet Marie-Hélène Dugal, gestionnaire du portefeuille de produits, gestion stratégique des médicaments à Croix Bleue Medavie. L’assureur évalue tous les nouveaux médicaments approuvés par Santé Canada afin de formuler les meilleures recommandations à ses clients, les preneurs de régimes d’assurance collective. 

Marie-Hélène Dugal estime que les médicaments biosimilaires offrent des options intéressantes, en raison de leur prix inférieur et transparent. Ceux-ci font en effet l’objet d’une négociation entre les fabricants et l’Alliance pancanadienne pharmaceutique (APP), laquelle réunit entre autres les régimes publics d’assurance médicaments des provinces et des territoires. L’un des mandats de l’APP consiste à s’assurer que l’introduction dans le marché d’un médicament biosimilaire entraîne une réduction de prix transparente.

« Nous privilégions le libre-choix et nous souhaitons offrir le plus d’options possible à nos preneurs de régimes d’assurance collective, poursuit la gestionnaire. Si les médecins décident de prescrire des biosimilaires, nous les rembourserons, mais s’ils continuent de préférer les biologiques, nous élaborerons des stratégies qui permettent aux preneurs de réaliser des économies tout en conservant ces médicaments. » 

Croix Bleue Medavie peut notamment conclure des ententes avec les fabricants des médicaments biologiques d’origine et répercuter ces économies dans les tarifs de ses assurances collectives. Les preneurs n’auraient donc pas à favoriser les biosimilaires pour des raisons financières.

 

Une approche cohérente

De son côté, Canada Vie se réjouit de voir les gouvernements provinciaux effectuer les uns après les autres un virage vers les biosimilaires. « Nous percevons ces médicaments comme une occasion d’épargner dans les assurances collectives publiques et privées », précise Barbara Martinez, sa chef de pratique aux solutions en assurance médicaments. 

Pour l’instant, l’assureur offre des options différentes selon les provinces. Dans celles qui imposent aux patients d’effectuer une transition vers les biosimilaires, Canada Vie exige la même chose de ses clients. Dans celles qui n’ont pas une telle politique, il demande aux malades qui commencent un nouveau traitement de choisir le biosimilaire. Ceux qui prennent déjà un médicament biologique d’origine pourront continuer de le faire, jusqu’à ce que la province impose une transition vers les biosimilaires. À partir de ce moment, les clients de Canada Vie devront aussi effectuer cette transition.

Au Québec, Canada Vie favorisera donc la transition vers les biosimilaires quand la nouvelle politique du régime public d’assurance médicaments entrera en vigueur en 2022. « Nous visons une approche cohérente des médicaments biosimilaires entre les régimes publics et privés, résume Barbara Martinez. Ainsi, les médecins et les patients seront éduqués au sujet de ces nouvelles options non seulement par nous, mais aussi par la santé publique. Les provinces prévoient aussi des financements pour aider les médecins à suivre les transitions des patients. »

Bien sûr, Canada Vie accepte des exceptions pour des raisons médicales. Barbara Martinez confie également qu’elle passe beaucoup de temps à offrir des formations et à répondre aux questions de ses clients au sujet des nouveaux médicaments. « Nos clients souhaitent réaliser des économies, souligne-t-elle, mais ils veulent mieux comprendre les biosimilaires et surtout s’assurer qu’ils répondront aux besoins de santé des membres de l’assurance collective .»