Calcul des valeurs de rente actualisées: des participants confus
Benefits Canada|Édition de la mi‑mai 2022La méthode s’est complexifiée à la suite des changements apportés au calcul en 2020 par le Conseil des normes actuarielles de l’Institut canadien des actuaires. (Photo: 123RF)
ASSURANCES COLLECTIVES ET RÉGIMES DE RETRAITE. Les changements apportés au calcul de la valeur actualisée des rentes au Canada compliquent la tâche des participants aux régimes de retraite à prestations déterminées, qui doivent évaluer la date optimale pour quitter leur emploi et recevoir le paiement maximal, estime l’actuaire Peter Gorham, président de JDM Actuarial Expert Services.
L’expert ontarien explique que, même s’il avait l’habitude d’orienter les participants aux régimes vers les taux obligataires afin qu’ils puissent déterminer la valeur actualisée des rentes, cette méthode s’est complexifiée à la suite des changements apportés au calcul en 2020 par le Conseil des normes actuarielles de l’Institut canadien des actuaires (ICA).
« Je reçois des appels de participants à des régimes de retraite qui s’inquiètent de ce qu’ils obtiendront en fonction de la date de leur départ: quand est-il avantageux [de partir] en raison de l’évolution des taux d’intérêt?, raconte Peter Gorham. Quelqu’un veut par exemple savoir s’il doit démissionner le 30 mars ou le 2 avril, car sa date d’arrêt détermine le taux d’intérêt qui sera utilisé pour déterminer la valeur de ses droits accumulés. »
En vertu des dernières règles, les actuaires supposent une probabilité de 50% qu’un participant au régime commence à toucher sa rente à la date optimale, et une probabilité de 50 % que le participant commence à toucher sa rente aussitôt qu’il a droit à une rente viagère non réduite. De plus, l’hypothèse du taux d’actualisation utilisée pour calculer la valeur de rachat des droits accumulés est maintenant fondée sur les variations du rendement des obligations provinciales et des obligations de sociétés, plutôt que sur le rendement des obligations du gouvernement du Canada.
« Je ne pense pas qu’il soit possible de comprendre le calcul réel [par les participants au régime] ; prendre une rente mensuelle et déterminer ce qu’elle vaut aujourd’hui », déclare l’actuaire. Mais nous pourrions au moins faciliter le suivi des choses pour les participants au régime et pour les personnes qui se soucient du calendrier [de la valeur de rachat de leur rente actualisée]. »
Gavin Benjamin, membre de l’Institut canadien des actuaires et associé en solutions financières et de retraite à Solutions Mieux-être LifeWorks, affirme que le nouveau calcul était basé en partie sur des données anecdotiques qui indiquaient que les anciens participants au régime qui conservaient leur droit dans leur régime, mais ne commençaient pas nécessairement la perception de leur rente à une date optimale. Il ajoute qu’il n’a pas eu beaucoup de rétroactions à savoir si les changements auraient créé des préoccupations importantes quant à la complexité du calcul.
Il précise cependant que la valeur de rachat d’une rente est également influencée par d’autres facteurs, notamment la rente de retraite anticipée du régime, l’âge de l’ancien participant et, potentiellement, ses années de service au moment où il choisit de mettre fin à son adhésion au régime. Et en acceptant une certaine valeur de rachat, les participants au régime peuvent perdre certains avantages clés offerts par un régime de retraite.
« D’après mon expérience, lorsqu’il s’agit de décider s’il faut accepter une valeur de rachat, le participant au régime se demande généralement s’il peut investir la somme forfaitaire de la valeur actualisée à un rendement plus élevé, explique Gavin Benjamin. De mon point de vue, en prenant la valeur actualisée, le participant assume tout le risque d’investissement et renonce à la protection de longévité offerte par un régime à prestations déterminées. Il y a également une implication fiscale et, si la rente est indexée sur l’inflation, cela peut être extrêmement bénéfique – ce qui est démontré dans l’environnement actuel. »
Ce texte écrit par Blake Wolfe a été publié à l’origine en anglais par Benefits Canada.