Parmi les Canadiens qui envisagent de prendre leur retraite, 55% affirment qu’ils continueraient à travailler plus longtemps s’ils pouvaient le faire à temps partiel. (Photo: La Presse Canadienne)
AVANTAGES SOCIAUX ET RÉGIMES DE RETRAITE. Se trouvant «au bord de la retraite», Jen Gibson et son épouse, Christy Ganshorn, ont eu du mal à imaginer déjà puiser dans leurs économies.
Mme Gibson, âgée de 55 ans, a alterné entre plusieurs carrières, travaillant d’abord comme musicienne avant de se lancer dans la planification d’événements spéciaux, suivi d’un passage dans une clinique vétérinaire, pour atterrir à la radio de CBC. Pour sa part, Mme Ganshorn, 53 ans, travaille à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) depuis plus de 30 ans.
L’année prochaine, toutes deux prévoient de passer au travail à temps partiel en tant que fonctionnaires du gouvernement de la Saskatchewan, tout en commençant à retirer de l’argent de leurs investissements.
«Christy et moi avons toutes les deux de petits morceaux de pension. Nous avons en quelque sorte amassé de petits bouts ici et là. C’est donc un peu comme descendre du bord d’une falaise», observe Mme Gibson.
«Est-ce que l’argent sera vraiment là quand nous en aurons besoin?»
Alors que des centaines de milliers de Canadiens prennent leur retraite chaque année, plusieurs sont confrontés à la question stressante de savoir comment planifier financièrement le jour où ils n’auront plus accès à un chèque de paie.
Cela inclut le choix du moment auquel commencent les retraits du Régime de pensions du Canada (RPC) ou des régimes enregistrés d’épargne-retraite, explique la planificatrice financière agréée Zena Amundsen.
«La première conversation qui amène les gens dans mon bureau est qu’ils ont ces enveloppes dans lesquelles ils ont économisé, et maintenant ils se disent: “Je ne sais pas dans laquelle commencer à puiser, ni quand et pourquoi”», observe Mme Amundsen, propriétaire d’Astra Financial Services à Regina, qui se spécialise dans la planification de la retraite.
«Le deuxième élément est qu’ils se disent “je ne veux pas payer plus d’impôts que nécessaire”.»
Dans le cas d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REER), retirer de l’argent avant l’échéance du fonds, soit le dernier jour de l’année civile où l’on atteint 71 ans, entraîne le paiement d’une retenue d’impôt, en plus de l’impôt sur le revenu sur le retrait.
Les prestations du RPC retirées avant l’âge de 65 ans diminuent de 7,2% par année, jusqu’à une réduction maximale de 36% pour ceux qui y accèdent à 60 ans. Pour les personnes qui attendent après l’âge de 65 ans, les prestations augmentent de 8,4% par année, jusqu’à une augmentation maximale de 42% pour les retraités qui attendent à 70 ans.
Le principe est le même avec le Régime de rentes du Québec, qui prévoit une pleine rente aux retraités qui commencent à la recevoir à 65 ans, et un montant modulé dans des proportions similaires pour ceux qui y accèdent avant ou après.
«Les erreurs que je vois, ce sont des gens qui ont commencé à (recevoir leur rente à) 60 ans et qui travaillent toujours», note Mme Amundsen.
«Maintenant, ils ne profitent même pas pleinement du maximum. La réduction reste en vigueur même plus tard. Autant brûler l’argent si on veut y toucher pendant qu’on travaille et qu’on ne veut pas le laisser fructifier.»
Chaque situation est différente
La situation de Mmes Gibson et Ganshorn n’est pas unique.
Parmi les Canadiens qui envisagent de prendre leur retraite, 55% affirment qu’ils continueraient à travailler plus longtemps s’ils pouvaient le faire à temps partiel, selon les données publiées en août par Statistique Canada. Environ la moitié déclarent qu’ils continueraient à travailler s’ils pouvaient travailler moins d’heures sans que cela affecte leur pension.
Mme Gibson, qui vit dans une ferme juste à l’extérieur de Regina avec sa femme, dit qu’elles sont «assez chanceuses» de pouvoir commencer à retirer leurs prestations de retraite plus tôt que tard.
«Nous nous sommes dit: “Faisons cela plus tôt, pendant que nous sommes en bonne santé, pendant que nous souhaitons explorer le monde.”»
Pour Saijal Patel, fondatrice et cheffe de la direction de Saij Elle, qui offre des cours de littératie financière aux femmes, la mauvaise idée la plus répandue autour de cette décision est qu’il est préférable de toucher la pension du RPC dans l’éventualité où on ne vivrait pas longtemps.
«Je pense que les gens comprennent qu’ils vivent plus longtemps, mais ils ont tendance à vouloir leur argent maintenant», observe-t-elle.
«C’est aussi une sorte de gratification instantanée. Ils se disent: “Laissez-moi faire ça maintenant et si je ne l’utilise pas, je l’investirai.” Je leur reviens alors avec la question suivante: “Eh bien, pensez-vous que vous pouvez obtenir 7,2% sur le marché de façon constante?”»
Elle affirme que la décision de retirer ou non son argent le plus tôt possible n’est «pas une réponse en noir et blanc».
«On ne peut pas se contenter d’imiter son voisin, parce que chaque situation est différente», souligne-t-elle.
«Quel est votre état de santé? Avez-vous besoin de revenus? Avez-vous d’autres sources de revenus que vous pouvez envisager?»
Même si Mme Gibson assure avoir été rassurée par son conseiller au sujet de la logique à long terme du plan qu’ils ont élaboré, elle admet que «cela semble un peu déstabilisant».
«Il est difficile de croire aux vrais calculs», affirme-t-elle.
«C’est difficile de croire les chiffres, mais les chiffres sont là et ils disent que, à moins d’un énorme krach financier, tout ira bien.»
Sammy Hudes, La Presse Canadienne
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