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Fidéliser par la flexibilité

Pierre-Luc Trudel|Édition de la mi‑octobre 2023

Fidéliser par la flexibilité

Même pour le recrutement, les avantages sociaux exercent une certaine influence, puisqu’ils donnent aux candidats une bonne indication de la culture d’entreprise. (Photo: 123RF)

AVANTAGES SOCIAUX ET RÉGIMES DE RETRAITE. Les régimes d’avantages sociaux peuvent jouer un rôle de premier plan en matière de recrutement et de rétention des employés, à condition qu’ils soient adaptés à la nouvelle réalité du monde du travail. État des lieux.

« Ça fait plusieurs années qu’on veut mettre l’accent sur la flexibilité et le bien-être dans notre programme d’avantages sociaux », a expliqué Frédéric Létourneau, vice-président, rémunération globale à la Banque Nationale, lors de la plus récente Conférence annuelle de l’Association de la retraite et des avantages sociaux du Québec (ARASQ). « La réflexion était déjà bien entamée avant la pandémie, ce qui nous a permis de rapidement apporter certains changements. »

L’institution financière a notamment déployé les soins de santé virtuels à l’ensemble de ses employés ainsi qu’une toute nouvelle clinique de sommeil. Elle table cependant sur un projet beaucoup plus ambitieux pour l’avenir de son régime d’avantages sociaux.

« On réalise que notre offre est généreuse, mais que les employés ne l’apprécient pas assez, remarque Frédéric Létourneau. À terme, l’idée est d’aller vers quelque chose de totalement flexible, d’allouer un certain montant que les participants pourront dépenser comme ils le souhaitent à travers l’ensemble de l’offre d’avantages sociaux et de retraite. »

Une protection d’assurance de base sera obligatoire afin de garantir un minimum de sécurité à tous, mais davantage de dollars flexibles seront octroyés, permettant aux employés de personnaliser leur couverture. Ces sommes pourront même être redirigées vers le régime de retraite à cotisation déterminée ou, à l’inverse, les participants pourront réduire les cotisations à ce dernier, y compris celles de l’employeur, et les utiliser pour bonifier leur couverture santé.

 

Quand l’inflation s’en mêle

Frédéric Létourneau concède néanmoins que le contexte inflationniste complique la gestion des budgets de rémunération globale. « On doit suivre la cadence pour les augmentations salariales, ce qui nous force à reporter certains projets d’investissement liés aux avantages sociaux », dit-il, en précisant que la banque adopte une approche équilibrée en la matière. « On a des milliers d’employés, les décisions que l’on prend concernant les hausses de salaire peuvent avoir une influence à plus grande échelle. On ne veut pas non plus créer une spirale inflationniste. »

Si la forte pression sur les salaires peut diminuer la soif des employeurs de réinvestir dans les autres composantes de la rémunération globale, l’expert en recrutement Vincent Decitre rappelle que les avantages sociaux demeurent un puissant outil de rétention des talents. « Dans le contexte actuel, c’est certain que vos meilleurs employés vont se faire approcher par d’autres employeurs. S’ils ont bien conscience de tous les avantages sociaux dont ils bénéficient, ils seront peut-être moins tentés d’aller voir ailleurs. »

Même pour le recrutement, les avantages sociaux exercent une certaine influence, puisqu’ils donnent aux candidats une bonne indication de la culture d’entreprise, dit-il.

 

Ce texte est paru dans Avantages le 21 novembre 2022.

La hausse annuelle des coûts de soins se chiffre à 6 ou 7 % depuis plusieurs années au ¬Canada. Bien qu’il y ait encore beaucoup d’incertitude quant à la durée des pressions inflationnistes mondiales, ¬Aon prévoit une hausse de 7,5 % des coûts des soins médicaux offerts par les employeurs canadiens en 2023. 
Outre le développement de nouveaux médicaments biologiques qui entraîne une hausse des dépenses depuis plusieurs années, certains fournisseurs de soins de santé ont augmenté de façon importante leurs tarifs en 2023. « L’Association des chirurgiens dentistes du ¬Québec a publié son guide des tarifs des soins ¬bucco-dentaires et on a vu une augmentation moyenne de 9,8 % au 1er janvier 2023, indique ¬Dominique ¬Millette, directrice, développement des affaires à iA ¬Groupe financier. Ce n’est qu’un exemple parmi toute la gamme de services, et cela a indéniablement une incidence directe sur le coût des assurances collectives. »
Par ailleurs, plusieurs pathologies exercent une pression sur les dépenses en santé, notamment les maladies ¬auto-immunes, le diabète et les troubles de santé mentale, soit en raison d’une plus grande prévalence, soit en raison de nouveaux traitements plus coûteux. Finalement, « la pandémie a entraîné d’importants retards dans les chirurgies et les tests diagnostiques, ce qui a un effet sur la santé des individus et, ultimement, risque d’entraîner des coûts plus élevés », rappelle ¬Martin ¬Charron, associé, assurance collective chez ¬Normandin ¬Beaudry.
L’année 2024 pourrait être encore plus difficile, selon ¬Cathy ¬Perron, codirectrice des Solutions pour la santé d’Aon ¬Canada. « ¬La façon dont on calcule notre tarification dans nos régimes comprend l’expérience passée, de telle sorte qu’on n’a pas l’impact de l’inflation au moment où elle arrive, ¬explique-t-elle. On peut donc s’attendre à voir l’incidence des hausses arriver de deux à six mois plus tard que ce qu’on perçoit dans notre quotidien. »
Miser sur la flexibilité… et les soins virtuels
Dans ce contexte économique difficile, combiné à une pénurie d’employés, les employeurs tentent d’optimiser les dépenses en avantages sociaux afin de rester compétitifs. Différents produits mis à la disposition des employés s’avèrent particulièrement appréciés, notamment les soins de santé virtuels. « ¬Cela représente seulement quelques dollars par mois par certificat et les taux d’utilisation de ce service sont très élevés », mentionne ¬Dominique ¬Millette. Un sondage ¬Ipsos mené en 2020 a d’ailleurs révélé que 72 % des ¬Canadiens verraient leur employeur de façon plus positive si on leur offrait un service de télémédecine.
Plus généralement, la santé et le ¬bien-être sont les piliers d’une culture d’entreprise solide. « Une personne en début de carrière a des besoins différents d’une personne près de la retraite, constate ¬Cathy ¬Perron. Il faut donc s’adapter à sa population. Un régime flexible répondra aux attentes de plus de gens. C’est un élément qui ne coûte pas très cher et qui donne énormément de satisfaction aux employés. »
Il suffit de quelques options supplémentaires, comme les soins de santé virtuels, pour rendre un régime flexible. « ¬Même une petite entreprise qui a peu de budget peut se donner de la flexibilité, ajoute ¬Cathy ¬Perron. Il suffit d’opter pour un régime plus minimaliste, de façon à procurer plus de flexibilité aux employés. L’employeur offre la base qu’il juge nécessaire. »
Les comptes de soins de santé, pour couvrir des dépenses médicales non remboursées par leur régime, et les comptes de ¬mieux-être ont également gagné en popularité. « Plusieurs employeurs en ont élargi la portée, mentionne ¬Martin ¬Charron. Au départ, ces comptes permettaient surtout de rembourser des frais pour des activités physiques ou des équipements sportifs, mais plusieurs autorisent maintenant le remboursement des frais liés au maintien de la santé mentale, des frais de garde ou d’autres services domestiques, des titres de transport en commun ou des équipements de bureau pour le télétravail. »
Et à la question : salaire ou avantages sociaux ? Cathy ¬Perron répond que les stratégies adoptées concernant les salaires et les avantages sociaux doivent être le reflet d’une culture organisationnelle. « Quand ils choisissent un employeur, les gens ne veulent pas juste accepter une offre mirobolante. On a vu des gens revenir à leur employeur précédent, parce que le salaire n’est pas tout. La culture d’entreprise, c’est très important dans le quotidien des gens. »
Encadré
73 % des employés de 18 à 34 ans et 69 % des employés de 35 à 44 ans sont susceptibles de changer d’employeur afin de profiter d’un meilleur régime d’avantages sociaux.
Dans un bon régime d’avantages sociaux, les travailleurs recherchent avant tout :
Du soutien en santé mentale : 88 % 
Un compte de soins de santé : 80 % 
Des couvertures facultatives
personnalisées : 79 %
Source : ¬RBC Assurance