L’offre d’assurance se métamorphose. Les programmes de mieux-être gagnent en popularité par rapport aux assurances dentaires et à celles liées aux soins de la vue, par exemple. (Photo: Adobe Stock)
ASSURANCES COLLECTIVES. Face aux nouvelles sources de stress de leur personnel, comme l’écoanxiété, l’isolement engendré par le télétravail, ou d’autres préoccupations comme celles d’être ou de devenir proches aidants, les entreprises passent en mode solution.
La pandémie a eu un effet remarquable sur l’organisation du travail. Pour beaucoup d’employés, passer des jours à la maison, loin du bureau, est devenu chose commune. Bien des avantages y sont associés, comme les coûts moindres liés au navettage, autant en temps qu’en argent. Pour certains travailleurs, en revanche, le télétravail a également des conséquences négatives sur leur santé mentale, note Patrick Dufault, CRHA et PDG et partenaire stratégie RH à KI-AI Conseils RH. « On sait que l’isolement social est très répandu en Occident, et le Québec n’est pas épargné, dit-il. Mais c’est encore tabou de dire que l’on se sent seul, peut-être même encore plus que de dire que l’on est en dépression. »
Au sein de la génération des 35 ans et moins, plus spécifiquement, c’est l’écoanxiété qui est en émergence. « Pour certains, le sentiment d’urgence climatique va les habiter, et ce sera une source de stress importante. Ils peuvent être très angoissés par les enjeux climatiques, une situation qu’ils jugent très grave », remarque Patrick Dufault. Il ajoute que les changements climatiques peuvent même avoir des conséquences plus directes sur le stress. Dans certains milieux de travail non climatisés, par exemple, la chaleur plus intense liée au réchauffement du climat peut causer un stress physique additionnel.
Par ailleurs, sur le milieu de travail lui-même, la transformation numérique des entreprises peut aussi faire augmenter l’anxiété des employés, ajoute Patrick Dufault. Voyant leur milieu professionnel se transformer, ils sont souvent confrontés à la nécessité de repenser leurs façons de faire. Ce besoin d’adaptation peut alors engendrer de l’angoisse.
Les tendances dans les assurances
Pour aider les employés à gérer leur stress, les employeurs adaptent leurs régimes d’assurances collectives, note le PDG. Les assureurs adaptent également leur offre. De façon générale, Patrick Dufault observe deux tendances. D’abord, les employés ont accès à une offre plus flexible, à la carte. « Les employeurs et les assureurs ont de plus en plus tendance à travailler ensemble pour offrir aux employés des couvertures d’assurance personnalisées, plutôt qu’un plan familial ou individuel standardisé et identique pour tous », dit le PDG.
Ensuite, l’offre d’assurance a tendance à se métamorphoser. En effet, constate Patrick Dufault, les programmes de mieux-être gagnent en popularité par rapport aux assurances dentaires et aux assurances pour les soins de la vue, par exemple. « Plusieurs assureurs offrent désormais les frais d’autosoins en santé mentale, comme les thérapies psychologiques, ou encore la massothérapie. »
L’assureur devient partenaire
À iA Groupe financier, la cheffe de produits en santé et bien-être en solutions d’assurance et d’épargne collectives, Eveline Keable, observe également une multiplication des sources de stress chez les employés. À l’isolement et l’écoanxiété, elle ajoute le stress des proches aidants.
« Surtout après 40 ans, les gens sont plus sollicités pour être des proches aidants, par exemple pour des parents vieillissants », dit-elle. La pénurie de main-d’œuvre perdurant, les employeurs veulent déployer davantage d’efforts pour garder leurs employés au travail.
Comme Patrick Dufault, elle note que les assureurs fournissent des efforts importants pour faire évoluer conséquemment leur offre d’assurances collectives. « Les montants disponibles pour consulter des psychologues, des physiothérapeutes et d’autres professionnels de la santé ont tendance à augmenter, illustre-t-elle. On donne aussi accès à des programmes de bien-être en matière de nutrition, de saines habitudes de vie, ou encore de remise en forme. »
Les régimes de retraite, eux aussi, évoluent à leur façon : face à l’écoanxiété et à la sensibilisation des employeurs et des employés sur la question des changements climatiques, les entreprises se tournent de plus en plus vers les placements environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Plus largement, alors que de nombreux employeurs intègrent une stratégie en santé mentale dans leur planification stratégique, ceux-ci font appel aux assureurs pour les épauler dans ce processus. « Les employeurs vont donc appeler les assureurs pour travailler, comme partenaires, à bâtir une culture de santé, dit Eveline Keable. On peut alors les conseiller et leur offrir des outils pour combler ces besoins-là. »
Avec la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, sanctionnée en octobre 2021, les employeurs sont maintenant tenus de protéger leurs employés des risques psychosociaux liés au travail au même titre que les risques physiques. Les assureurs ont aussi leur rôle à jouer. « Les meilleurs alliés des entreprises pour y arriver sont peut-être les assureurs, dit Eveline Keable. On peut les conseiller sur les meilleures initiatives à mettre en place, les envoyer vers des partenaires externes, ou encore leur proposer des protections dans leur régime d’assurance. »
