La stratégie en deux axes pour réduire le stress à Hydro-Québec
Simon Lord|Édition de la mi‑octobre 2024En plus des conférences, Hydro-Québec organise un ensemble d’activités en libre-service sur les saines habitudes de vie, notamment la gestion du stress elle-même, mais également des sujets connexes, comme l’alimentation et l’activité physique. (Photo: 123RF)
ASSURANCES COLLECTIVES. Pour s’assurer d’avoir des équipes au meilleur de leurs capacités, Hydro-Québec a mis en place un cocktail d’initiatives pour prévenir et réduire le stress de ses employés. Formulée en deux axes, individuel et organisationnel, sa stratégie tente de toucher un large éventail de types de stress.
Les effets organisationnels du stress des employés sont bien connus de Justine Granger, psychologue de formation et cheffe du Centre d’excellence en santé globale à Hydro-Québec. « La littérature le montre bien. Le stress augmente dans les entreprises et cause de l’absentéisme, du présentéisme et une baisse de productivité », dit-elle. Hydro-Québec, le quatrième plus grand employeur de la province, n’est pas à l’abri de tout ça.
D’où l’importance du centre, qui s’occupe entre autres de créer des initiatives pour combattre le stress et assurer la santé et le mieux-être des employés. « Ultimement, on combat le stress parce qu’il impacte la performance organisationnelle, dit Justine Granger. Les coûts de la non-santé sont immenses ! On a besoin de notre monde, alors on veut qu’il soit en santé, c’est notre responsabilité de nous en occuper. »
L’axe individuel
Les interventions d’Hydro-Québec en matière de stress s’organisent autour de deux grands axes. Le premier est l’axe individuel, qui regroupe toutes les initiatives visant à enseigner aux employés comment mieux prévenir et gérer leur propre stress. Un des pans de cet axe consiste en l’organisation de conférences touchant au stress et à ce qui l’affecte. Récemment, la société d’État a par exemple présenté une conférence avec Sonia Lupien, professeure en psychologie à l’Université de Montréal et directrice du Centre d’études sur le stress humain. Elle en a organisé une autre avec la nutritionniste Isabelle Huot.
« Pour nos employés qui sont sur le terrain et qui n’auraient pas accès à un ordinateur pour assister aux conférences, on organise des activités en personne », explique Justine Granger. Des infirmiers et des conseillers en santé, par exemple, peuvent être envoyés à la rencontre des travailleurs pour prendre leur pouls et les conseiller.
En plus des conférences, Hydro-Québec organise un ensemble d’activités en libre-service sur les saines habitudes de vie, notamment la gestion du stress elle-même, mais également des sujets connexes, comme l’alimentation et l’activité physique.
L’initiative la plus personnelle, cependant, reste peut-être celle des délégués sociaux, soit un réseau d’employés jouant le rôle d’ambassadeurs et de pairs aidants. Justine Granger explique que ces employés reçoivent une formation sur les premiers soins psychologiques touch notamment à la bienveillance et à l’écoute active. Leur objectif : offrir du soutien aux employés qui en ont besoin, que ce soit en raison d’un stress ou pour toute autre raison.
Leur rôle se divise en deux volets. D’abord, ils se rendent disponibles pour les employés qui les approchent pour obtenir du soutien, et ensuite, ils peuvent approcher les employés plus directement s’ils perçoivent qu’un collègue vit un moment difficile.
« Ces gens-là, ce sont des références, des sentinelles dans leur milieu de travail, dit Justine Granger. C’est difficile de quantifier l’impact d’un tel programme, mais c’est sûr que ça fait un filet de sécurité plus solide, et ça donne une meilleure lecture de l’état de santé psychologique des équipes. »
L’axe organisationnel
Le second axe d’intervention d’Hydro-Québec sur le plan du stress est l’axe organisationnel. Celui-ci consiste en l’amélioration des environnements de travail pour réduire le stress lui-même et favoriser la résilience des employés.
Suivant l’entrée en vigueur en 2021 de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, Hydro-Québec travaille notamment à mieux intégrer la santé psychologique dans ses programmes de prévention des risques en santé et sécurité. « En pratique, ça se traduit par la mise en place de politiques pour prévenir la violence et le harcèlement et par une prise en charge des employés en cas d’événements traumatiques », illustre Justine Granger.
Dans le cas d’un accident de travail causant un décès, par exemple, l’organisation aurait un plan d’action pour offrir aux collègues et aux employés un soutien psychologique. « Nous avons une personne spécialisée dans la prise en charge de ces événements, dit Justine Granger. Elle coordonnera les mesures à mettre en place, notamment par le programme d’aide aux employés, comme s’assurer de la disponibilité de psychologues pour ceux qui désirent parler. »
La société d’État est par ailleurs en train de se construire un tableau de bord pour faire un meilleur suivi de l’état de santé de ses équipes, entre autres sur le plan du stress. Si on relève des risques, des interventions peuvent alors être planifiées.
Dans quelle mesure toutes ces interventions permettent-elles à Hydro-Québec de réduire le stress de ses équipes ? Selon Justine Granger, il reste difficile de mesurer l’effet précis de ce type de programme. « Par contre, je peux vous dire qu’Hydro-Québec a un taux d’absentéisme plus bas que la moyenne des entreprises au Québec. »