Malbouffe et obésité: Kennedy peut-il tout changer?
John Plassard|Publié à 16h30 | Mis à jour il y a 55 secondes(Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. Vous l’avez certainement oublié à force qu’on vous le répète: manger du «fast food» ou grignoter des collations est extrêmement bon, mais c’est une bombe à retardement pour votre corps.
Ce type de «plaisir défendu» ayant pris naissance aux États-Unis est maintenant rentré dans les mœurs de tout le monde.
Revers de la médaille: c’est devenu un problème de société grave au point d’alerter les autorités sanitaires.
Devant ce fléau de la société moderne, Robert F. Kennedy Jr (s’il est confirmé), devrait s’y attaquer et faire trembler de nombreuses entreprises.
Les faits
L’obésité est devenue l’un des problèmes de santé publique les plus urgents aux États-Unis, touchant des millions de personnes et exerçant une pression considérable sur le système de santé.
Avec plus de 40% des adultes classés comme obèses, les États-Unis sont en tête des pays développés en termes de taux d’obésité, dépassant de loin les moyennes mondiales.
Les conséquences sont graves: risques accrus de maladies cardiaques, de diabète et de certains cancers, augmentation des coûts des soins de santé et des taux de mortalité.
Pourtant, la situation est loin d’être uniforme dans tout le pays. Les données du CDC mettent en évidence d’importantes disparités entre les États, avec des taux d’obésité dépassant 40% dans des États du sud et du centre-ouest comme le Mississippi, la Virginie-Occidentale et l’Alabama.
Dans le même temps, des États comme le Colorado et Hawaï affichent des taux beaucoup plus faibles, le Colorado et Washington D.C. étant les seules régions où les taux d’obésité sont inférieurs à 25%.
Ces écarts peuvent être attribués à un mélange de niveaux de revenus, de niveaux d’éducation, d’accès aux soins de santé, de points de vue culturels sur la santé et de facteurs géographiques qui influencent les habitudes quotidiennes.
L’inégalité économique reste un facteur clé, car les communautés à faibles revenus manquent souvent d’options alimentaires saines et abordables et d’espaces sûrs pour faire de l’exercice.
Les États où le niveau d’éducation est plus élevé ont tendance à être mieux sensibilisés à la santé et au bien-être, ce qui se traduit par des taux d’obésité plus faibles. En fait, la classe sociale est le marqueur principal du niveau d’obésité.
La géographie joue également un rôle: des États comme le Colorado, où les possibilités de loisirs en plein air sont nombreuses, enregistrent généralement des taux d’obésité inférieurs à ceux des régions au climat plus rude ou disposant de moins de ressources pour une vie active.
Les statistiques de la démesure
L’Organisation mondiale de la santé relève plusieurs statistiques et faits:
• L’obésité dans le monde a presque triplé depuis 1975.
• En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes de 18 ans et plus étaient en surpoids.
Parmi eux, plus de 650 millions étaient obèses.
• La majorité de la population mondiale vit dans des pays où le surpoids et
l’obésité tuent plus de gens que l’insuffisance pondérale.
• 38 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses en 2019.
• Plus de 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids ou obèses en 2016.
Par ailleurs, selon un nouveau rapport, 51% de la population mondiale sera en surpoids ou obèse d’ici 2035, les pays les plus touchés étant l’Asie et l’Afrique.
Le rapport de la Fédération mondiale de l’obésité (World_Obesity_Atlas_2023_Press_Release.pdf (worldobesityday.org) affirme que les problèmes liés au surpoids et à l’obésité pourraient coûter 4’50 milliards de dollars américains (G$US) par an d’ici 2035 si la prévention et la prise en charge ne s’améliorent pas.
Le rapport indique que ses estimations se concrétiseront si les tendances actuelles se poursuivent.
L’obésité infantile pourrait plus que doubler d’ici 2035 par rapport au niveau de 2020, indique le rapport, ajoutant que les pays à faible revenu, tous en Asie et en Afrique, seront les plus durement touchés.
Un problème américain, mais pas seulement
Aux États-Unis, l’un des principaux obstacles auxquels sont confrontés les recruteurs de l’armée est l’obésité, qui est devenue un problème de santé majeur pour les Américains. En 2030, la prévalence de l’obésité dans la population adulte atteindra près de 42%.
En outre, les recherches montrent que les subventions alimentaires du gouvernement sont un facteur important de l’obésité.
Une étude réalisée en 2022 a établi un lien entre le fait de bénéficier d’une aide alimentaire et le risque accru de devenir obèse en consommant des aliments malsains. C’est particulièrement vrai pour les participants au Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP).
Juste avant l’arrivée du coronavirus, le CDC (Centers for Disease Control) en accord avec le gouvernement publiait une étude qui signalait que plus de 4 adultes américains sur 10 étaient obèses et qu’une personne sur dix était gravement obèse.
Les résultats proviennent de l’enquête annuelle sur la santé des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour 2017-2018, où plus de 5000 adultes américains ont mesuré leur taille et leur poids.
Pour 2017-2018, l’enquête a enregistré un record de 42% de personnes se situant dans le seuil d’obésité, dont plus de 9% dans le seuil d’obésité sévère. Ces chiffres sont en hausse de 2% et 8%, respectivement, par rapport à l’enquête sur la santé de 2015-2016.
Les taux d’obésité dans le pays n’ont cessé d’augmenter au cours des deux dernières décennies. En 1999-2000, la même enquête de santé a révélé un taux d’obésité d’environ 30%, ce qui est bien inférieur aux 42% enregistrés en 2017-2018 et facilement significatifs sur le plan statistique.
Un coût pour la santé
L’obésité est une véritable crise dans le monde, mais surtout aux États-Unis où elle a été mise en évidence par un rapport de l’OCDE qui montre à quel point la prise de poids coûte aux systèmes de santé du monde entier.
Les personnes obèses ont en effet tendance à recourir plus fréquemment aux services de santé, avec un taux plus élevé de visites de soins spécialisés, d’hospitalisations et d’opérations chirurgicales, ce qui entraîne une augmentation des dépenses de santé.
Selon l’OCDE, les personnes obèses se font prescrire 2,4 fois plus de médicaments que les personnes de poids normal en moyenne, tandis que les séjours à l’hôpital sont plus longs et nécessitent des traitements plus coûteux et plus complexes.
L’obésité est par exemple responsable de 70% de tous les coûts de traitement du diabète, de 23% des coûts de traitement des maladies cardiovasculaires et de 9% des cancers.
En moyenne, le traitement des maladies causées par un excès de poids coûte 8,4% des dépenses totales de santé dans les pays de l’OCDE.
Se pose alors la question de savoir où la charge financière est la plus lourde. Il n’est pas surprenant que ce soient les États-Unis qui doivent dépenser le plus pour lutter contre la surcharge pondérale. L’obésité devrait coûter au système de santé 644$US par habitant et par an de 2020 à 2050, soit 14% des dépenses totales de santé des États-Unis.
En comparaison, le Canada ne devra dépenser «que» 295$ par an pendant la même période, ce qui équivaut à 11% de ses dépenses totales de santé.
Que propose Kennedy?
Sous la bannière «Make America Healthy Again», Robert F. Kennedy Jr. est le fer de lance d’un programme audacieux et controversé de lutte contre les maladies chroniques et de refonte du système de santé publique américain.
Sa vision, alignée sur celle du président élu Donald Trump, n’est rien moins que transformatrice: s’attaquer à «l’empoisonnement de masse» par Big Pharma et Big Food, éradiquer la corruption dans les agences fédérales et promouvoir la santé préventive plutôt que la dépendance à l’égard des médicaments.
C’est une mission que Kennedy lui-même a décrite comme une «bataille existentielle» pour l’avenir de la nation.
L’élément central de ce programme est la répression des produits chimiques nocifs dans l’alimentation, que Robert F. Kennedy accuse d’être à l’origine de l’augmentation des problèmes de santé. Il prévoit d’interdire les additifs toxiques et les pesticides, de réviser les directives fédérales en matière de nutrition et de faire pression pour que les repas scolaires soient plus propres et plus sains.
En mettant l’accent sur une alimentation plus saine plutôt que sur les aliments transformés, Robert F. Kennedy pense que l’Amérique peut améliorer considérablement sa santé, même s’il reconnaît que les changements systémiques nécessiteront à la fois une volonté politique et l’adhésion du public.
Le plan de Robert F. Kennedy ne s’arrête pas à l’alimentation. Il a appelé à une refonte radicale des politiques de santé, notamment en promouvant l’exercice physique et les régimes alimentaires sains en tant que traitements viables couverts par Medicare et Medicaid. Son idée? Les médecins devraient prescrire des abonnements à des salles de sport et des aliments sains, et pas seulement des médicaments comme Ozempic.
Cette approche «l’alimentation est un médicament» pourrait marquer un changement de paradigme dans la manière dont les États-Unis s’attaquent à l’obésité et aux maladies chroniques.
La position de Robert F. Kennedy sur les vaccins est tout aussi controversée. Bien qu’il se défende d’être «anti-vaccins», sa rhétorique mettant en doute la sécurité des vaccins et prônant un «choix éclairé» a suscité de vives critiques.
Robert F. Kennedy plaide pour la transparence, insistant sur le fait que les Américains devraient connaître les risques et les avantages de chaque intervention médicale. Pourtant, son affirmation selon laquelle «aucun vaccin n’est entièrement sûr et efficace» reste très controversée et suscite l’inquiétude des experts en santé publique.
Les défis sont importants et les propositions de Robert F. Kennedy se heurtent à des obstacles considérables, qu’il s’agisse de recours juridiques ou de résistance au sein du Congrès.
Mais son ambition est claire: obtenir des résultats mesurables dans les deux ans en s’attaquant aux causes profondes de la crise sanitaire américaine. Il reste à voir si ses promesses se traduiront en actes, mais une chose est sûre : Robert F. Kennedy vise à bousculer le statu quo d’une manière qui tiendra Washington et Wall Street en haleine.
À SUIVRE -> Certains fabricants alimentaires tremblent
Certains fabricants alimentaires tremblent
Les entreprises des secteurs de la malbouffe, des collations et des aliments transformés s’inquiètent du programme «Make America Healthy Again» (MAHA) de Robert F. Kennedy Jr. sous la présidence de Donald Trump, qui cible les additifs alimentaires, les huiles de graines et les produits ultra-transformés.
Des cabinets de lobbying, dont Invariant, qui représente des géants comme McDonald’s, PepsiCo et Coca-Cola, ont déjà commencé à élaborer des stratégies pour réduire l’influence de Robert F. Kennedy, notamment en faisant pression sur le Congrès pour qu’il limite son autorité.
Ces industries craignent que Robert F. Kennedy ne prenne des mesures contre les ingrédients nocifs, qu’il durcisse la réglementation alimentaire et qu’il interdise la publicité pharmaceutique directe au consommateur, ce qui pourrait perturber leurs modèles d’entreprise.
Parallèlement, la dynamique populiste autour de la réforme de la santé, alimentée par des figures médiatiques indépendantes comme Joe Rogan, a amplifié la portée de Robert F. Kennedy, redéfinissant les priorités des républicains et attirant des électeurs plus jeunes.
À l’approche de la confirmation du Sénat, les entreprises du secteur de l’alimentation et des boissons se préparent à négocier avec les décideurs politiques, dans le but de diluer les initiatives ambitieuses de Robert F. Kennedy en matière de santé.
Kellogg par exemple, le fabricant des Froot Loops, fait l’objet d’un examen de plus en plus minutieux alors que Robert F. Kennedy Jr, le futur secrétaire d’État à la santé publique, cible les colorants alimentaires artificiels pour leurs risques potentiels pour la santé.
Les détracteurs, dont Robert F. Kennedy, affirment que les entreprises privilégient les économies sur la santé en utilisant des colorants synthétiques, qui font l’objet de restrictions dans certains pays, mais restent très répandus dans les produits américains.
Les récentes interdictions de certains additifs en Californie ont accentué la pression sur des fabricants comme Kellogg et Mars pour qu’ils reformulent leurs produits, malgré la résistance des consommateurs aux changements de goût et d’apparence.
À SUIVRE -> Qui sont les perdants, qui sont les gagnants?
Qui sont les perdants, qui sont les gagnants?
Il faut tout d’abord rappeler ici qu’il est extrêmement difficile de déterminer quelle est la part de «malbouffe» que vendent les grands groupes, on sait cependant que c’est une industrie florissante avec:
• PepsiCo: La société détient notamment Lay’s, Doritos, Tropicana, Gatorade et Quaker. La société contrôle 88 % du marché des trempettes aux États-Unis.
• Nestlé : Ses marques les plus connues sont Kit Kat, Nescafé, Nesquik, Nestea et Purina.
• Coca-Cola : La société est le plus grand fabricant de boissons non alcoolisées au monde, avec plus de 500 marques de boissons, dont Coca-Cola, Sprite, Fanta, Minute Maid, Powerade et Dasani. Elle détient également une participation dans Monster Energy et a conclu un partenariat avec McDonald’s.
• Kraft Heinz : Cette entreprise produit de nombreux aliments transformés, tels que du fromage, du ketchup, de la mayonnaise, de la vinaigrette, des macaronis au fromage et des Lunchables. Elle possède également des marques comme Oscar Mayer, Philadelphia, Maxwell House et Ore-Ida.
• General Mills : Cette société est l’un des plus grands fabricants de céréales au monde, avec des marques comme Cheerios, Lucky Charms, Cinnamon Toast Crunch et Chex. Elle fabrique également d’autres produits comme le yaourt Yoplait, la crème glacée Häagen-Dazs, les préparations pour pâtisserie Betty Crocker et la pâte Pillsbury.
• Kellogg’s : Kellogg’s, produit une gamme d’articles de malbouffe populaires. Il s’agit notamment des Pop-Tarts sucrés, des Cheez-It savoureux et des croustilles Pringles. Elle propose également des Rice Krispies Treats, des gaufres Eggo et des barres Special K, dont la plupart sont riches en sucre et en additifs. Ces produits sont souvent critiqués pour leur contenu nutritionnel.
Mais, devant le changement d’habitude des consommateurs ces dernières années, ces grands groupes n’ont pas attendu l’arrivée des nouveaux médicaments anti- obésité et ont pris le taureau par les cornes en proposant des en-cas et des boissons plus saines.
• PepsiCo : L’entreprise a investi dans des en-cas et des boissons plus sains, tels que Naked Juice, le houmous Sabra, les SunChips et l’eau gazeuse Bubly. Elle a également lancé une nouvelle marque appelée Imag!ne en 2018, qui propose des étoiles au fromage et des croustilles au yaourt pour les enfants.
• Nestlé : L’entreprise a reformulé certains de ses produits pour en réduire la teneur en sucre, en sel et en matières grasses. Elle a également acquis plusieurs marques axées sur la santé, telles que Garden of Life, Sweet Earth et Blue Bottle Coffee. Elle a également lancé une nouvelle gamme de hamburgers et de saucisses à base de plantes sous les marques Awesome Burger et Awesome Sausage.
• Coca-Cola : La société a diversifié son portefeuille de boissons pour y inclure davantage de boissons hypocaloriques, sans sucre et fonctionnelles, telles que Coca-Cola Zero Sugar, Honest Tea, Zico coconut water et Smartwater. Elle a également lancé une nouvelle marque appelée Coca-Cola Energy en 2019, qui contient de la caféine provenant de sources naturelles et de l’extrait de guarana.
• Kraft Heinz : L’entreprise a tenté de réorganiser certains de ses produits, notamment en réduisant les conservateurs artificiels dans les tranches de fromage Kraft Singles et en ajoutant davantage de légumes au ketchup Heinz. Elle a également lancé une nouvelle marque appelée Springboard en 2018, qui se concentre sur les aliments biologiques, naturels et à base de plantes.
• General Mills : L’entreprise a élargi son portefeuille d’aliments naturels et biologiques, tels que Annie’s Homegrown, Cascadian Farm, Muir Glen et Epic Provisions. Elle a également acquis plusieurs marques axées sur la santé, telles que Lärabar, Nature Valley et Blue Buffalo pet food. Elle a également lancé une nouvelle gamme d’en-cas adaptés au régime alimentaire sous la marque Ratio en 2020.
• Kellogg’s: Kellogg’s propose une gamme de produits destinés aux consommateurs soucieux de leur santé, en plus de ses options traditionnelles de collations et de céréales. On trouve les céréales et les barres Special K, qui contiennent des céréales complètes et des nutriments essentiels pour favoriser une alimentation équilibrée. L’entreprise possède également Kashi, connu pour ses céréales et en-cas biologiques à base de plantes, et Bear Naked Granola, qui est peu transformé et riche en ingrédients naturels. Kellogg’s propose aussi MorningStar Farms, une gamme populaire de produits végétariens et végétaliens. En outre, les céréales All-Bran, riches en fibres, favorisent la santé digestive et témoignent de l’engagement de Kellogg à répondre à des besoins alimentaires diversifiés.
Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont certaines des plus grandes entreprises de malbouffe tentent de s’adapter à l’évolution des préférences des consommateurs pour des aliments plus sains. Toutefois, il est important de noter que tous ces produits ne sont pas nécessairement sains ou nutritifs. Certains d’entre eux peuvent encore contenir des quantités élevées de calories, de sucre, de sodium ou d’additifs.
Cependant, aucune entreprise produisant de la malbouffe ne sera épargnée si Robert F. Kennedy Jr est confirmé au gouvernement et met en place un programme jugé titanesque où bien des personnes s’y sont déjà cassé les dents (on songe notamment à Michelle Obama).
Enfin, ceux qui devraient continuer à bénéficier de la thématique pourraient être les entreprises spécialisées dans la nourriture considérée comme plus saine (n’hésitez pas à nous demander plus de détails sur la thématique).
Synthèse
L’obésité est devenue une crise mondiale majeure, touchant particulièrement les États-Unis, où elle a des répercussions sur la santé publique, l’économie, et même les capacités de recrutement militaire. Sous la bannière «Make America Healthy Again», Robert F. Kennedy Jr. propose un plan ambitieux visant à réduire les maladies chroniques en interdisant les additifs alimentaires nocifs et en promouvant des politiques de santé préventive. Ce programme pourrait bouleverser l’industrie de la malbouffe, tout en stimulant les entreprises axées sur des produits plus sains.
Malgré les tentatives passées de réforme, l’application des mesures de Kennedy, si confirmées, représente un défi colossal, mais nécessaire face à l’urgence sanitaire actuelle.