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Réduire le coût du stress financier

Simon Lord|Édition de la mi‑octobre 2024

Réduire le coût du stress financier

Les employés préoccupés par leurs finances au travail ont coûté aux employeurs canadiens plus de 40 milliards de dollars en 2022, soit presque le double des 26,9 G $ calculés en 2021. (Photo: 123RF)

ASSURANCES COLLECTIVES. L’argent continue de préoccuper les Québécois et les Canadiens. Ce stress engendre des conséquences sur le milieu de travail, notamment un absentéisme et une perte de productivité qui coûtent chaque année 1786 $ par personne aux employeurs du pays, selon Manuvie. Quelles stratégies mettre en place pour faire des économies ?

Selon l’Indice de stress financier 2024, publié au printemps par FP Canada, l’argent reste la principale source de stress pour les Canadiens (44 %). Il s’agit d’une augmentation importante par rapport à 2023 (40 %), et même à 2022 (38 %).

L’étude « Indice d’anxiété financière de Centraide », publiée par Centraide du Grand Montréal, indique également que l’anxiété financière des Québécois est en augmentation par rapport aux deux dernières années. Par conséquent, la proportion des répondants qui ont de la difficulté à se concentrer au travail (ou à l’école) est passée de 30 % à 32 % entre avril 2023 et avril 2024.

Les employés sont naturellement les premiers affectés, mais les employeurs sont aussi indirectement touchés. Selon les calculs les plus récents publiés par l’Institut national de la paie, les employés préoccupés par leurs finances au travail ont coûté aux employeurs canadiens plus de 40 milliards de dollars (G $) en 2022, soit presque le double des 26,9 G $ calculés en 2021.

Une réalité que reconnaît Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. « Le stress des employés affecte clairement leur productivité, on le sent dans les organisations, dit-elle. Quand ils sont préoccupés par leur santé financière, les gens peinent à être pleinement fonctionnels. »

Ajuster le tir

Compte tenu des pressions salariales des dernières années, les employeurs n’étaient pas jusqu’ici passés en mode « grand renouvellement », observe Manon Poirier. « Les hausses de salaire ont été si importantes que les entreprises ont moins bonifié leurs assurances collectives et leur contribution aux fonds de pension. »

Les entreprises et les assureurs tentent néanmoins de faire un bout de chemin pour réduire le stress des employés. À Valeo+, par exemple, l’accent est mis principalement sur l’éducation financière. En effet, le cabinet de services financiers offre un ensemble de services qui visent à réduire le stress financier par l’entremise de l’éducation et de la littératie financière.

L’entreprise organise par exemple des conférences et des présentations virtuelles pour les employés qui souscrivent à ses assurances collectives. Le cabinet offre également des rencontres individuelles au cours desquelles un plan financier peut être élaboré. « Il faut notamment aider les gens à préparer leur renouvellement hypothécaire. C’est un méchant défi : la hausse des taux fait que certains paieront 500 $ ou 600 $ de plus par mois. Au moins, quand on l’anticipe, on peut se préparer et budgéter en conséquence », explique Vincent Boisvert, président de Valeo+.

Selon lui, les employeurs se remettent tranquillement à penser à l’expérience employé. Oui, reconnaît-il, les employés et les employeurs étaient très focalisés sur les salaires en 2021 et 2022. Aujourd’hui, on voit toutefois un retour du balancier, croit Vincent Boisvert. « En 2023‑2024, les employés recommencent à regarder les avantages sociaux », dit-il.

Régime de retraite flexible

Manuvie, un autre cabinet de services financiers, aide également les employés à mieux gérer leurs finances. Comme pour Valeo+, cela se traduit par la mise en place de programmes d’éducation financière et de rencontres individuelles.

En pratique, les employés qui participent au régime de retraite de leur employeur ont accès à un site web et à une application mobile développés par Manuvie, sur lesquels ils trouvent une gamme de contenus d’éducation financière. L’assureur fait également la promotion de ces contenus auprès des employés, par exemple en leur envoyant des courriels, explique Marc-Antoine Morin, chef de l’engagement des participants à Manuvie. « On personnalise ces promotions selon les caractéristiques du participant. S’il a 60 ans, on lui proposera du contenu explicatif sur le Régime de rentes du Québec. S’il a plutôt 30 ans, on focalisera sur le remboursement des dettes ou sur les stratégies pour parler d’argent avec un conjoint. »

Au-delà de l’éducation financière, Marc-Antoine Morin voit toutefois une nouvelle avenue se développer pour aider les employés à mieux relever leurs défis financiers : transformer les régimes de retraite afin que leur forme s’approche davantage de celle d’un régime d’épargne.

Actuellement, retirer des montants de son régime de retraite avant d’être retraité reste une affaire complexe. « Ce qu’on voit, comme tendance, est que les entreprises reconnaissent de plus en plus que les régimes manquent de flexibilité, dit Marc-Antoine Morin. Les employeurs qui innovent mettent donc en place des régimes où ils laissent à l’employé le choix de voir sa cotisation versée dans un CELI ou dans un REER. »

Si l’employé choisit un CELI, il devient alors plus facile de retirer des sommes en cas d’urgence financière. « C’est sûr que ça aide à réduire le stress des employés, ne serait-ce que de savoir que les montants sont accessibles, observe le chef de l’engagement des participants à Manuvie. Je prévois que ce sera une tendance lourde dans les années à venir. »