Les adhérents aux régimes d'assurances bénéficieraient à mieux connaître leurs services. (Photo: 123RF)
ASSURANCES ET RETRAITES. La hausse des coûts des régimes d’assurance collective provoque souvent des grincements de dents lors du renouvellement annuel. Une portion de ces augmentations peut venir d’un mauvais usage du régime. On peut donc agir pour les prévenir.
Les brochures qui expliquent les subtilités des régimes d’assurance collective font rarement partie des lectures de chevet des adhérents, qui gardent une compréhension assez superficielle de ces programmes et des frais qui y sont liés. Pourtant, ils gagneraient à mieux connaître plusieurs aspects.
« Un régime d’assurance collective doit être utilisé intelligemment, affirme Charles St-Laurent, vice-président régional au développement des affaires pour le Québec à Croix Bleue Medavie. Or, la première étape pour y arriver consiste à connaître et à comprendre ce régime. »
L’ignorance coûte cher
Selon lui, une partie des hausses de coûts peut être attribuée aux adhérents qui laissent leur état de santé physique ou mentale se détériorer parce qu’ils ne sont pas au courant que leur régime couvre certains services ou traitements. Par exemple, encore trop de participants qui ont mal au dos ne savent pas qu’ils pourraient se faire rembourser des soins de massothérapie, de physiothérapie ou même d’acupuncture.
« Les gens ignorent parfois que les types de consultations auxquels ils ont droit sont très variés et peuvent inclure les consultations en ligne ou par textos, ajoute Charles St-Laurent. C’est le cas, entre autres, pour la prévention en santé mentale, qui est tellement importante pour éviter le développement de troubles plus sérieux. »
La non-adhérence aux traitements représente un autre problème assez fréquent. Certains participants ne prennent pas leurs médicaments, ne suivent pas bien la posologie ou encore arrêtent un traitement en cours de route. On constate souvent cette situation chez ceux qui doivent contrôler leur cholestérol ou leur pression artérielle, des maladies dont on ne sent pas toujours les symptômes. Résultat : leur condition s’aggrave. « Ils doivent éventuellement consommer des médicaments plus chers, ce qui impose une pression à la hausse sur les coûts du régime », déplore Charles St-Laurent.
Le fardeau des médicaments
L’assurance médicaments pèse sur le coût des régimes d’assurance collective. Pour tenter de le réduire, l’utilisation de médicaments génériques, moins chers que les médicaments d’origine et tout aussi efficaces, se normalise. Cependant, d’autres facteurs peuvent venir gonfler l’addition, comme la différence de prix entre les pharmacies pour un même médicament. En effet, les pharmaciens facturent des frais de préparation qui varient généralement de 4 $ à 16 $ par prescription. Un médicament peut donc coûter jusqu’à 12 $ plus cher dans une pharmacie par rapport à une autre. Comme l’assurance collective rembourse souvent ces frais au moins en partie, ils contribuent à en augmenter les coûts.
« On peut magasiner pour trouver la pharmacie qui offre les frais les moins élevés, suggère Julie Roy, représentante en assurance et en rentes collectives au cabinet St-Cyr et Associés, à Val-d’Or. Dans certains cas, comme avec la pilule contraceptive, on peut aussi commander jusqu’à trois mois de pilules d’un coup. On diminuera ainsi par quatre les frais de préparation sur une année. »
Elle propose également de jeter un œil du côté des pharmacies en ligne. « Les prix y sont souvent significativement moins élevés », souligne-t-elle. Le sondage Benefits Canada 2021 montre que la pharmacie virtuelle obtient jusqu’à maintenant moins de succès que la télémédecine.
Ainsi, 43 % des participants ont reçu des soins par téléphone ou en ligne en 2021, une proportion qui grimpe à 57 % chez ceux qui étaient en mauvaise santé. Seulement 5 % s’étaient fait livrer leurs médicaments d’une pharmacie en ligne. Un peu plus d’un tiers des répondants se disaient ouverts à cette idée, contre plus de deux tiers qui s’affirmaient prêts à utiliser des services de santé virtuels.
Encadrer l’utilisation des régimes
Dans le pire des cas, la fraude peut également contribuer à l’augmentation du coût des régimes. « Des prestataires de services remettent parfois un reçu pour un service que l’assureur ne couvre pas, en le faisant passer pour un service qui est assuré, comme un gym qui donne un reçu de naturopathe, même si ce n’est pas le service utilisé par l’adhérent », illustre Louis-Philippe Corbeil Girard, conseiller en assurance collective et en avantages sociaux chez Gestion Tim Cummings.
Certains employeurs adoptent donc une politique d’utilisation du régime d’assurance collective. « Cela peut s’avérer très utile pour réduire les risques de fraude, d’usage abusif ou de surutilisation du régime et ainsi conserver un meilleur contrôle sur la progression des coûts », avance le conseiller.