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L’incompréhension des régimes a un coût

Jean-François Venne|Édition de la mi‑octobre 2022

L’incompréhension des régimes a un coût

Une mauvaise compréhension peut se répercuter sur la productivité et donc sur le rendement de l’entreprise. (Photo: 123RF)

ASSURANCES ET RETRAITES. Les programmes d’assurance et de rentes collectives constituent des outils précieux en matière de recrutement d’employés, d’augmentation de la productivité et de rétention de main-d’œuvre. Toutefois, s’ils sont mal compris, ils peuvent se retourner contre les employeurs. La communication joue un rôle clé pour éviter les dérapages. 

Beaucoup d’employeurs qui offrent de généreux régimes d’assurance et de rentes collectives négligent de bien les communiquer à leurs adhérents. Très souvent, ils se contentent de leur remettre une brochure, sans aller plus loin. Ainsi, les travailleurs ne connaissent pas l’étendue des services auxquels ils ont accès ou ignorent l’ampleur de la cotisation de l’employeur.

« C’est un peu comme lancer à un employé les clés d’une luxueuse automobile, mais sans lui dire que c’est parce qu’il a droit à une voiture de fonction », illustre Louis-Philippe Corbeil Girard, conseiller en assurance collective et en avantages sociaux chez Gestion Tim Cummings. 

Selon lui, les travailleurs qui ne comprennent pas bien leur régime peuvent finir par considérer le montant qui est retiré de leur paie simplement comme une dépense. « Ils peuvent développer une frustration envers leur employeur s’ils croient que leur programme manque de générosité, précise-t-il, ou encore quitter leur emploi pour en accepter un autre qui offre un salaire un peu meilleur, mais moins d’avantages sociaux. »

 

Le prix de la mauvaise communication

Ce type de problème peut se répercuter sur la productivité et donc sur le rendement de l’entreprise. « Mieux un régime d’assurance ou de rentes collectives est compris, plus il a d’effet sur le bien-être global des employés, c’est-à-dire à la fois sur leur santé financière, physique et mentale », avance Patrice Latour, vice-président régional aux ventes, solutions d’assurance et d’épargne collectives à IA Groupe financier.

En 2021, un sondage de Manuvie révélait que des troubles de santé mentale nuisaient au travail de quatre personnes sur dix. Plus de deux répondants sur dix affirmaient que leur santé mentale avait entravé leur travail très souvent ou extrêmement souvent. Pas moins de 68 % des répondants soutenaient qu’ils auraient été un peu ou beaucoup plus productifs au travail si leurs finances personnelles les avaient moins préoccupés.

L’incompréhension des régimes comporte aussi un coût. Par exemple, le niveau de compréhension du régime d’assurance collective joue un grand rôle dans le contrôle de ses coûts. En effet, « si plusieurs adhérents utilisent mal le régime, cela risque de faire augmenter le prix pour l’ensemble des participants et donc d’engendrer des frustrations », souligne Patrice Latour.

Autre exemple : de plus en plus d’employeurs offrent un programme d’aide aux employés ou un accès à de la télémédecine. L’objectif consiste généralement à agir en amont pour éviter la détérioration de certains problèmes de santé physique ou mentale et d’ainsi réduire l’absentéisme ou le présentéisme. « Un manque de communication provoque trop souvent une sous-utilisation de ces outils, qui fait que l’investissement de l’employeur ne donne pas les résultats espérés », déplore Louis-Philippe Corbeil Girard.

 

La question de la littératie financière 

Même lorsqu’ils souhaitent communiquer plus largement les avantages de leurs programmes collectifs d’assurance ou de rentes, les employeurs se heurtent à des niveaux de littératie financière très variés. « C’est vraiment un problème dans la capacité de comprendre les régimes collectifs et de choisir les meilleures options », reconnaît Frédéric Thériault, conseiller en assurances et en rentes collectives à SFL Gestion de patrimoine.

Selon lui, les travailleurs distinguent mal les différences entre un régime à cotisations déterminées ou à prestations déterminées ou d’autres types de régimes, comme le REER collectif, le Régime volontaire d’épargne-retraite ou le régime de participation différée aux bénéfices. 

Leur degré de sensibilisation à l’importance de préparer leur retraite reste souvent trop faible, ce qui amène bien des travailleurs à trop tarder avant de s’y consacrer plus sérieusement. Cela engendre un stress financier qui a une incidence sur la productivité au travail. 

« Notre objectif lorsque nous instaurons un régime de rentes collectives consiste aussi à sensibiliser et à éduquer les participants, confie Frédéric Thériault. C’est vraiment un gros enjeu.»

 

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Conséquences du stress financier sur la productivité au travail

— 14 % des travailleurs s’inquiètent de leurs finances chaque jour,

— Près de 70 % de ces travailleurs inquiets croient qu’ils seraient plus productifs au travail s’ils n’avaient pas de préoccupations financières (22 % beaucoup plus productifs et 46 % un peu plus productifs).

C’était surtout le cas des personnes de moins de 51 ans (29 % chez les moins de 36 ans et 20 % chez les 36-50 ans, contre 8 % chez les 51 et plus).

 

Source : Édition 2021 de l’Étude de l’équipe Produits et services d’épargne-retraite de Manuvie Canada