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Automatisation: «Tout le monde y trouve son compte»

Karl Rettino-Parazelli|Publié à 9h07

Automatisation: «Tout le monde y trouve son compte»

Le projet d’automatisation de Café William est né de la nécessité d’accroître la capacité de production pour répondre à la demande. (Photo: courtoisie)

AUTOMATISATION. Les employés de Café William avaient bien des craintes lorsque l’entreprise sherbrookoise a annoncé il y a quelques années qu’elle allait construire une nouvelle usine automatisée. Ces appréhensions se sont toutefois dissipées en l’espace de quelques mois après la mise en marche des machines.

« Certains employés avaient peur de s’ennuyer et de ne pas bouger assez parce qu’ils avaient l’habitude d’effectuer plusieurs tâches manuelles, raconte le PDG de Café William, Rémi Tremblay. Finalement, ça se passe super bien. Tout le monde y trouve son compte. »

Pour plusieurs, la robotisation est même très bénéfique : plutôt que d’effectuer des tâches exigeantes physiquement et répétitives, dans un environnement où la chaleur et le bruit sont élevés, les opérateurs qui ont les compétences nécessaires se retrouvent dans une salle climatisée et gagnent un meilleur salaire. « Ça devient des emplois plus spécialisés », explique Rémi Tremblay.

Presque sans manipulation

Le projet d’automatisation de Café William est né de la nécessité d’accroître la capacité de production pour répondre à la demande. L’entreprise a aujourd’hui deux usines dans lesquelles elle torréfie et emballe du café : son « ancienne » usine, où les tâches sont pour la plupart effectuées manuellement, et la « nouvelle » usine, presque entièrement automatisée.

« Dans l’ancienne usine, entre le moment où le café vert nous arrive et le moment où on expédie notre café torréfié, on peut toucher au produit jusqu’à dix fois, affirme Rémi Tremblay, en évoquant notamment les étapes de la réception, de la torréfaction ou encore de l’entreposage. Maintenant, dans la nouvelle usine, on a quasiment la capacité de ne pas toucher au café du tout. »

Un exemple parmi d’autres : les employés de l’usine automatisée n’ouvrent plus des sacs de jute pour déverser leur contenu une à deux fois par jour dans des silos de 30 000 livres, comme ceux de l’autre installation. Les nouveaux silos de 50 000 livres sont remplis par des robots. Cela se traduit par d’importants gains de productivité, se réjouit le patron. « En nombre de livres de café produits par employé, on n’est pas loin du double », dit-il.

Projet attendu

La nouvelle usine a été inaugurée en février 2024, mais le projet d’automatisation a été présenté aux employés bien avant, explique Rémi Tremblay. « Les gens étaient au courant de ce qui s’en venait. Ils savaient qu’on était à l’étroit dans notre ancienne usine, donc ils attendaient le projet avec impatience. »

La direction a décidé d’impliquer les employés dès le départ, en organisant notamment des rencontres pour leur expliquer quels équipements allaient être mis en place, comment allait fonctionner l’usine et quel rôle ils allaient y jouer. « Beaucoup de questions ont surgi à ce moment-là », se souvient le président de l’entreprise. Des visites ont aussi été organisées lors des travaux de construction pour montrer aux employés leur futur lieu de travail.

Rémi Tremblay reconnaît que la transition des opérations entre les deux usines ne s’est pas faite « de manière assez structurée », certains employés ayant parfois été appelés à travailler à un endroit puis à l’autre dans la même semaine. « Ça n’a sans doute pas été agréable pour les gens qui ont leurs habitudes, qui veulent savoir à quoi s’attendre », affirme-t-il.

« Effet de rétention »

Rémi Tremblay craignait que l’annonce de la nouvelle usine (située dans un quartier différent, plus loin du domicile de certains employés) et du projet d’automatisation en fasse fuir quelques-uns. Mais ce n’est pas ce qui s’est produit, assure-t-il.

« Des employés qui effectuaient des tâches manuelles sont partis avec le roulement naturel, mais toutes les personnes qui manœuvrent les machines dans la nouvelle usine ont été formées à l’interne, souligne le dirigeant. Je dirais même que la nouvelle usine a eu un effet de rétention important. »

En somme, l’expérience s’est avérée positive, à un point tel que Rémi Tremblay prévoit un autre projet d’automatisation dans 18 mois. Il veut cette fois s’attaquer au dernier maillon de la chaîne de production, celui qui consiste à mettre les sacs de café dans des boîtes de carton, en vue de la livraison chez les clients.

« Le rapport coût-bénéfice est à considérer, parce que ce n’est pas vrai que tu peux installer une machine automatisée qui va tout faire et qui n’arrêtera jamais, sans intervention humaine. Ça n’existe pas », précise-t-il.

S’il va de l’avant, il anticipe un peu de résistance de la part des employés dont les tâches seraient affectées, mais les dernières années lui auront sans doute appris qu’il est possible de la surmonter.