Paul St-Pierre Plamondon (Photo: Alexis G. / CC)
EXPERT INVITÉ. La vie d’un travailleur immigrant ne vaut rien pour Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), ou presque rien!
Ce n’est pas qu’il est intolérant, mais il préfère les robots.
Ce n’est pas qu’il ait quelque chose contre les humains, c’est juste qu’il préfère l’intelligence artificielle.
Pour Paul St-Pierre Plamondon, la survie de l’humanité, ne passe pas par l’humain, mais bien par les robots.
Dans son plan pour réduire l’immigration présenté la semaine dernière, le Parti québécois propose de ramener le nombre de travailleurs étrangers temporaires établis au Québec à 40 000, alors qu’on en compte environ 270 000.
Pour y parvenir, certains secteurs devront cesser de recourir à cette main-d’œuvre.
Pour PSPP, en dépit que le Québec soit déjà en manque de travailleurs et que l’économie cherche son second souffle, il croit que supprimer des postes, retourner les gens dans leur pays et fermer les frontières sont les moyens à privilégier pour pallier le manque de main-d’œuvre.
Paul St-Pierre Plamondon veut que les secteurs qui se sont prévalus de ce type de main-d’œuvre investissent dans l’innovation et la transformation de leurs procédés.
Il souhaite que les entreprises, déjà durement touchées par la pénurie de main-d’œuvre, cessent d’employer des humains issus de l’immigration et investissent l’argent qu’ils n’ont pas dans le déploiement de nouvelles technologies.
S’il est porté au pouvoir, PSPP promet une aide financière aux entreprises touchées. Il s’engage à aider les entreprises, mais pas les humains qui y travaillent.
Pourquoi maintenir des subventions pour certains employeurs afin qu’ils fassent travailler des humains, si nous pouvons leur couper les vivres et compter sur l’automatisation certaines tâches? Pourquoi prendre les mesures nécessaires pour régler un problème connu depuis 30 ans, si nous pouvons proposer une solution qui fonctionnera peut-être dans 20 ans?
PSPP veut miser sur l’automatisation et sur la robotisation pour combler la pénurie de main-d’œuvre et pour remplacer les travailleurs temporaires dans les champs et dans les usines. Il croit que tant que de la main-d’œuvre bon marché inondera le marché du travail, les entreprises n’investiront pas suffisamment dans l’automatisation de leurs activités.
Pour atteindre son objectif et pour combler les besoins de main-d’œuvre des entreprises, PSPP veut s’inspirer de la Corée du Sud, du Japon et de l’Allemagne. Ces pays sont tous frappés par le manque de main-d’œuvre, mais qui ont investi massivement dans la robotisation.
Se comparer avec des pays ayant une politique d’immigration stricte?
«Afin de préserver le pays, le gouvernement n’a pas l’intention d’adopter une prétendue politique d’immigration en acceptant des étrangers et leurs familles sans imposer des limites à leur séjour», martelait, le 24 mai 2024, le premier ministre japonais, Fumio Kishida.
Déjà qu’en mars 2024, Amnesty International rappelait que le coût humain de la politique punitive du Japon en matière de détention des personnes migrantes, qui autorise la détention arbitraire et illimitée de personnes, violait les normes internationales relatives aux droits de la personne.
Le 6 décembre 2023, le ministre sud-coréen de la Justice, Han Dong-Hoon, déclarait au quotidien The Straits Time que la Corée du Sud devait de mettre en place une nouvelle politique d’accueil migratoire si elle voulait éviter «l’extinction».
Avec une moyenne de 0,7 enfant par femme, le pays affiche le taux de fécondité le plus bas du monde, et les nombreuses politiques lancées depuis des années par l’État pour remédier à cette chute de la natalité n’ont pas apporté de résultats probants.
Selon le ministère sud-coréen de l’Emploi et du Travail, le pays aurait besoin de 894 000 travailleurs supplémentaires, en particulier dans le secteur des services, pour atteindre les projections de croissance économique.
Selon Lee Chang-won, directeur du Centre de recherche et de formation sur les migrations, la politique d’immigration actuelle en Corée du Sud est fortement axée sur les travailleurs peu qualifiés, ce qui donne lieu à une opinion selon laquelle les étrangers ne travaillent que pendant un certain temps avant de repartir.
Pour sa part, l’Allemagne compte plus de trois millions de réfugiés et de demandeurs d’asile. Pour beaucoup de politiciens allemands, leur système d’accueil a atteint ses limites. En 2023, les demandes d’asile ont augmenté de plus de 50%.
C’est dans ce contexte que le chancelier Olaf Scholz a pris la décision de durcir la politique migratoire. Le 16 septembre 2024, Berlin a rétabli les contrôles aux frontières avec cinq pays, dont la France et la Belgique, et ce mécanisme est prévu pour une durée de six mois.
Depuis octobre 2023, de tels contrôles ont déjà été remis en place avec la Suisse, l’Autriche, la Pologne et la République tchèque.
L’illusion de la solution
On interprète bien évidemment les données comme on le veut et on fait parler les chiffres pour leur faire dire ce que l’on veut faire croire.
Les pays donnés en exemple par PSPP n’ont pas réglé leur problème de main-d’œuvre avec le resserrement de leur politique d’immigration ni avec le sevrage de ces ressources.
Ces pays n’ont pas non plus réglé leur problème avec l’introduction et le déploiement de l’intelligence artificielle et des robots.
Selon PSPP, plus du tiers des postes vacants au Québec sont concentrés dans les secteurs de la fabrication, de l’agriculture, et du commerce de gros.
Ces milieux emploient une proportion considérable d’immigrants temporaires. Il suffit de lire sur le sujet pour réaliser que les agriculteurs soutiennent que l’automatisation ne supprime pas les emplois, mais libère les travailleurs des tâches monotones pour qu’ils se concentrent sur des activités plus importantes.
L’automatisation tente également d’aider les agriculteurs à faire plus avec leur main-d’œuvre existante. Ainsi, les dirigeants des secteurs manufacturier et agricole affirment qu’ils ont encore et toujours besoin de leurs travailleurs immigrants et que ni l’automatisation ni l’intelligence artificielle n’est en mesure de pallier le manque criant de travailleurs.
Ces outils aident à accomplir certaines tâches; ces outils aident pour combler certaines lacunes et pour répondent à certains retards cumulés; et ces outils servent à transférer les tâches redondantes et inintéressantes pour les humains vers ces nouveaux procédés.
Mais, tous s’entendent pour dire qu’ils ont toujours besoin de travailleurs qu’ils n’ont pas, et qu’ils n’ont pas les moyens financiers pour effectuer cette transition vers ces nouvelles technologies.
Quant à lui, PSPP refuse de profiter de ce que nous avons pour entretenir le rêve de peut-être avoir quelque chose de mieux dans je ne sais pas combien de temps encore…
Rappelons que le 9 octobre 2020, PSPP est devenu le 10e chef du PQ lors d’une soirée électorale qui se déroulait à huis clos à la permanence du parti, en raison de la COVID-19. L’événement était diffusé sur Facebook et YouTube. C’est seul, sans équipe à ses côtés et sans humain présents que PSPP a été élu et a livré son discours de victoire face à quelques visages apparaissant en mosaïque.
C’est plate à dire, mais pour le moment, l’intelligence artificielle ne génère pas de vote pour toi, PSPP. Du moins, pas encore…