Dans le contexte actuel, il y a de la place pour tous les acteurs le secteur des agences de recrutement. (Photo: 123RF)
CHASSEURS DE TÊTE. Se lancer en affaires en pleine pandémie est un choix qui peut sembler périlleux. Mais pour Sourcinc, il était délibéré. L’agence de recrutement montréalaise a en effet profité de la crise de la COVID-19 pour lancer sa nouvelle division spécialisée en chasse de têtes de hauts dirigeants: Aura.
«Cela faisait longtemps qu’on réfléchissait au projet, et en mai 2020, on s’est décidés, explique Caroline Ayotte, associée chez Aura, qui travaille chez Sourcinc depuis cinq ans. Avec la volatilité des talents et des équipes de direction, le timing ne pouvait pas être meilleur.»
Le raisonnement de celle qui cumule une quinzaine d’années dans le domaine du recrutement est le suivant: certaines entreprises se sont rendu compte qu’elles ne disposaient pas des bons gestionnaires pour traverser de tels bouleversements. Comme si la crise avait joué un rôle de révélateur pour les organisations concernant leurs véritables compétences à l’interne. «Les cadres supérieurs, comme tout le monde sur la planète, ont par ailleurs eu des réflexions personnelles sur leurs valeurs et leur attachement à leur employeur, ce qui peut provoquer aussi beaucoup de mouvements à l’avenir», ajoute-t-elle.
Pour se faire une place sur ce marché déjà bien fourni, Aura — qui compte deux employés à temps plein — mise sur les points forts de sa maison mère, c’est-à-dire la science des données ainsi que les algorithmes de recherche. «On sent l’occasion de proposer une approche nouvelle dans une industrie assez conservatrice qui n’a pas connu énormément d’innovations dans la dernière décennie, indique Caroline Ayotte. On veut aller au-delà du traditionnel carnet de contacts pour amener, grâce à notre méthodologie, une plus grande exhaustivité de la recherche. Et donc une meilleure représentativité et une plus grande diversité de candidats.»
De la place pour tout le monde?
L’arrivée d’un nouveau joueur parmi les chasseurs de têtes n’est cependant pas un cas exceptionnel dans cette industrie qui comporte relativement peu de barrières à l’entrée. En novembre 2018, St-Amour, en activité depuis plus de 45 ans, a par exemple lancé Strato, sa filiale destinée au recrutement des cadres. La firme montréalaise est également devenue à cette occasion une division du groupe Magellan.
«On voyait les besoins grandissants de nos clients, donc nous avons voulu leur apporter une solution complémentaire avec une approche spécifique», indique Robert Favreau, président et chef de la direction du groupe Magellan et associé directeur de Strato. Celui qui y dirige une équipe de cinq recruteurs souligne que ceux-ci ont un profil particulièrement adapté à l’emploi. «À la base, ce sont des cadres supérieurs à qui nous avons appris la profession de recruteur», révèle-t-il en soulignant l’ancrage local de la filiale, par opposition aux grands cabinets internationaux de chasseurs de têtes.
Arriver à se différencier et à développer une notoriété suffisante pour faire leur place est en effet le principal défi de ces nouveaux joueurs. D’autant plus qu’avec les effets de la pandémie et de la pénurie de main-d’oeuvre en toile de fond, l’attractivité de cette branche de l’industrie du recrutement pourrait aiguiser d’autres appétits. «La chasse de têtes est un terme très galvaudé aujourd’hui, précise toutefois Robert Favreau. C’est en soi une technique parmi tant d’autres pour aller sélectionner et proposer des candidats à une entreprise.»
Une concurrence qui n’inquiète pas outre mesure Caroline Ayotte, d’Aura. «Dans le contexte actuel, il y a de la place pour tout le monde!»