Selon Cimon Plante, c’est l’attitude et l’intérêt qui changent quand un investisseur détient un portefeuille plus imposant ou met la main sur une importante somme d’argent. (Photo: Adobe Stock)
CLIENTS FORTUNÉS. À mesure que le portefeuille grossit et que les placements se complexifient, est-ce qu’une stratégie d’investissement hyperpersonnalisée devient nécessaire? Est-ce que cela diffère grandement des stratégies des plus petits portefeuilles?
« La finance s’est beaucoup démocratisée depuis quelques années; l’écart entre les produits et les services offerts aux petits investisseurs et ceux auxquels ont accès les clients plus fortunés n’est pas aussi grand que les gens le croient en général », précise d’emblée Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille et conseiller principal en gestion de patrimoine, Groupe Plante, Financière Banque Nationale.
Selon lui c’est l’attitude et l’intérêt qui changent quand un investisseur détient un portefeuille plus imposant ou met la main sur une importante somme d’argent. « Ils vont prendre un pas de recul, penser à leur stratégie, peut-être qu’ils vont vouloir prendre part à la gouvernance comme ils ont plus de temps en raison de leur liberté financière, et ainsi participer aux décisions d’investissement. »
Ensuite vont se poser des questions qui ne changent pas à partir du moment où tu as un actif élevé: « comment je vais diversifier mon avoir? Dans l’immobilier, dans des actions, des obligations ou ai-je de l’appétit pour de l’investissement privé et des placements alternatifs? »
« En termes de services, explique Cimon Plante, c’est sûr que si tu as un compte de 500 000$ avec des honoraires de 1,5%, ça représente 7500$ annuellement. Si, à côté, tu as une famille qui paie 100 000 $ et plus en honoraires chaque année et que les besoins sont plus grands, le conseiller va devoir accompagner davantage ces derniers. »
« Plus la somme du portefeuille est importante et plus grand est le niveau de complexité, plus nombreux sont les intervenants – par exemple les comptables ou les fiscalistes. Il faut recréer des tableaux de bord pour avoir une vision à 360 degrés des actifs », dit-il.
En raison de la variété des placements, il y a des besoins plus grands en termes de personnalisation de la stratégie et de l’accompagnement. « Cela va se refléter notamment dans la fréquence des communications (un jour par semaine, par exemple), mais aussi par rapport aux occasions d’investissements comme avec des placements privés où l’on demande des sommes minimales (qui peuvent être d’un à trois millions de dollars). »
Des clients plus interventionnistes pourraient aussi demander d’être consultés avant qu’une décision soit prise. « Le gestionnaire pourrait alors soumettre des recommandations aux clients », précise Cimon Plante.
« On voit souvent arriver chez nous des gens avec d’importants portefeuilles qui réalisent qu’ils ont tardé avant de s’entourer de conseillers qui leur auraient évité de laisser de l’argent sur la table », dit Sylvain De Champlain.
Selon lui, les personnes fortunées partagent les mêmes préoccupations que d’autres qui possèdent de plus petits portefeuilles. « Prenez le couple avec deux enfants et une hypothèque fraîchement renouvelée avec un taux d’intérêt plus élevé… ils ont d’autres préoccupations que la stratégie successorale. »
Cimon Plante croit que les gens fortunés ont cette préoccupation de préserver leur capital et de transmettre des actifs aux générations qui suivent. « Certains vont commencer à impliquer les enfants, ils vont aussi vouloir redonner à la communauté et développer une stratégie philanthropique. Cela demande de l’accompagnement. »
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Des familles québécoises nanties détiennent la part du lion de la richesse
Une enquête sur la sécurité financière (ESF) de Statistique Canada a établi qu’au Québec, les 20% des familles les plus riches détiennent 68% de la richesse accumulée au pays. Pour les familles du quintile supérieur, la valeur nette médiane du patrimoine s’élève à 1,3 M$. Contrairement aux autres familles des autres quintiles, on retrouve chez les plus fortunés davantage de variété dans la composition du patrimoine : (régime de retraite privé, actifs financiers, actifs non financiers, capitaux propres dans une entreprise, etc.)