Le principal piège, quand tu as beaucoup d’argent, est de croire que ta capacité de dépenser est illimitée.(Photo: Adobe Stock)
CLIENTS FORTUNÉS. Les pièges à éviter quand on possède un portefeuille qui fait dans les sept chiffres ne sont pas si différents que pour les portefeuilles moins bien garnis.
« Ça dépend des objectifs de placement de chacun », précise Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. Selon lui une personne qui possède un portefeuille modeste pourrait considérer deux options : être plus agressive dans son allocation pour compenser les entrées d’argent moindres ou, si sa politique de placement est plus conservatrice et qu’il cherche à protéger ses acquis, tenter le plus possible de diminuer ses dépenses.
« Si tu regardes ça froidement, la réalité c’est que la différence entre un portefeuille modeste et bien garni n’est pas très grande une fois que tu calibres le tout en fonction des objectifs de placement. C’est l’évaluation des objectifs de placement qui est différente. »
Un client fortuné est selon lui devant deux choix similaires, mais sans être limité en matière de revenus. « Quand tu es fortuné, techniquement tu n’as plus besoin de prendre de risque. Tu pourrais juste avoir un portefeuille hyper conservateur ou te dire que, comme tu as beaucoup d’argent, tu peux te permettre d’avoir un portefeuille plus agressif qui risque de croître plus rapidement. »
Il mentionne qu’un tel portefeuille, investi dans des titres à dividende, pourrait générer un revenu annuel important sans avoir à toucher au capital. « On sait qu’historiquement, même dans de grands bouleversements économiques, les montants que paient les titres à dividende se sont non seulement maintenus, mais ont progressé. »
« L’un des plus gros défis, à mes yeux, pour les gens fortunés, c’est la relève (les enfants et les petits-enfants). Il faut déterminer comment transférer l’actif selon la volonté du client », souligne Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille et conseiller principal en gestion de patrimoine, Groupe Plante, Financière Banque Nationale.
Il explique que ces individus ou familles veulent s’assurer de soutenir la prochaine génération tout en leur donnant le désir de s’impliquer et d’être actifs dans le marché du travail. « Les petits-enfants, en particulier, vont peut-être avoir des vies axées davantage sur le loisir, cela peut représenter un choc des valeurs entre les générations. »
Les erreurs à éviter pour les gens fortunés
Le principal piège, quand tu as beaucoup d’argent, est de croire que ta capacité de dépenser est illimitée. « On le voit très peu avec les gens qui ont travaillé, qui ont économisé et qui ont construit leur fortune, mais c’est plus courant avec ceux qui, à la faveur de certaines circonstances, se retrouvent avec un gros magot. Les gagnants à la loterie en sont un bel exemple », explique Vincent Fournier.
L’autre importante erreur que peuvent commettre les gens fortunés est de penser en dollars plutôt qu’en pourcentages. Une fluctuation de 1% pour un portefeuille de 100 000$ c’est 1 000 dollars. Une fluctuation de 1 % sur un portefeuille de 10 M$, c’est 100 000 dollars. « C’est courant que le S&P 500 baisse de 1 %, si tu as un portefeuille bien garni, des fluctuations quotidiennes de 100 000 dollars peuvent devenir monnaie courante. Il faut apprendre à vivre avec. »
Une autre des erreurs à éviter selon Vincent Fournier est d’adopter une politique de placement trop conservatrice. Le hic c’est que les gens fortunés – et c’est l’une des grandes différences avec monsieur et madame Tout-le-Monde – détiennent une grande partie de leurs actifs à l’extérieur des régimes enregistrés.
« Un portefeuille très conservateur dans un régime non enregistré va te générer des intérêts qui vont alourdir ton fardeau fiscal et venir t’appauvrir », dit-il. À l’opposé, selon lui, un portefeuille plus agressif avec des titres d’entreprises que tu vas détenir à très long terme (sans les vendre et donc sans déclencher de gain en capital) est plus efficace fiscalement et risque de générer de meilleurs rendements.
Un piège qu’observe Cimon Plante chez des clients fortunés est de vouloir diversifier à outrance. « Ils ont de l’argent et des options et ont parfois tendance à s’éparpiller et à édulcorer leur stratégie. » Il se peut aussi qu’ils aient trop de conseillers qui ne communiquent pas entre eux.
Sylvain De Champlain, président chez De Champlain groupe financier, rappelle de son côté les bonnes paroles de Warren Buffet, que tu sois très riche ou moins riche, la règle numéro un en investissement reste la même : c’est de ne pas perdre d’argent. Et la règle numéro deux, c’est de ne pas oublier la règle numéro un!