Richard Laurin, vice-président, TI et stratégies numériques (Photo: courtoisie)
CLOUD. Les PME n’ont pas souvent l’expertise à l’interne pour migrer vers l’infonuagique et pour la gérer au quotidien. Ces projets nécessitent donc l’embauche de travailleurs spécialisés, la formation des employés et le recours à l’impartition.
Depuis sa création en 1972, SPI Santé et Sécurité a grandi au point de devenir le chef de fil canadien des produits et services de santé et sécurité au travail. Elle compte plus de 400 salariés répartis dans 20 succursales et deux centres de distribution. Ses solutions comprennent les produits de protection, des services techniques, des services-conseils et de la formation.
Vers la fin des années 2010, l’entreprise sent que son infrastructure technologique traditionnelle limite sa capacité de croissance. Elle voit plusieurs avantages dans l’infonuagique, pour s’adapter au télétravail, maximiser la sécurité et le potentiel des données et remplacer certains logiciels devenus désuets. « Nous voulions aussi diminuer nos coûts et avoir une infrastructure plus flexible, capable d’évoluer rapidement en fonction de nos besoins », ajoute Richard Laurin, vice-président, TI et stratégies numériques.
Embauche et formation
L’entreprise ne disposait pas des ressources humaines pour réussir seule la migration vers Microsoft Azur qu’elle a amorcée en 2018. Elle a obtenu l’accompagnement de la firme ITI. Au cours des années suivantes, elle a embauché du personnel spécialisé comme des développeurs, des analystes d’affaires, ou encore des experts pour soutenir l’utilisation des plateformes qui se retrouvent dans l’infonuagique, tels Office 365, Sharepoint et Teams.
À ce titre, cette PME reflète bien les besoins du marché. Dans son plus récent guide salarial canadien, l’agence Robert Half note que les entreprises qui souhaitent dématérialiser leur infrastructure informatique s’efforcent d’engager des professionnels technologiques compétents et de les garder. Parmi les expertises pour lesquelles les gestionnaires disent augmenter les salaires, la cybersécurité arrive en tête à 43 %, suivie de la spécialisation en infonuagique à 35 %. La demande reste forte pour des postes tels administrateur de réseau/infonuagique, architecte de réseau/infonuagique, ingénieur DevOps ou ingénieur de la sécurité des réseaux.
SPI a aussi offert plusieurs formations à ses employés afin qu’ils apprennent à bien utiliser les nouveaux logiciels ou encore sur la gestion du changement, ainsi que sur la gestion et la sécurité des données. « Nous voyons les TI comme un accélérateur d’affaires, précise Richard Laurin. Or, pour que ça fonctionne, les usagers doivent comprendre tout ce que les nouveaux outils leur permettent de faire. Les travailleurs doivent réapprendre à réaliser certaines tâches différemment. »
Le rôle des partenaires externes
Le vice-président transformation et services d’ITI, Jean-Philippe Couture, reconnaît que les PME qui transitent vers l’infonuagique ont souvent besoin d’ajouter de l’expertise en embauchant de nouveaux employés. Ce qui n’est pas toujours facile, en raison d’une rareté de main-d’œuvre en technologie de l’information au Québec, notamment en ce qui concerne l’infonuagique.
« Elle tend à s’estomper un peu à mesure que l’infonuagique se démocratise, car de plus en plus de gens se sont formés à ces technologies, souligne-t-il. En même temps, les plateformes infonuagiques évoluent très rapidement, donc même les spécialistes doivent s’assurer de garder leurs connaissances à jour. »
Selon l’Institut de la statistique du Québec, la part des entreprises qui emploient l’infonuagique est passée de 12,4 % à 34,1 % entre 2012 et 2020. Parmi les entreprises de 250 salariés et plus, 57,6 % l’utilisaient en 2020. On peut penser que cette proportion a continué d’augmenter fortement depuis 2020, notamment en raison de la pandémie qui a généralisé le télétravail.
Pour la plupart des PME, l’appui de partenaires externes est plus ou moins incontournable, en particulier à l’étape de la migration initiale. « Des firmes comme la nôtre aident à identifier les besoins d’affaires et à les arrimer aux bonnes offres de services infonuagiques, explique le consultant. Nous accompagnons le déploiement des nouveaux outils. Nous pouvons aussi carrément gérer les services d’infonuagique au quotidien pour les PME, en nous assurant que leurs coûts sont optimisés et que leurs solutions demeurent performantes et sécuritaires. »
Richard Laurin prévient pour sa part que les gains de l’infonuagique apparaissent de manière progressive, à mesure que les équipes s’approprient les outils et apprennent à en tirer le meilleur. « C’est crucial de mettre autour de la table dès le début du projet les parties prenantes qui utiliseront la plateforme infonuagique, et non seulement les membres de l’exécutif, conseille-t-il. Ils doivent comprendre pourquoi l’entreprise prend cette direction et ils doivent être présents pour s’assurer que les solutions choisies répondent à leurs besoins. Le changement vise à mieux servir nos clients et donc à aider nos employés dans leur travail. »