Un autre gros avantage de l’infonuagique est que l’on paie seulement pour la puissance de calcul utilisée. (Photo: 123RF
CLOUD. Les entreprises doivent bien planifier leur migration vers l’infonuagique pour éviter qu’elle ne se transforme en averse de coûts inutiles. En plus de maîtriser leurs dépenses, elles doivent surtout comprendre comment créer de la valeur avec cette approche.
Une grande partie du contrôle des coûts de l’infonuagique survient en amont, lorsqu’on élabore la stratégie de migration. « C’est crucial de faire effectuer une analyse objective de notre environnement technologique et de nos besoins, afin de bien évaluer les dépenses nécessaires pour réussir le passage vers l’infonuagique et pour acheter les bons services », souligne Nicolas Brodeur, directeur architecture de R2i, une firme spécialisée en TI.
La transition vers l’infonuagique ne se résume pas à un déménagement de données ou d’applications des serveurs sur site à des serveurs externes. « Dans les faits, c’est une transformation beaucoup plus profonde des manières de travailler de l’entreprise », poursuit Nicolas Brodeur.
La plupart des applications devront être examinées. Dans plusieurs cas, on devra les réactualiser ou les remplacer par des applications développées spécifiquement pour l’infonuagique (native) ou par un logiciel en tant que service (SAAS).
La firme Gartner indique que beaucoup d’entreprises oublient certains frais lorsqu’elles réalisent le budget de leur migration vers l’infonuagique. Elle cite par exemple les coûts pour former les équipes, une variation à la hausse dans les salaires des spécialistes TI, l’impact des changements organisationnels et d’opération ou encore la perte de productivité liée aux licences de logiciels ou aux serveurs physiques désormais sous-utilisés ou obsolètes.
Changer pour les bonnes raisons
Les entreprises ne peuvent se contenter de mettre face à face les mensualités récurrentes de l’infonuagique sur plusieurs années et les coûts d’acquisition et d’utilisation d’une infrastructure de TI traditionnelle. Il y a de fortes chances dans un tel calcul pour que l’infonuagique apparaisse plus dispendieuse. Mais on rate alors l’essentiel.
« La plupart des entreprises qui migrent vers l’infonuagique ne le font pas pour épargner de l’argent, mais pour bénéficier d’avantages qui créent de la valeur pour l’entreprise », explique Nicolas Brodeur. Il donne en exemple le fait que le fournisseur met à la disposition du client une équipe d’experts spécialisés en TI que la plupart des PME ne peuvent que rêver de posséder à l’interne. Le fournisseur libère aussi l’entreprise de plusieurs tâches, comme le maintien du service, les mises à jour, la réécriture des microcodes, etc.
Un autre gros avantage de l’infonuagique est que l’on paie seulement pour la puissance de calcul utilisée. Imaginons une entreprise de commerce de détail. La fréquentation et les ventes de son site web explosent pendant quelques semaines chaque année, en raison de Noël, du Vendredi fou ou du Cyber lundi. Elle doit maintenir en tout temps la capacité maximale dont elle aura besoin dans ces périodes, afin d’éviter un bris de service. Le reste de l’année, le matériel dont elle dispose dépasse largement ses besoins. En infonuagique, on peut payer à l’utilisation.
On peut en outre établir un calendrier de fonctionnement. Une bonne part des TI de plusieurs entreprises sont des environnements de développement, de tests, de préparation, etc. Celles-ci demeurent disponibles, et donc actives, en tout temps, alors qu’elles ne sont pas employées en continu.
« En infonuagique, vous pouvez prévoir des calendriers de fonctionnement pour couper complètement ces environnements, par exemple les fins de semaine ou la nuit, illustre Cédric Thibault, associé, Cyber Sécurité et Sécurité infonuagique chez KPMG. C’est une option intéressante pour réduire les coûts d’utilisation. »
Viser les rabais
Cette possibilité de modulation à la demande a un autre avantage. Lorsque les besoins augmentent, par exemple pour accommoder un projet d’innovation, on a rapidement accès à plus de puissance de calcul. « C’est beaucoup le cas en ce moment pour ceux qui testent des utilisations de l’intelligence artificielle générative, qui exige beaucoup de capacité de calcul », explique Cédric Thibault. Ceux qui fonctionnent avec l’infonuagique peuvent réagir très vite et en maîtrisant leur coût. Dans le cadre d’une infrastructure TI traditionnelle, le processus s’allonge, puisqu’il nécessite l’acquisition et l’implantation de nouveau matériel.
Les entreprises peuvent par ailleurs obtenir de gros rabais en s’engageant à plus long terme avec le fournisseur plutôt qu’en payant à l’utilisation. Cédric Thibault souligne que ces rabais peuvent atteindre jusqu’à 60 % dans certains cas. On peut aussi ajouter à ces économies en payant tous les frais d’une année ou de plusieurs années d’un coup, au début de la période.
« Dès lors que la migration vers l’infonuagique a été préparée correctement, avec une bonne stratégie et en tenant compte de ses impacts sur l’organisation, le retour sur investissement peut facilement se situer entre 40 % et 70 % », conclut Cédric Thibault.