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Dax Dasilva: apprendre les rudiments de l’entrepreneuriat à 13 ans

Catherine Charron|Mis à jour le 09 juillet 2024

Dax Dasilva: apprendre les rudiments de l’entrepreneuriat à 13 ans

Dax Dasilva savait au fond de lui qu’il souhaitait demeurer son propre patron. Il n’en a toutefois pleinement pris conscience que bien des années plus tard, à 28 ans, après avoir fondé Lightspeed. (Photo: courtoisie)

À la tête des plus grandes entreprises du Québec, ces PDG sont bien souvent entrés sur le marché du travail en occupant des postes au bas de l’échelle. Voici les leçons tirées de ces premières expériences qui teintent encore aujourd’hui leur leadership.

La première job du boss
(Illustration: Camille Charbonneau)

LA PREMIÈRE JOB DU BOSS. Certains font leurs premières armes sur le marché du travail en grillant des burgers ou en appuyant sur l’interface d’une caisse enregistreuse. Pas Dax Dasilva, le PDG de Lightspeed.

Fasciné par le Mac que son père rapporte à la maison, le jeune «intello passionné» de 13 ans met l’épaule à la roue en tant que stagiaire pour bâtir un logiciel qui explique aux usagers de l’ordinateur à la pomme comment connecter leur appareil à un réseau.

«Je me suis en quelque sorte immergé dans ce petit ordinateur magique — c’était l’un des premiers Mac — et j’ai commencé à programmer dessus, à faire des expériences», raconte celui qui a commencé à travailler par un heureux concours de circonstances.

Constatant son intérêt, son père le met en contact avec le fils de son propre patron. Celui-ci venait de lancer une start-up en compagnie de sa conjointe et d’un développeur qui travaillait à distance. D’abord responsable de la documentation, Dax Dasilva se met lui aussi à contribuer au code derrière le logiciel.

Déjà, faire de belles interfaces d’utilisation et bonifier l’expérience des utilisateurs le passionnait, se remémore-t-il.

«Non seulement ai-je commencé à développer de nouvelles compétences techniques, j’ai aussi appris à documenter mon travail, à aider les usagers et les développeurs à comprendre comment implémenter les outils que je développais», illustre celui qui a appris les rudiments de la programmation par lui-même.

C’est aussi à cette époque qu’il a la piqûre de l’entrepreneuriat, pour le meilleur et pour le pire. Les difficultés étaient nombreuses pour la start-up qui tentait tant bien que mal de se tailler une place sur le marché, d’attirer des clients et de les garder. Même l’ado qu’il était à l’époque en était bien conscient.

N’empêche, être témoin de cet esprit de débrouillardise a semé une graine chez lui, car lorsqu’il cesse de travailler pour la petite entreprise à l’âge de 15 ans, il se lance en affaires en devenant solopreneur.

«Je programmais des logiciels pour d’autres entreprises. J’ai aussi travaillé dans un concessionnaire Mac avant que n’existent les magasins Apple. J’y faisais du support technique, ce qui m’a permis de comprendre comment les usagers utilisaient leur logiciel», raconte-t-il.

Déjà, il savait au fond de lui qu’il souhaitait demeurer son propre patron. Il n’en a toutefois pleinement pris conscience que bien des années plus tard, à 28 ans, après avoir fondé Lightspeed.

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Leçon de résilience

Confronté à un jeune âge aux aléas de l’entrepreneuriat, aux petites victoires et aux grandes défaites qui se succèdent à un rythme effréné, Dax Dasilva a appris à se servir des difficultés rencontrées comme d’un moteur à innovation, à leçons.

«J’ai eu beaucoup de chance. Habituellement, lorsqu’on entend parler d’entreprises en démarrage, on ne voit que les succès, pas les échecs, les difficultés, les itérations, l’amélioration et les apprentissages tirés des défis qui parsèment le chemin», dit l’homme de nature optimiste.

Et ça, ça lui a servi tout au long de son parcours avec Lightspeed, croit-il, tout comme le fait d’avoir appris à oser «sortir de sa zone de confort», essayer des choses qu’il ne maîtrise pas.

«Tous les ans, ma description de poste change à la tête de l’entreprise. J’en ai vu des gens lancer des start-ups qui se confinaient dans ce qu’ils connaissaient. L’entreprise finit toujours par rencontrer un goulot d’étranglement si le dirigeant ne va pas dans la bonne direction de peur de ne pas maîtriser le sujet.»

En passant de la rédaction de document à la programmation puis au développement de logiciel, il a «appris à développer de nouvelles compétences en se mettant dans des situations inconfortables.»

Fort de cette expérience formatrice, il encourage les plus jeunes qui envisagent d’entrer sur le marché de l’emploi à se tourner vers des stages dans des domaines qui les passionnent, et ce, même si ce n’est pas rémunéré.

«Certains commencent à travailler pour se faire de l’argent de poche, à faire le plus d’économies pendant l’été. Pour ma part, j’étais payé en repas, en appareil comme un scanneur, mais les leçons que j’ai apprises n’ont pas de prix. […] C’est une compensation qu’on ne peut quantifier, mais qui vaudra de l’or un jour.»