La start-up montréalaise qui offre un avantage concurrentiel à Microsoft
Emmanuel Martinez|Publié le 21 juin 2024Trois des quatre associés d’Alice & Smith, de gauche à droite: Rabih Sebaaly, Serge Pointet et Andrea Doyon. (Photo: courtoisie)
Un, c’est bien, mais à deux, c’est mieux pour la start-up montréalaise Alice & Smith. Surtout accompagnée de Microsoft!
Depuis un an, l’outil technologique Xr Server, qui permet de transposer des éléments de jeux vidéo dans de la diffusion en continu (streaming), est vendu par le géant américain. En gros, cet outil qui s’appuie sur le produit PlayFab de Microsoft permet aux spectateurs d’un événement diffusé d’interagir en direct, ce qui accroît leur engagement et ouvre la porte à des ventes en direct de produits, un peu comme un gamer qui s’achète une armure en jouant à un jeu vidéo.
«Microsoft vend notre solution comme tous ses autres produits partout dans le monde sur la plateforme Azure, affirme Rabih Sebaaly, le chef de l’exploitation de la start-up et un des quatre cofondateurs. On fait partie de l’écosystème de Microsoft et on est un outil stratégique pour eux.»
Dix pour un
Cette relation s’est développée sur environ cinq ans en faisant d’abord du codéveloppement de produits pour ensuite s’entendre pour un partenariat stratégique et commercial.
«On a pivoté d’un outil interne qu’on avait développé pour des solutions internes à un produit vendu par Microsoft avec lequel les grandes entreprises mondiales développent leurs propres solutions, explique le dirigeant. On a navigué dans l’environnement de Microsoft pour se faire présenter au siège social de Seattle à des personnes responsables du divertissement. On a tissé notre toile comme ça.»
Cette relation est si serrée qu’Alice & Smith a reçu pour Xr Server une certification qui permet à Microsoft de payer pour l’implantation de sa solution technologique chez ses clients.
Rabih Sebaaly souligne qu’avec Xbox et ses autres acquisitions, Microsoft est le plus important studio de jeux vidéo au monde. Toutefois, il serait coûteux pour le géant d’adapter ses outils pour la diffusion en continu et c’est là que l’expertise de la firme montréalaise entre en jeu.
«On permet de multiplier leur vente par dix, croit-il. Donc si Xr Server est vendu 500 000$ à un client pour développer sa plateforme, Microsoft engrangera 5 millions de dollars (M$) avec d’autres solutions qu’elle détient pour venir compléter le tout.»
Le futur de la télévision
L’homme d’affaires québécois souligne aussi que son logiciel novateur offre un avantage concurrentiel à Microsoft. «Cela n’existe pas dans le marché donc quand Microsoft se bat contre Amazon ou d’autres fournisseurs technologiques, elle possède une valeur ajoutée en ce qui concerne son offre de services», juge-t-il.
Microsoft a ouvert des portes à la jeune pousse montréalaise en la mettant en contact avec de gros joueurs comme Nvidia, ainsi que Freemantle qui détient les droits d’émission comme The Price is Right, America’s Got Talent ou Familly Feud. Toutes ces entreprises ont pu montrer de quoi pourrait avoir l’air le futur de la télévision au NAB Show de Las Vegas en avril dernier. Grâce en partie à Xr Server, le téléspectateur à la maison pourrait participer à ses émissions de télévision en votant en direct à America’s Got Talent pour le meilleur candidat ou en évaluant le prix d’un objet à The Price is Right. La NBA s’en est par exemple servi pour augmenter l’engagement des téléspectateurs lors de parties des Clippers de Los Angeles.
Ce logiciel pourrait également engendrer la «gamification» des formations en ligne en produisant par exemple des scores en temps réel aux employés pour évaluer le taux de compréhension.
L’entreprise de 120 personnes qui engrange environ 20M$ en revenus annuels a le vent dans les voiles. Des bureaux ont été ouverts dans la dernière année à Londres et Dubaï, et elle espère avoir plus de 300 employés d’ici 2027. Alice & Smith met en place un réseau de soutien technique mondial.
Trop petit et pas assez central pour être racheté par Microsoft, ce facilitateur du géant américain pourrait éventuellement devenir une cible.
«Le but, c’est de faire grossir au maximum l’entreprise», mentionne Rabih Sebaaly qui ne rechignerait sûrement pas devant une offre alléchante de son plus important partenaire.