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L’IA peu utilisée chez les employés canadiens, selon une étude

La Presse Canadienne|Mis à jour le 28 juin 2024

L’IA peu utilisée chez les employés canadiens, selon une étude

Des gens passent devant le sigle AI pour l'intelligence artificielle lors de la conférence All In sur l'intelligence artificielle, le jeudi 28 septembre 2023 à Montréal. (Photo: La Presse Canadienne)

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) est encore timide dans le milieu de l’emploi au Canada. Les travailleurs canadiens semblent aussi plus réticents à recourir à cette technologie par rapport à leurs homologues d’autres pays. 

C’est ce que suggère une nouvelle enquête de PwC portant sur l’opinion de travailleurs d’ici et de l’étranger à l’égard de leur emploi. L’étude publiée cette semaine s’est penchée sur le recours à l’IA auprès d’environ 56 000 personnes dans 50 pays et territoires, dont quelque 2000 Canadiens. 

Selon le rapport, 50% des répondants du Canada ont déclaré n’avoir jamais utilisé des outils d’IA générative au travail au cours des 12 derniers mois. Seulement 25% des Canadiens interrogés ont dit recourir à ces technologies au moins une fois par mois dans le cadre de leur emploi. 

À l’échelle mondiale, les résultats diffèrent. Un peu plus du tiers des répondants (36 %) ont dit avoir utilisé l’IA générative au moins une fois par mois, tandis que 37 % ont indiqué ne l’avoir jamais fait.

«C’est un écart assez marqué (entre le Canada et le reste du monde), analyse la cheffe des ressources humaines de PwC Canada, Sonia Boisvert, en entrevue. Il semblerait qu’au Canada, c’est vraiment plus rare que les employés vont utiliser l’intelligence artificielle au travail.»

Pourquoi de nombreux travailleurs canadiens n’ont-ils pas adopté l’IA générative? Parmi les répondants, 28 % ont dit qu’ils ne pensaient pas que l’adoption de l’IA générative serait bénéfique pour leur carrière et 26 % ont déclaré qu’ils ignoraient comment l’utiliser.

Ces résultats présentent aussi des écarts avec les réponses à l’échelle internationale: 21 % estiment que le recours à l’IA n’aurait aucun avantage pour leur parcours professionnel et 23 % ont dit ne pas savoir comment manier ces outils. 

Un «fossé» entre employeurs et employés

Sonia Boisvert note également qu’un «fossé se creuse» entre les travailleurs canadiens et les chefs d’entreprise du pays. PwC a comparé les réponses des employés à celles recueillies dans une autre enquête auprès de dirigeants concernant l’influence de certains facteurs sur leur travail ou leur entreprise au cours des trois prochaines années. 

«Quand on leur demande quel sera l’impact des changements technologiques, il y a 50% des chefs de la direction qui pensent que, en grande ou en très grande mesure, les changements technologiques vont avoir un impact sur leur entreprise, tandis que pour les travailleurs, c’est seulement 38%», résume Sonia Boisvert. 

«Donc, les chefs d’entreprise voient l’impact que les changements technologiques vont apporter sur l’environnement de travail, mais les travailleurs ne le voient pas encore», ajoute l’associée en certification chez PwC. 

PwC soutient dans son enquête que les travailleurs canadiens ont tout intérêt à s’ouvrir à l’IA, particulièrement ceux dont leur emploi est davantage exposé à cette technologie.  

Selon PwC, la part des affichages de postes exigeant des compétences en IA a presque doublé entre 2012 et 2023 sur plus de 500 millions d’offres d’emploi au Canada et dans le monde. 

L’intelligence artificielle «est là pour rester» et «les gens doivent apprendre à l’utiliser», affirme Sonia Boisvert.

«Nous ce qu’on dit, c’est que les gens qui utilisent l’intelligence artificielle vont remplacer les gens qui ne l’utilisent pas. Si tu te dis ‘‘moi l’intelligence artificielle je ne veux pas m’ouvrir à ça, je ne veux pas l’essayer’’, ce qui risque de te dépasser, ce n’est pas la machine ou l’intelligence artificielle, mais un autre employé qui va l’utiliser et qui va devenir beaucoup plus compétitif que toi sur le marché du travail», dit-elle. 

Des avantages et des risques

La montée de l’intelligence artificielle pourrait entraîner la disparition de certains postes. Mais elle peut aussi être bénéfique au marché du travail, en améliorant notamment la productivité, souligne Sonia Boisvert. 

«La technologie va accompagner l’humain. (…) L’intelligence artificielle va aider l’humain à faire des tâches moins répétitives, plus intéressantes», soutient-elle. 

L’utilisation de l’IA peut aussi être assortie d’un meilleur salaire, souligne Sonia Boisvert. En moyenne, les entreprises canadiennes paient une prime salariale d’environ 11 % pour les postes exigeant des compétences en la matière, selon le baromètre de l’emploi en IA de PwC. 

Dans son rapport sur l’encadrement de l’IA, déposé en février dernier, le Conseil de l’innovation du Québec évoque que «l’intégration de l’IA dans l’environnement professionnel présente de nombreux avantages, aussi bien pour les organisations (…) que pour les travailleurs». 

Le Conseil prévient toutefois que l’intelligence artificielle comporte aussi «des risques de gestion inadéquate et de perte d’emplois». Il recommande notamment de moderniser le droit du travail et des politiques sociales «pour s’assurer que ces derniers tiennent compte de l’évolution technologique de l’IA». 

Le Conseil invite également le Québec à mettre à jour la politique d’éducation des adultes et de formation continue, afin de «permettre aux travailleurs de toutes origines et spécialisations d’acquérir des compétences en numérique et en IA», et qu’ils puissent s’adapter à la transformation du marché du travail. 

Les employeurs doivent aussi mettre la table pour favoriser le développement de ces connaissances chez leurs employés, avance Sonia Boisvert. PwC invite également les travailleurs à essayer l’IA au travail ou à la maison pour atténuer les craintes à son égard. 

Les répondants de l’enquête de PwC provenaient de divers secteurs d’emploi, tels que l’industrie manufacturière, le gouvernement, les services financiers, l’industrie de la santé ainsi que la technologie, les médias et les télécommunications. 

Par Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne

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