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Démocratiser la résilience financière

Ruby Irene Pratka|Publié le 07 Décembre 2021

Démocratiser la résilience financière

Véronique Milot, directrice intérimaire (littératie financière et éducation des consommateurs) de l’ACFC. (Photo: courtoisie)

COMPTABLE ET LITTÉRATIE FINANCIÈRE. Les deux dernières années ont été parsemées de chocs. La pandémie a transformé les habitudes des consommateurs et des entreprises presque du jour au lendemain, une plus grande prise de conscience en matière des inégalités raciales et sociales a entraîné la remise en question des habitudes dans plusieurs secteurs, et la crise climatique a souligné l’importance de la résilience. C’est dans ce contexte que l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) a lancé la Stratégie nationale pour la littératie financière 2021-2026, le 20 juillet dernier.

Il s’agit de la deuxième stratégie du genre au pays. La première, lancée en 2015, a sensibilisé les Canadiens à l’importance de cette notion et a «donné lieu à de vastes efforts afin de renforcer les connaissances, les compétences et la confiance des Canadiens en matière de finances», explique Véronique Milot, directrice intérimaire (littératie financière et éducation des consommateurs) de l’ACFC. Elle précise que la littératie financière a été davantage intégrée dans des programmes scolaires depuis son implantation.

La version 2021-2026 est pour sa part «axée sur ce que les intervenants peuvent faire pour changer l’écosystème financier afin d’aider les Canadiens à renforcer leur résilience financière», résume-t-elle. «L’accent n’est plus mis sur les habitudes individuelles, mais sur les obstacles qui empêchent de nombreux Canadiens d’obtenir de meilleurs résultats financiers ou limitent leurs efforts en ce sens.»

Pendant la pandémie, les institutions financières ont davantage mis l’accent sur les transactions en ligne afin de réduire le nombre d’interactions en personne. La récente Stratégie vise aussi à aider les consommateurs à composer avec cette nouvelle réalité. Car, rappelle Véronique Milot, la transition vers les services numériques « peut être facile pour certains, mais pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les services en ligne, cela peut représenter un obstacle de taille ».

De manière générale, les acteurs du milieu financier sont appelés à communiquer d’une façon plus limpide, à développer des produits axés sur les besoins de différentes populations et à favoriser la littératie numérique et l’accès aux technologies. L’amélioration de l’accès à une aide financière fiable et abordable, la présentation des renseignements de façon à faciliter la prise de décisions et le renforcement des mesures de protection des consommateurs est aussi au programme.

Tout comme une plus grande prise en conscience des barrières systémiques. Ainsi, la Stratégie insiste particulièrement sur le développement de la littératie financière chez les femmes, les personnes âgées, les nouveaux arrivants et les personnes ayant des handicaps cognitifs ou des difficultés en littératie et en numératie.

 

Les CPA à l’avant-plan

La Stratégie nationale introduit également le concept d’«écosystème financier», décrit comme étant l’ensemble des gouvernements et les organismes de réglementation, y compris l’ACFC, l’industrie des services financiers, les organismes non gouvernementaux et communautaires, et les éducateurs en littératie financière. Parmi eux, CPA Canada, qui a contribué au processus de consultation autour de son développement.

«La pandémie a mis en lumière la nécessité pour les Canadiens de développer la littératie financière et la résilience financière, pour qu’ils deviennent plus outillés à prendre contrôle de leur avenir financier», note Doretta Thompson, chef du développement de la littératie financière à CPA Canada. Celle qui est impliquée dans des groupes de travail touchant la littératie financière autochtone et la littératie financière en milieu de travail à l’ACFC explique que cette agence «essaie de bâtir un écosystème de littératie financière qui aide tous les Canadiens à développer des habitudes saines, de les rencontrer là où ils sont, et d’impliquer toute la communauté financière».

Les CPA ont accès à un certain corpus de savoirs à propos de l’argent et sont reconnus comme des experts du sujet, en lesquels les gens ont tendance à faire confiance, fait-elle valoir. Ils ont les compétences pour en discuter de manière adaptée avec différents publics – sans compter que «CPA Canada offre aussi des outils gratuits en matière de littératie financière».

« Différents groupes auront peut-être besoin de différentes approches — la recherche indique par exemple que les femmes ont souvent moins confiance que les hommes quand il est question d’argent et les personnes âgées pourraient être moins à l’aise avec des outils numériques, illustre Doretta Thompson. Ce sont des questions incorporées dans la Stratégie nationale et qui orientent aussi notre travail. »

Selon elle, l’incertitude généralisée occasionnée par la pandémie a ouvert la porte à des conversations plus franches sur l’argent et a souligné l’importance de la résilience financière. « Pour que les gens puissent passer au travers d’un choc, que ce soit une perte d’emploi, une catastrophe naturelle ou quelque chose d’aussi simple qu’une réparation d’auto inattendue, ils doivent en avoir la capacité financière », rappelle-t-elle.