Marie David, leader de l’équipe de vérification ESG de KPMG (Photo: courtoisie)
COMPTABILITÉ. Les CPA deviennent des acteurs incontournables dans l’implantation des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les entreprises. Leur rôle consiste à la fois à certifier la qualité des informations non financières qui sont divulguées et à s’assurer que l’intégration des éléments ESG génère de la valeur.
Un récent sondage de KPMG montrait que malgré leur volonté de continuer à étendre leurs programmes ESG, une majorité de chefs de la direction d’entreprises canadiennes peinent à définir clairement leurs ambitions dans ce domaine. Ils éprouvent de la difficulté à comprendre comment greffer de manière stratégique les facteurs ESG à leurs activités et encore plus à présenter un récit convaincant à leurs parties prenantes.
« Les CPA comptent parmi les mieux placés pour démontrer aux entreprises de façon concrète et chiffrée qu’intégrer les critères ESG permet de créer de la valeur et de la durabilité, que le développement durable doit se situer au cœur des décisions d’affaires et que celui-ci joue un rôle déterminant dans l’image d’une saine gouvernance que les entreprises doivent projeter pour avoir la confiance des consommateurs », estime Geneviève Mottard, présidente et cheffe de la direction de CPA Québec.
Apprendre avant de conseiller
Pour jouer ce rôle convenablement, les CPA doivent d’abord s’éduquer eux-mêmes sur ces sujets. Ces dernières années, CPA Québec a ajouté plusieurs formations en lien avec les critères ESG, l’écofiscalité et le développement durable et continuera de bonifier cette offre. « Les CPA reçoivent aussi chaque semaine un bulletin d’information obligatoire qui contient une section sur le développement durable, précise Geneviève Mottard. Elle présente des articles sur plusieurs thèmes, dont la certification des données ESG, l’intégration du développement durable à la planification stratégique des entreprises ou encore la stratégie, le financement et les ressources pour mettre en place une économie plus circulaire et durable. »
L’Ordre contribue également aux tentatives d’implantation de normes canadiennes pour l’intégration des facteurs ESG et d’harmonisation des normes de divulgation et de vérification de ces données extrafinancières. CPA Québec appuie la création du Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité, complémentaire au Conseil des normes internationales de développement durable. Il a en outre offert sa collaboration au président de l’International Sustainability Standards Boards (ISSB) lors d’une rencontre en mars dernier. L’ISSB travaille justement à l’harmonisation des normes de divulgation des données ESG.
Une vision stratégique des ESG
Marie David, leader de l’équipe de vérification ESG de KPMG, souligne que les facteurs ESG « font l’objet d’une forte attention de la part des investisseurs et ont un effet grandissant sur l’accès aux capitaux et sur la valorisation des entreprises ». Pour ces raisons, ils entrent, toujours selon elle, directement dans le champ d’action et les compétences des CPA.
Elle explique que les CPA sont souvent les principaux responsables des données à l’intérieur d’une entreprise et jouent un rôle de conseiller stratégique. Ils sont donc les mieux placés pour tisser des liens entre les aspects stratégiques et financiers et pour aider à quantifier les risques et les occasions liés aux éléments ESG. « Les CPA ont une vision d’ensemble de l’entreprise, rappelle-t-elle. Ils contribuent à inscrire les facteurs ESG dans une perspective de création de valeur à long terme, en intégrant les facteurs ESG à la stratégie et à la prise de décisions et à la présentation de l’information. »
Chose certaine, les entreprises ne gagneront rien à remettre à plus tard l’établissement d’une réelle stratégie ESG. Les attentes des investisseurs, mais aussi celles des clients, et l’imposition de nouvelles réglementations ne constituent pas une mode passagère et affecteront durablement leurs perspectives de création de valeurs.
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Trois bonnes pratiques en matières ESG
1. Donner le ton au sommet de l’entreprise
« Le conseil d’administration et la haute direction doivent être clairement sensibilisés et engagés envers les ambitions et la stratégie ESG de l’entreprise, juge Marie David. Ils doivent bien comprendre comment ils souhaitent se positionner, connaître la création de valeur qu’ils recherchent, et ils doivent se mobiliser eux-mêmes. »
2. Mobiliser tout le monde
Marie David suggère d’engager toutes les parties prenantes et toutes les divisions de l’entreprise. Tous doivent comprendre la direction que prend l’organisation. Ils doivent aider les dirigeants à bien comprendre quels processus d’affaires sont en place partout dans l’entreprise et quelles données sont générées. L’organisation doit aussi s’assurer de bien former son personnel pour faciliter l’intégration des facteurs ESG.
3. Générer de l’information fiable
« Si elle veut éviter que ses engagements et objectifs ne soient que des vœux pieux, l’organisation doit implanter des processus rigoureux et s’assurer de la fiabilité de ses données, en les faisant vérifier », soutient Marie David.