Rio Tinto: l’étude d’un projet éolien «vraiment préliminaire»
La Presse Canadienne|Mis à jour le 13 juin 2024Le chef de la direction mondiale de Rio Tinto Aluminium, Jérôme Pécresse (Photo: La Presse Canadienne)
Rio Tinto Aluminium pourrait développer ses propres projets éoliens afin de répondre à ses besoins énergétiques croissants dans le futur, mais l’étude de cette solution est encore «vraiment préliminaire», indique le chef de la direction mondiale Jérôme Pécresse.
«On envisage, mais c’est un stade préliminaire, de regarder si on peut faire des projets d’éolien terrestre dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui s’intégreraient soit directement sur notre réseau électrique, soit sur le réseau d’Hydro-Québec», confirme le dirigeant en mêlée de presse, lundi, en marge d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal.
Rio Tinto envisage de construire un parc éolien à proximité de son barrage de Chutes-des-Passes, mais le projet est encore loin d’être confirmé, nuance M. Pécresse. «C’est quand même vraiment préliminaire, répond-il. On commence des mesures de vent. Donc, ce n’est vraiment pas avancé du tout.»
Avec son réseau de six barrages au Québec, Rio Tinto produit l’équivalent de près de 90% de la consommation de ses activités d’aluminium dans la province. La multinationale s’attend toutefois à ce que ses besoins énergétiques augmentent dans le futur.
«Nos besoins vont croître parce qu’on a vocation, je dirais, à essayer progressivement, de croître un peu la production. […]. Deuxièmement, si on décarbone des choses comme la raffinerie d’alumine de Vaudreuil (qui utilise de l’énergie fossile) par de l’électricité, nos besoins ont clairement vocation à croître.»
Pour augmenter sa production, Rio Tinto compte rénover ses centrales hydro-électriques existantes. La rénovation de la centrale d’Isle Maligne fait partie des investissements. Le projet nécessitera des investissements de près de 1 milliard de dollars (G$) sur quelques années.
Contrairement à un éventuel parc éolien, la réfection des centrales, «c’est plus qu’à l’étude, on va le faire», assure le dirigeant. «Ça ne se traduira pas par des augmentations massives, mais on peut augmenter, je pense, de 5% à 10% la production des barrages en travaillant sur des plans de modernisation», évoque-t-il.
La collaboration entre Hydro-Québec et Rio Tinto pourrait également permettre d’accommoder les besoins de chacun. Rio Tinto a la capacité d’aider le réseau d’Hydro-Québec en période de pointe hivernale. «Hydro-Québec peut aussi nous aider à passer nos pointes», ajoute-t-il.
Élysis
Rio Tinto aura besoin de plus d’aide gouvernementale pour le développement de la technologie Élysis visant à produire un aluminium carboneutre, admet M. Pécresse. La technologie est codétenue par Rio Tinto et Alcoa et a déjà obtenu près de 160 millions de dollars d’aide publique.
«Probablement», répond-il à savoir si davantage d’argent public sera nécessaire, ajoutant que l’industrialisation de la technologie nécessitera des investissements importants.
Au cours de son discours, M. Pécresse a d’ailleurs défendu les soutiens gouvernementaux dont bénéficie l’industrie. «Ceci me donne d’ailleurs l’occasion de préciser que Rio Tinto a investi plus de 5,5G$ depuis 2018 au Canada et moins de 10% proviennent du soutien gouvernemental», défend-il
En mêlée de presse, le dirigeant ajoute que d’autres juridictions offrent un soutien pour soutenir les industries et la création d’emplois. «Moi, ça ne me choque pas. Je viens de France où le gouvernement a aussi une habitude de faire ce genre de soutien.»
La grande question sera de savoir si la technologie Élysis pourra être commercialisée à grande échelle. «Je pense qu’on est très sûr que ça pourra fonctionner. La question: ce qu’on essaie de prouver maintenant, c’est comment on peut d’abord stabiliser notre capacité à produire le métal dans les bonnes conditions, de façon répétable et stable.
«Deuxièmement, combien ça va coûter en termes d’investissement et de coût d’exploitation? Je pense que c’est là où il faut aller étape par étape», enchaîne-t-il.
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne
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