Le BIM est une sorte de courroie de transmission des informations qui permet de regrouper toutes les données relatives à un ouvrage au sein d’une maquette numérique. (Photo: 123RF)
CONSTRUCTION. La modélisation des données des infrastructures (ou BIM pour Building Information Modeling) organise la manière dont les intervenants d’un projet d’infrastructure, tel que la construction d’un bâtiment ou d’un pont, collaborent autour de ce dernier. Du donneur d’ouvrage à l’entrepreneur spécialisé en mécanique ou en ventilation, en passant par l’architecte, l’ingénieur et l’électricien, cette technologie permet aux équipes souvent nombreuses de mieux se coordonner tout au long du projet.
Une machine bien huilée
Le BIM est une sorte de courroie de transmission des informations qui permet de regrouper toutes les données relatives à un ouvrage au sein d’une maquette numérique. « La plupart des gens l’associent à l’image d’une infrastructure en 3D. Le BIM est en effet un outil technologique, mais depuis sept ans que nous l’utilisons à la Société québécoise des infrastructures (SQI) nous confirmons que c’est surtout une transformation des processus de collaboration pour l’ensemble des contributeurs d’un projet », souligne Guy Paquin, ingénieur et directeur général des stratégies et des projets spéciaux à la SQI.
En gérant une immense masse de données numériques et en intégrant le rôle de chaque acteur, c’est-à-dire la manière dont il doit intervenir et à quel moment, cette maquette aide tout le monde à se coordonner et à tenir compte des évolutions de l’infrastructure, de sa conception jusqu’à sa démolition, incluant son exploitation.
Pour optimiser davantage la collaboration au cœur du BIM, la SQI combine cette technologie avec le processus de conception intégrée (PCI) dans tous ses projets supérieurs à cinq millions de dollars (M$). Un professionnel indépendant, appelé « facilitateur », organise des ateliers par sujets permettant aux intervenants concernés de travailler sur des objectifs communs et de faire émerger des solutions. « On peut dire que le BIM est l’engrenage qui fait marcher la machine et le PCI est l’huile dans l’engrenage. On est dans l’utilisation d’une intelligence collective qui permet d’obtenir de meilleurs projets », résume Guy Paquin.
Des projets variés en BIM
Le 30 juin 2021, le gouvernement a lancé une « feuille de route gouvernementale pour la modélisation des données du bâtiment », réunissant six acteurs majeurs dans la réalisation des infrastructures publiques : la SQI, le ministère des Transports et de la Mobilité durable, la Société d’habitation du Québec, Hydro-Québec, la Ville de Montréal et la Ville de Québec. Cette feuille de route est mise à niveau annuellement au 31 mars. Pour sa propre feuille de route corporative, la SQI s’était engagée à mettre en œuvre le BIM en avril 2021 sur tous ses projets supérieurs à 50 M$, et dès avril 2023 pour ceux à partir de 5 M$. « Au 31 décembre 2022, nous avions 77 projets dans lesquels le BIM et le PCI sont déployés, pour un montant de 22,1 milliards de dollars », indique Guy Paquin.
Parmi ces projets en pratiques intégrées BIM et PCI, on compte le nouveau complexe hospitalier sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus (NCH), lancé en 2016 à Québec. « Les concepteurs et les entrepreneurs de ce projet considèrent que l’utilisation du BIM a clairement démontré que le travail sur la constructibilité avec les maquettes apporte une réelle économie de temps au chantier », se réjouit Robert Topping, ingénieur et chef du projet NCH à la SQI. Cette réduction des délais est notamment obtenue grâce à une coordination accrue, un travail bien fait et conforme la première fois, sans reprises, et un accord de l’ensemble des intervenants, observe Guy Paquin.
Non loin de là, sur le chantier de l’école secondaire de Charlesbourg à Québec, le recours aux approches BIM et PCI a également permis d’optimiser la conception et la coordination des systèmes électromécaniques. « Cette collaboration au sein de l’équipe de projet se reflète par un déroulement plus fluide des travaux sur le chantier », observe Guy Paquin.
Dans un autre établissement de la santé, le nouvel hôpital Vaudreuil-Soulanges, le BIM a permis de créer des ponts entre les équipes de conception et celles du CIUSS de la Montérégie, notamment grâce à la mise en place de données regroupant l’ensemble des exigences fonctionnelles et techniques du futur hôpital. « L’ensemble des acteurs du projet ont ainsi une source d’informations unique et fiable sur laquelle s’appuyer pour mieux collaborer », souligne Guy Paquin.