En avril 2020, Emmanuelle Cérat a posé les premières pierres d’Ensemble pour la construction (EPC), une communauté d’entraide inédite dans le secteur de la construction et de l’immobilier. (Photo: courtoisie)
CONSTRUCTION. En avril 2020, Emmanuelle Cérat a posé les premières pierres d’Ensemble pour la construction (EPC), une communauté d’entraide inédite dans le secteur de la construction et de l’immobilier. De nouvelles manières de travailler pourraient également améliorer les synergies.
« Cela fait 30 ans que je travaille dans l’industrie de la construction », raconte l’une des rares entrepreneuses du secteur qui est également coach, formatrice et conférencière. « C’est un monde d’hommes très compétitifs construit par les baby-boomers, qui compte seulement 13 % de femmes. Or lorsqu’elles sont là, la dynamique est différente, car elles ne cherchent pas la confrontation », observe Emmanuelle Cérat pour qui il faut savoir mettre l’ego de côté afin de partager les connaissances.
C’est l’un des objectifs de l’organisme sans but lucratif EPC, qui était une communauté Facebook lors de sa création au début de la pandémie. Son but : soutenir et accompagner les entreprises de la construction au Québec souvent de petite taille (81 % d’entre elles ont moins de dix employés) afin de leur donner un accès rapide à des experts, des ressources, de l’information et des outils.
« Nous avons organisé 21 évènements virtuels en direct en six semaines, ce qui nous a permis d’aller chercher 1000 membres », raconte Emmanuelle Cérat. L’entrepreneuse a ensuite testé le terrain en organisant plusieurs évènements avant de mettre sur pied EPC, le seul organisme du Québec qui réunit « tous les acteurs importants de l’écosystème entrepreneurial du secteur de la construction et de l’immobilier en un seul endroit », revendique sa fondatrice.
Une communauté de partage
La devise de l’OSBL : « Seul on va vite, ensemble on va plus loin ». Partager les savoirs, les solutions et les meilleures pratiques d’affaires font partie de la mission que s’est assignée ECP qui attend plus de 300 participants en octobre à son deuxième grand rendez-vous annuel incluant des entrepreneurs, des promoteurs, des architectes et des experts en financement, (la première édition avait rassemblé 225 participants en 2023). Au programme de la journée, des conférences animées par les hommes d’affaires Luc Poirier et Ray Junior Courtemanche, des panels de discussion et du réseautage.
EPC se présente aussi comme un club privé favorisant le maillage entre des entreprises du milieu, des experts et différentes ressources pour favoriser l’accès rapide aux informations et trouver des solutions à des défis comme la pénurie de main-d’œuvre, la rétention du personnel, la perte de productivité ou la transformation numérique. « Nous avons par exemple aidé un promoteur qui souhaitait rentabiliser l’efficacité de ses projets en le mettant en contact avec le fournisseur d’une solution technologique avec qui il a fait affaire », décrit Emmanuelle Cérat, qui organise aussi du parrainage.
Des projets en mode collaboratif
« La règle du plus bas soumissionnaire, qui s’applique aux projets publics — mais l’on sait que cela vient toujours teinter le privé — empêche les entreprises de collaborer, car elles se battent sur les prix et ne veulent pas dévoiler la manière dont elles travaillent », regrette Emmanuelle Cérat. Le développement de la préfabrication en usine, engendré par la pénurie de main-d’œuvre, contribuera à enrayer ce problème avec des prix fixés au pied carré, anticipe l’experte.
Une nouvelle manière de travailler est aussi en train d’apparaître au Québec. Né aux États-Unis, le projet en mode collaboratif RPI (réalisation de projet intégrée), s’est répandu en Australie et Royaume-Uni et se développe dans l’Ontario. Il cherche à concilier les intérêts de toutes les parties par le partage des risques et des retombées. « Pour favoriser la collaboration et la conciliation des intérêts, les contrats de RPI délaissent la structure bipartite traditionnelle au profit d’une approche multipartite où toutes les parties prenantes signent un accord et travaillent ensemble dès le premier jour », décrit le cabinet d’avocats Miller Thomson.
La société québécoise des infrastructures (SQI), qui a lancé le premier projet RPI québécois en janvier dernier, organisait d’ailleurs le 14 mai dans les locaux de l’École de technologie supérieure de Montréal (ÉTS) une formation gratuite pour expliquer ce nouveau modèle aux entrepreneurs spécialisés, architectes et ingénieurs.