La cybersécurité québécoise est «un réservoir de prospérité économique»
Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑octobre 2024Plus de 90 % des entreprises en cybersécurité au pays sont des PME. (Photo: 123RF)
CYBERSÉCURITÉ. La cybersécurité a le vent dans les voiles et peut devenir un pôle important en matière d’exportation et de recherche et développement au Québec, selon une nouvelle étude de PROMPT. Si le Québec semble bien positionné, c’est entre autres en raison de l’expertise de sa main-d’œuvre.
Dans ce premier portrait de l’industrie de la cybersécurité de la province, l’organisme public québécois spécialisé dans le secteur des technologies de l’information et du numérique met également de l’avant l’existence d’établissements d’enseignement et de recherche de haut calibre. Il affirme que ce créneau « recèle un énorme potentiel commercial ».
Réalisé en partenariat avec Cyberecho et In-Sec-M, le document fait valoir qu’en raison de la numérisation des activités économiques, de la montée de l’intelligence artificielle et du télétravail, de législations plus contraignantes comme la Loi 25 sur la protection des renseignements personnels, mais surtout à cause de la prolifération des cyberattaques, les entreprises investissent davantage en cybersécurité.
L’an dernier, la firme américaine Gartner estimait que le marché mondial dans ce domaine allait progresser de 13 % annuellement de 2022 à 2024 inclusivement pour atteindre environ 215 milliards de dollars américains cette année. Le marché nord-américain représente un peu moins de la moitié de ce total, ce qui est énorme.
En forte progression
Pas étonnant donc que les entreprises de cybersécurité soient en pleine ascension au Québec. Leur vitalité se reflète dans la forte croissance de leurs revenus et de leur nombre d’employés. D’après un sondage mené par PROMPT auprès d’entreprises québécoises dans ce domaine, plus du tiers de celles interrogées ont augmenté d’au moins 31 % leur personnel de 2021 à 2023. L’embauche de contractuels, d’étudiants et de gens issus de l’immigration constitue trois avenues prises pour se doter de ressources humaines suffisantes.
Du côté de la hausse de son chiffre d’affaires, le secteur de la cybersécurité sort du lot au Québec. De 2021 à 2023, près de la moitié des entreprises (48,8 %) sondées par PROMPT ont affirmé avoir connu un taux de croissance nette de leur résultat de plus de 40 %. Près d’un cinquième (19,1 %) ont dépassé la barre du 100 % de croissance nette. Le document souligne que ces chiffres sont bien supérieurs à la progression du PIB réel par industrie au Québec qui était de 6 % en 2021, de 2,8 % en 2022 et de 0,1 % en 2023. « Ils indiquent à quel point la cybersécurité constitue pour le Québec un réservoir de prospérité économique », peut-on lire.
Plus de la moitié des entreprises (55,3 %) ont généré un résultat net positif tandis que près d’un cinquième avaient atteint l’équilibre financier (19,2 %). Un quart des entreprises étaient dans le rouge, mais plusieurs connaissaient une forte croissance de leurs activités, ce qui provoque une perte temporaire pour celles qui investissent dans l’acquisition de nouveaux clients et employés.
Pour la période 2021-2023, les exportations ont aussi été en pleine expansion. Ainsi plus du quart (27,7 %) des répondants ont joui d’une hausse des exportations de plus de 25 %, tandis que 25,5 % ont connu un bond allant de 10 % à 25 %.
Plus de 90 % des entreprises en cybersécurité au pays sont des PME. Ces dernières génèrent 47 % des revenus et emploient la même proportion de main-d’œuvre. « Cependant, les PME contribuent de manière marquée aux exportations, étant responsables de 55 % des ventes de produits et services de cybersécurité à l’étranger, contre 26 % pour les grandes entreprises, mentionne le rapport. Au total, ce sont ainsi plus de 1,1 milliard de dollars d’exportations qui ont été générés, dont plus de 72 % provenaient des États-Unis. »
Une industrie qui innove
Que les entreprises se spécialisent dans la vente de services ou de produits, la très grande majorité s’appuyait sur des solutions logicielles dont elles sont propriétaires. Selon un sondage réalisé par PROMPT, 56,8 % utilisaient des solutions logicielles qui avaient été entièrement développées en interne et 29,5 % avaient recours à des outils créés en partie par elles.
Le rapport affirme que « 86,3 % des entreprises sondées avaient généré de la propriété intellectuelle et de l’innovation à l’interne, ce qui peut constituer un facteur de différenciation et de compétitivité non négligeable pour ces entreprises sur les marchés mondiaux ».
Les entreprises québécoises en cybersécurité investissent beaucoup en recherche et développement (R&D). Environ 53 % de celles sondées par PROMPT dépensent plus d’un cinquième des coûts opérationnels en R&D.
L’industrie de la cybersécurité représente donc en soi un secteur économique porteur de prospérité pour le Québec. Ses produits et services sont très recherchés aussi bien ici qu’ailleurs. Cependant, ce secteur est bien plus qu’un vecteur de croissance. Il est également névralgique pour la protection et la résilience de l’écosystème numérique québécois dans son ensemble, ce qui touche toutes les industries, l’État et même les citoyens. L’industrie se trouve donc au cœur de partenariats à développer auprès d’autres domaines de pointe comme l’IA et le quantique, mais aussi de secteurs plus traditionnels tels l’énergie, la finance et le manufacturier.