Vitalité des start-ups: Montréal a «encore des croûtes à manger»
Emmanuel Martinez|Publié le 14 juin 2022Montréal se maintient parmi les 40 plus importants écosystèmes de start-ups de la planète dans le classement annuel «Global Startup Ecosystem Report 2022». (Photo : Andrew Welch pour Unsplash.com)
Montréal fait du surplace dans le classement annuel «Global Startup Ecosystem Report 2022» [«Le rapport mondial sur l’écosystème des start-ups»] ]de la firme californienne Startup Genome.
La métropole se situe en queue de peloton des 40 plus importants écosystèmes de start-ups de la planète à égalité avec Melbourne, Hangzhou, Mumbai et Munich. Vancouver se trouve en 30e position, tandis que Toronto pointe au 17e rang dans ce classement qui recense plus de 140 villes ou régions. La Silicon Valley est en première place, suivie de New York et Londres qui sont à égalité.
«On a été super bon, mais on a encore de croûtes à manger», affirme la directrice générale de Startup Montréal, Liette Lamonde. Elle se réjouit que Montréal fasse toujours partie du top 40, devant des villes comme Hong Kong, Dublin, Madrid ou Moscou, car la montée de villes chinoises ou indiennes se fait de plus en plus sentir.
Sans avoir vu les détails des données qui expliquent la position de Montréal et des autres villes qui ne sont pas fournies dans le rapport, elle reconnait que Montréal se fait damer le pion par les deux autres plus grosses villes canadiennes.
«L’an dernier, Vancouver avait fait trois fois mieux que nous en capital de risque et Toronto quatre fois. C’est certain que cela joue en leur faveur, car ce sont des chiffres faciles sur lesquels s’appuyer pour faire le classement», dit la cheffe de Startup Montréal.
Elle souligne toutefois que des progrès ont été réalisés pour stimuler l’investissement dans la métropole et que les bons projets réussissent à trouver du capital.
Les forces de Montréal
Le rapport souligne que la région de Toronto-Waterloo possède la plus grande concentration de start-ups en intelligence artificielle dans le monde. Vancouver a mis au monde cinq licornes durant la période étudiée contre quatre pour Montréal.
Le bassin d’université et de talents, la qualité de vie et l’appui de l’État sont trois facteurs évoqués dans cette étude pour implanter une start-up à Montréal. Les sciences de la vie, la fintech ainsi que l’intelligence artificielle et l’analyse de données sont les secteurs les plus importants. La valeur de l’écosystème montréalais est évaluée à 24 milliards $ US, tandis que le financement pour le démarrage est de 857 millions. À Toronto, il s’agit de 46 milliards $ US et 2,7 milliards respectivement. Très net avantage donc pour la capitale ontarienne.
Montréal se distingue dans les indicateurs liés pour les coûts peu élevés pour ses ingénieurs informatiques ainsi que le nombre, la qualité et l’impact de la recherche et de l’éducation en sciences de la vie. Elle se situe aussi au-dessus de la moyenne pour le nombre d’étudiants en science, technologie, ingénierie et mathématiques. Montréal se trouve également dans le top 5 des écosystèmes nord-américains en termes de rentabilité pour les start-ups technologiques, soit la moyenne des liquidités acquises lors d’une ronde de capital-risque.
Pour tous les autres indicateurs, elle se situe dans la moyenne ou sous la moyenne.
Québec est aussi mentionné dans ce rapport. La ville est l’endroit en Amérique du Nord où les retours sur investissements sont les plus élevés et en 3e place pour les coûts de la main-d’œuvre. La valeur de son écosystème est estimée à 1,2 milliard $ US. Le coût de la vie, les crédits d’impôt et une main-d’œuvre qualifiée sont vus comme les atouts de la Capitale-Nationale.
Remonter la pente
Liette Lamonde estime que ce qui «fait mal présentement» à l’environnement des start-ups à Montréal, c’est le manque de locomotives comme Lightspeed qui croissent très rapidement.
«On travaille beaucoup à augmenter la valeur totale des start-ups dans notre écosystème, mentionne-t-elle. On possède une excellente base avec environ 1600, mais on n’en a pas beaucoup en hypercroissance. Pour ce type spécifique d’entreprise, c’est difficile de trouver ici des mentors et des coachs qui sauront les épauler.»
Elle croit toutefois que la création en février dernier du programme Hypercroissance Québec viendra combler le vide et donner un bon coup de main. Réalisée en partenariat par son organisation et Apexe Global, de la Silicon Valley, cette initiative a pour but d’aider des entreprises québécoises innovantes en forte croissance à atteindre la barre du milliard de dollars de valorisation. Le gouvernement du Québec a injecté 6,5 millions de dollars dans ce programme spécialisé de mentorat et d’aide à la commercialisation.
Elle vante d’ailleurs l’appui du gouvernement Legault qui veut une croissance de l’exportation et une contribution accrue des start-ups dans sa nouvelle Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation 2022-2027.
«Ce qui manquait énormément avant parmi les différents acteurs, c’était la compréhension qu’une start-up n’est pas une PME; que les ventes ne seront pas là au début et que cela prend du capital patient. On a fait des pas de géants.»