(Image courtoisie)
RBC Ventures a annoncé à la fin de la semaine dernière qu’elle avait procédé à l’acquisition, pour une somme non-divulguée, de la start-up montréalaise Smart Reno, spécialisée dans la recherche de services de rénovation pour la maison.
Lancée il y a 7 ans alors que le phénomène des services web d’enchères inversées était encore tout naissant, la start-up montréalaise Smart Reno s’est fixée comme objectif d’aider les propriétaires de maisons et de condos à trouver des experts fiables en rénovation domiciliaire, prêts à offrir leurs services à un prix raisonnable.
Smart Reno, qui se présente sous la phrase Trouvez-moi un entrepreneur en français, n’a pas un modèle d’affaires qui est à proprement parler une enchère inversée, mais le concept demeure proche de cette façon de faire encore méconnue chez nous. L’idée est simple: l’internaute propriétaire s’inscrit sur le site en décrivant le projet de rénovation qu’il souhaite confier à un entrepreneur indépendant. Ceux qui sont certifiés par le site reçoivent la proposition, et peuvent y répondre en soumettant leur propre estimation des coûts que le projet représente. Le futur client peut ensuite choisir la proposition qui fait le plus son affaire.
«La rénovation domiciliaire est un marché valant 80 milliards au Canada seulement, c’est gros», explique Andrei Uglar, qui a fondé Smart Reno. «Quand on regarde les dépenses les plus importantes pour les ménages au pays, ça arrive tout de suite après l’achat d’une résidence, puis celle d’une automobile. Et pourtant, à part une recherche sur Google, il n’existe encore aucun moyen simple et rapide, en ligne, de trouver un entrepreneur de confiance prêt à réaliser ces rénovations. Ça laisse beaucoup d’espace pour un service comme le nôtre.»
Il suffit de parler à des propriétaires fonciers, ou d’en être un soi-même, pour réaliser qu’en effet, trouver un entrepreneur fiable, certifié, autorisé et vacciné (pourquoi pas), dans sa localité n’est pas une tâche aussi simple qu’il peut sembler au premier coup d’œil. Encore aujourd’hui, c’est souvent une affaire de bouche-à-oreille, qui flirte dangereusement avec le travail au noir.
Les technos de cassure au-delà des fintechs
En se positionnant comme le service de recherche en ligne numéro un de ce créneau, le site Smart Reno est certainement bien placé pour mettre de l’ordre dans un secteur qui en a grandement besoin. Ce n’est pas sans rappeler la situation de Netflix ou Spotify à leurs débuts, où les consommateurs ont fini par adhérer à un service légitime proposant une formule similaire à des services en ligne qui l’étaient beaucoup moins.
On ne se le cachera pas, le travail au noir est un gros morceau de la rénovation domiciliaire au Canada…
Ce potentiel de croissance dans un créneau pas tout à fait bien exploré de consommation est ce qui a plu à RBC Ventures, une division relativement jeune de la Banque Royale qui vise à élargir les horizons de la plus importante institution financière du pays au-delà des services bancaires. Voire même, au-delà de la tendance actuelle chez les banques canadiennes qui consiste à se rapprocher du seul secteur des technologies financières.
«Notre premier objectif est d’aider les consommateurs canadiens à résoudre des problèmes du quotidien qui ne sont pas directement liés au secteur financier, mais qui vont finir par l’être», dit Simon Maycock, qui dirige la portion Solution résidentielles de RBC Ventures.
La stratégie de RBC est au moins originale, sinon fort astucieuse. Elle positionne la banque torontoise de guingois par rapport à ses rivales plus concentrées sur le secteur financier. «Dans le secteur résidentiel, les banques n’en ont que pour les hypothèques et les assurances, mais pour les consommateurs, posséder une maison est un processus beaucoup plus large. Ça comprend le magasinage, les rénovations, et d’autres facteurs. En élargissant notre propre vision de l’affaire, on pense qu’on peut cimenter une relation plus durable avec notre clientèle», résume M. Maycock.
Des investisseurs satisfaits
Au fil des dernières années, Smart Reno a procédé à des rondes de financement auprès d’investisseurs privés, dont 500 Startups et quelques anges financiers québécois. Parmi ceux-ci, on trouve trois noms bien connus du milieu, dont Daniel Robichaud, Mike Cegelski et Martin-Luc Archambault.
Ce dernier avoue candidement qu’il a été séduit par le modèle de Smart Reno après avoir lui-même payé plutôt cher pour rénover sa propre résidence. La transaction avec RBC Ventures ne l’empêchera pas de demeurer client de la plateforme, mais elle lui permet aussi de clore un investissement qui pourrait faire office de baume, après la saga liée à Wajam, un outil de «recherche sociale» qui s’est rapidement transformé en logiciel publicitaire irritant, voire malicieux.
La Banque Royale n’en est pas à sa première prise parmi les start-up canadiennes prometteuses, mais Smart Reno représente sa première incursion au Québec. «Nous commençons par trouver les bons produits dans certaines régions du pays, après quoi nous les aiderons à prendre une expansion nationale», conclut le porte-parole de l’institution bancaire.
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