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Les PME au centre des projets financés par scale.ai

Catherine Charron|Publié le 31 mai 2019

Les PME au centre des projets financés par scale.ai

Julien Billot, PDG de scale.ai (Photo: Catherine Charron)

La supergrappe scale.ai, qui s’est vue octroyer 260 M$ par les gouvernements canadien et québécois en 2018, est fin prête à réinjecter cette cagnotte. Mais pour investir, il lui faut des candidats. Et les PME devront faire partie de l’équation.

Essentiellement, sa mission est de permettre à des entreprises de toutes tailles d’innover leur chaîne d’approvisionnement grâce à l’intelligence artificielle en encourageant la collaboration entre des entités académiques et privées, ce qui stimulera l’économie.

« Le Canada est très fort en recherche fondamentale », mais les résultats de celles-ci influencent peu les activités des sociétés établies au pays, observe le PDG de scale.ai, Julien Billot.

Près de 70 % du budget annuel de la supergrappe sera dédié au financement de projets d’innovation ou à la marchandisation de solutions. Pour qu’une initiative obtienne une enveloppe, elle devra nécessairement être le fruit d’une collaboration entre différentes entités canadiennes. Pas question donc de financer des projets dont les retombées ne seront bénéfiques que pour une seule entreprise.

Elle devra aussi être réalisable rapidement et apporter un bénéfice tangible à au moins une entreprise de moins de 500 employés, à une PME en d’autres termes.

Idéalement, « la petite entreprise devra avoir des contrats dans le projet, recevoir des revenus, ou proposer des développements », note Julien Billot l’ancien PDG du Groupe Pages Jaunes Canada.

Les initiatives sélectionnées seront présentées à un comité composé de 6 à 10 personnes, dont la moitié sera des employés de scale.ai et l’autre sera des indépendants qui ne font pas partie de l’écosystème, qui évaluera chaque projet éligible selon une grille de 96 critères.

Finalement, un sous-comité du conseil d’administration de la supergrappe devra officiellement ratifier la candidature pour qu’elle obtienne un investissement.

Parce que scale.ai a eu droit à du financement de la part du gouvernement québécois — ce serait d’ailleurs la seule des supergrappes à avoir eu droit à une telle somme —, elle pourra rembourser 50 % des dépenses des projets québécois. Ceux des autres provinces seront indemnisés à 40 %.

scale.ai espère injecter une soixantaine de millions de dollars en financement de projet d’ici la fin de l’année fiscale, ce qui représente un peu plus d’une dizaine de projets par trimestre.

Un tremplin d’investissements

Cofondée par Louis Roy, PDG d’Optel, et Hélène Desmarais, présidente du CA de HEC, scale.ai s’est formée lors de l’appel du ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique Navdeep Bains à former des supergrappes en 2017.

Celles-ci avaient pour mission de créer des emplois et de stimuler l’économie canadienne, un peu à l’image de la Silicon Valley aux États-Unis.

120 membres de natures variées ont soutenu dès ses débuts la grappe et se sont engagés à travailler sur des projets. Parmi eux se trouvent des industriels, des fournisseurs de services et de solutions, des organes de formation, des associations, et des organismes financiers comme la Banque de développement du Canada et du FTQ. Celles-ci pourront aussi contribuer financièrement aux projets soutenus par la supergrappe, fait remarquer le PDG de scale.ai. Rappelons que les sommes publiques injectées devront être égalées par le secteur privé.

Stimuler la formation

La supergrappe a aussi pour mission de développer les talents canadiens et québécois. « Il y a un manque de compétences et les entreprises ont de la difficulté à attirer des talents en intelligence artificielle et en chaîne d’approvisionnement. […] On veut à notre échelle, réduire [ce] fossé » souligne le PDG de Julien Billot.

Pour y parvenir, elle s’est engagée à former 25 000 employés en intelligence artificielle appliquée à la chaîne d’approvisionnement dans les entreprises d’ici 2023. Des fonds supplémentaires pourraient être débloqués par le gouvernement du Québec pour y contribuer, laisse entendre Julien Billot.

scale.ai financera aussi des programmes d’études postsecondaires qui touchent à l’IA en octroyant des bourses à 1000 étudiants d’ici 2023.

« Dès qu’on arrive à baisser le prix des programmes de 20 à 30 %, il y a une élasticité sur le nombre d’étudiants. L’incitation financière c’est un levier à la fois dans la formation des employés comme la formation des étudiants », rapporte-t-il.

scale.ai désire également créer un écosystème de partage de connaissance en matière d’intelligence artificielle reliée à la chaîne d’approvisionnement.

« Une chaîne d’approvisionnement par définition c’est des gens qui travaillent ensemble. Il faut relier tous ces gens-là, connecter tous ces acteurs-là. [Nous voulons] les aider à communiquer ».

En lançant ses activités, scale.ai croit attirer plusieurs centaines de membres supplémentaires dès la première année. Pour l’instant, son équipe compte 5 salariés. À terme, elle devrait employer 15 à 20 personnes selon son PDG. « L’objectif n’est pas de dépenser de l’argent sur notre structure. […] Les coups d’administration de scale.ai devraient être de 7 %. »

Puisque c’est la première fois qu’une telle supergrappe est mise en place, il est encore tôt pour savoir quel sera l’impact réel d’une telle structure sur l’économie canadienne, et Julien Billot en est bien conscient : « c’est difficile de mesurer la tendance sans nous et avec nous puisque par définition on ne connaît que l’un des deux. Ça va être notre objectif d’identifier des compagnies vedettes et de les aider à se développer, de les aider à les faire croître ».

Elle s’est tout de même engagée à ce que d’ici 2028 elle ait un impact sur le PIB de 16 milliards de dollars et qu’elle ait contribué à la création de 16 000 emplois.