Étalement urbain: Bonnardel répond au comité de scientifiques
La Presse Canadienne|Publié le 09 mai 2022Le ministre des Transports, François Bonnardel, a vanté les réalisations de son gouvernement et indiqué qu’il fallait «trouver un équilibre». (Photo: La Presse Canadienne)
En réponse au comité de scientifiques qui conseille le ministre de l’Environnement et qui réclame un moratoire sur l’étalement urbain et l’arrêt des projets autoroutiers dans les six régions métropolitaines du Québec, le ministre des Transports, François Bonnardel, a vanté les réalisations de son gouvernement et indiqué qu’il fallait «trouver un équilibre».
Le ministre Bonnardel a affirmé lundi «qu’il n’y a aucun gouvernement dans les 20 dernières années qui a décidé d’investir autant dans le transport collectif» que le sien, en citant notamment le Réseau express métropolitain, le réseau métropolitain de voies réservées et l’intention de financer le tramway de Gatineau.
«C’est plus de 56 milliards de dollars juste en transport collectif qu’on va investir, donc j’ai toujours dit, pour améliorer l’attractivité, on doit répondre à trois points, la durée, le coût et le confort.»
François Bonnardel a répondu ainsi lorsque La Presse Canadienne lui a demandé de commenter les recommandations du Comité consultatif du gouvernement sur les changements climatiques, rendues publiques lundi matin.
Selon ce comité, la capacité autoroutière ne doit plus augmenter dans les six grandes régions urbaines, tant et aussi longtemps qu’un mécanisme public d’évaluation n’aura pas été mis sur pied pour tenir compte de la mobilité, de l’urbanisme et de l’offre de transport.
Dans un avis au ministre de l’Environnement Benoit Charette, le Comité consultatif sur les changements climatiques fonde ses recommandations sur le dernier rapport des Nations unies sur les changements climatiques.
Le ministre Bonnardel est un ardent défenseur du troisième lien autoroutier entre les centres-villes de Québec et Lévis.
Il y a quelques semaines, il a annoncé que son gouvernement prévoyait construire deux tunnels, comportant au total quatre voies, dont aucune ne sera entièrement réservée au transport collectif.
Le gouvernement Legault s’est toujours fait reprocher son incapacité à produire des études prouvant la nécessité d’un troisième lien à Québec.
Le Comité consultatif sur les changements climatiques n’a pas fait état spécifiquement du troisième lien, mais le rapport publié lundi indique «qu’il faut éviter d’encourager l’étalement urbain et la dépendance à l’auto-solo».
Plusieurs groupes et certains partis d’opposition dénoncent le projet parce qu’il contribuera à l’étalement urbain à l’heure où les changements climatiques imposent de miser sur la densification urbaine.
Ce à quoi le ministre Bonnardel a répondu «qu’il y a un équilibre important à trouver sur le réseau routier québécois», ajoutant «qu’il y a des familles qui s’y retrouvent dans cette densification, mais il y en a d’autres qui ne s’y retrouvent pas, et il y a des mécanismes qui existent présentement au ministère des Affaires municipales pour autoriser ou non d’augmenter le périmètre urbain», en précisant que ces mécanismes «sont dans la cour» de sa collège la ministre Andrée Laforest.
François Bonnardel a fait ces commentaires en marge du déjeuner-bénéfice annuel de Trajectoire Québec, un organisme qui milite pour les droits des citoyens en matière de transports collectifs partout au Québec.
Sarah V. Doyon, la directrice de l’organisme qui a invité le ministre Bonnardel, a indiqué que Trajectoire Québec appuyait les conclusions du rapport du Comité consultatif du gouvernement sur les changements climatiques.
«On connaît la recette depuis longtemps: il faut arrêter d’augmenter le parc automobile, il faut arrêter l’étalement urbain, il faut arrêter l’augmentation du réseau routier. Pourtant, on continue d’aller un peu dans ce sens-là», a mentionné Mme Doyon.
Elle a expliqué que son organisation avait une «position très claire», selon laquelle il faut éviter l’augmentation «de la capacité routière à des fins de navettage».
Toutefois, elle ne s’oppose pas aux «prolongements d’autoroutes qui permettent de rejoindre des villes éloignées, par exemple».
«On est contre toute augmentation de la capacité routière parce qu’il faut vraiment faire le virage vers la mobilité durable, puis encourager l’utilisation des modes de transport collectifs, car si on continue de travailler à améliorer l’attractivité de l’automobile en même temps qu’on améliore celle du transport collectif, on ne gagnera pas», a fait valoir Mme Doyon.
Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme permanent indépendant créé en vertu de la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l’électrification.